« 1789 » est le moment fondateur de la Révolution qui a constitué une rupture culturelle, politique, économique et sociale décisive dans l'histoire de la France.
Il marque pour François Furet (Penser la Révolution française, 1978) le passage de l'Ancien régime au monde contemporain.
C'est une année qui a également alimenté la mémoire collective des Français et dans une certaine mesure le reste du monde.
En dissertation ou en exposé (lycée ou université), le sujet inviterait à une interrogation sur la temporalité de la Révolution. Un axe de réflexion peut être suggéré : celui de limiter le sujet à « l'année 1789 » plutôt qu'à la décennie 1789-1799 (choix de l'historien Michel Vovelle dans son livre 1789, l'héritage et la mémoire, Privat, 2007). Soit on considère « l'année sans pareille » comme nous allons le voir, soit en tant qu'entrée pour l'étude des années de la Révolution jusqu'au 18 Brumaire an VIII (en 1799). Dans le temps imparti à l'exercice, il faut procéder à des choix. Rappelons que François Furet considère la Révolution comme « un évènement qui dure un siècle » (jusqu'en 1877 et l'application des « principes de 1789 » avec la IIIe République consolidée).
Depuis les années 1980, on assiste, avec le renouvellement de l'histoire politique, au retour de l'évènement, en partie délaissé ou minoré par l'école des Annales et Fernand Braudel qui avaient privilégié à « l'agitation de surface » trop « dangereuse » (préface à la thèse parue en 1949) le « temps long », celui des structures (repris dans un article des Annales en 1958). Gérard Noiriel propose une lecture renouvelée du temps court qui accorderait une plus grande place aux acteurs et à leurs actions (Qu'est-ce que l'histoire contemporaine ?, Armand Colin, 1998).
L'espace retenu est celui de la France même si l'année 1789 appartient à « l'ère des révolutions » (E. J. Hobsbawm) et que confirme Annie Jourdan dans sa critique de « l'exception française » défendue par Albert Soboul ou Michel Vovelle.
On peut distinguer trois grandes étapes dans l'historiographie de la Révolution française :
- des origines au milieu du XIXe qui oppose de manière passionnée, depuis Barnave (Introduction à la Révolution française, écrite en 1793, publiée en 1843) à Michelet, les partisans et les détracteurs de la Révolution, Tocqueville apparaissant novateur dans son approche des continuités entre l'Ancien Régime et la Révolution in L'Ancien Régime et la Révolution, 1856 ;
- de la seconde moitié du XIXe au début du XXe, la Révolution bénéficie des apports de la réflexion historique même si les passions ne sont pas éteintes. On peut citer Taine et son ouvrage Les origines de la France contemporaine (1876-1893), Jaurès et son Histoire socialiste de la Révolution française (1901) ou bien le libéral Alphone Aulard auteur d'une Histoire politique de la Révolution française (1901) ;
- à partir des années 1930, s'impose l'école dite jacobine autour de Georges Lefebvre (La Révolution française, 1930) et Albert Soboul (La Révolution française, 1962) qui interprète la Révolution comme l'avènement de la bourgeoisie, école remise en question par les anglosaxons (Alfred Cobban) et François Furet. Ce dernier (Penser la Révolution française, 1978) a voulu sortir de l'instrumentalisation mémorielle de la période (la Révolution doit être un objet d'étude historique) et de la grille marxisante («révolution bourgeoise» contre réaction de la noblesse, préparée par les Lumières, abattant le «féodalisme» et libérant les forces jusque-là entravées du capitalisme). L'historien utilise Tocqueville sur les relations entre l'Ancien Régime et la Révolution, s'oppose à l'unité de la classe bourgeoise ou de la noblesse, rappelle le rôle de la monarchie qui sape le «féodalisme», critique l'anachronisme sur l'avènement du capitalisme (la bourgeoisie française privilégie la propriété foncière et ses revenus contrairement à l'anglaise, déjà engagée dans le capitalisme marchand).
Avant de terminer l'introduction, il conviendrait de définir la notion de Révolution. « Toute révolution défait l'ancienne société ; dans ce sens, elle est sociale. Toute révolution renverse l'ancien pouvoir ; en ce sens elle est politique » (Karl Marx). Le terme serait dans cette optique l'ensemble des bouleversements sociaux et politiques que connaîtraient un régime et une société particulière. En fait, s'il convient bien, dans cette formulation, à la Révolution française, il ne faudrait pas considérer à l'aune de cette définition toutes les révolutions (américaine de 1776-1783, anglaise de 1688…). Polysémique, le mot de « révolution » doit être appliqué avec rigueur et nécessiterait avant toute utilisation un essai préalable de comparaison et de précision (Annie Jourdan, La Révolution, une exception française ?, 2004).
Notre problématique est la suivante : dans quelle mesure l'année « 1789 » est-elle une « rupture » dans l'histoire de la France ?
[...] Hobsbawm) et que confirme Annie Jourdan dans sa critique de l'exception française défendue par Albert Soboul ou Michel Vovelle. On peut distinguer trois grandes étapes dans l'historiographie de la Révolution française : - des origines au milieu du XIXe qui opposent de manière passionnée, depuis Barnave (Introduction à la Révolution française, écrite en 1793, publiée en 1843) à Michelet, les partisans et les détracteurs de la Révolution, Tocqueville apparaissant novateur dans son approche des continuités entre l'Ancien Régime et la Révolution in L'Ancien Régime et la Révolution ; - de la seconde moitié du XIXe au début du XXe, la Révolution bénéficie des apports de la réflexion historique même si les passions ne sont pas éteintes. [...]
[...] III/ à celui de l'exception française ? Une ère des révolutions (Eric J. hobsbawm) Une révolution atlantique ou occidentale ? Une exception française ? Les moments et les acteurs clefs de 1789 Les quatre coups de 1789 Jacques Solé, auteur de La Révolution en questions (Le Seuil, 1988), distingue quatre événements majeurs en 1789 dans son article les Quatre coups paru dans les collections de L'histoire, La Révolution française, : - la période entre l'ouverture des états généraux à Versailles mai) et le renvoi de Necker (11 juillet) : révolution juridique - le 14 juillet et la prise de la Bastille : le peuple en armes, un nouveau pouvoir - la Grande Peur dans les campagnes : la fin des privilèges et de l'Ancien régime. [...]
[...] En fait, s'il convient bien, dans cette formulation, à la Révolution française, il ne faudrait pas considérer à l'aune de cette définition toutes les révolutions (américaine de 1776-1783, anglaise de 1688 Polysémique, le mot de révolution doit être appliqué avec rigueur et nécessiterait avant toute utilisation un essai préalable de comparaison et de précision (Annie Jourdan, La Révolution, une exception française 2004). Notre problématique est la suivante : dans quelle mesure l'année 1789 est-elle une rupture dans l'histoire de la France ? Plan Les moments clefs et les acteurs de 1789 Les quatre coups de 1789 Alliance ou méfiance entre les élites révolutionnaires et le peuple ? [...]
[...] Le peuple en armes constitue un nouveau pouvoir confirmé par les troubles dans les campagnes. La Grande Peur : le peuple des campagnes en révolution et la fin de la société d'ordres La paysannerie agitée par les rumeurs et les violences s'arme, s'attaque aux châteaux, détruit les terriers (textes qui symbolisent les droits seigneuriaux). Elle veut la fin du système seigneurial (voir l'étude remarquable de Georges Lefebvre à son sujet). Les députés, pour la calmer, abolissent la nuit du 4 août l'ensemble des droits seigneuriaux et des privilèges. [...]
[...] 1789 et sa place dans l'historiographie française Introduction 1789 est le moment fondateur de la Révolution qui a constitué une rupture culturelle, politique, économique et sociale décisive dans l'histoire de la France. Il marque pour François Furet (penser la Révolution française, 1978) le passage de l'Ancien régime au monde contemporain. C'est une année qui a également alimenté la mémoire collective des Français et dans une certaine mesure le reste du monde. En dissertation ou en exposé (lycée ou université), le sujet inviterait à une interrogation sur la temporalité de la Révolution. [...]
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