A la vague révolutionnaire nationale et libérale du Printemps des Peuples, en rupture avec l'ordre du Congrès de Vienne, succède en 1848 une réaction conservatrice qui rétablit le concert européen né en 1815. Cette expression de « concert européen » désigne un système international ayant des règles de gestion spécifiques, caractérisé selon Georges-Henri Soutou par un certain type d'entente entre les grandes puissances européennes: des « contacts diplomatiques permanents et le cas échéant par des conférences internationales pour régler de façon multilatérale les conflits ou au moins pour les limiter». Cet ordre européen, fondé donc sur l'équilibre des puissances, et reposant sur une concertation permanente entre celles-ci, fut celui du XIXème siècle; il servit notamment à gérer la montée des nationalités, avec plus ou moins de succès.
Mais au lendemain de la Première Guerre mondiale, ce système semble avoir fait son temps, puisque la réorganisation du monde de l'après-guerre obéit apparemment à des principes totalement différents, inspirés des idéaux de Woodrow Wilson. En effet, dans ses Quatorze Points, énoncés devant le Sénat le 8 janvier 1918, le président américain affirme sa volonté de rompre avec les travers de la diplomatie européenne traditionnelle -diplomatie secrète, directoire des grandes puissances, refus du principe des nationalités…- et propose une paix fondée quant à elle sur la démocratie, le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes et le libéralisme. Avec en point d'orgue symbolique la création de la SDN, « association des nations pour garantir l'indépendance et les frontières des États ». Ces idées de Wilson ne naissent pas en 1918: elles sont inspirées essentiellement du Projet de paix perpétuelle de Kant et des propositions de paix de Benoît XV, et ne sont que le couronnement de principes dont le XIXème siècle a pu voir le développement. D'autre part, le triomphe de ces idéaux en 1918 est de courte durée, puisque très vite, le nouveau système international est fragilisé, et l'on assiste à un retour en force des règles du jeu traditionnel du concert européen.
Si les notions de concert européen et d'idéal wilsonien sont donc très distinctes sur le plan théorique, sur le plan pratique, il est plus difficile de délimiter leurs applications: chronologiquement parlant, il ne s'agit pas d'une simple succession d'un ordre européen à un autre; la réalité historique est plus compliquée. A la fin de la Première guerre mondiale, dans quelle mesure les idées de Wilson réussissent-elles à s'imposer au sein du concert européen, et à créer un nouvel ordre mondial ?
Cette fiche n'envisage que la période 1918-1925. La conférence de Locarno entérine le retour à l'odre européen traditionnel, et les années 1930 voient la mise à mort des idéaux du président américain…
[...] Abandon de la diplomatie secrète. (transparence) 2. Liberté de navigation sur les mers. (libéralisme) 3. Suppression des barrières économiques et égalité commerciale pour toutes les nations. (idem) 4. Réduction des armements Arrangement sur les questions coloniales en tenant compte des intérêts des populations concernées. (droit des peuples à disposer d'eux-mêmes - participation des peuples. [...]
[...] En 1920, Millerand décide d'une action multilatérale en Allemagne, avec l'occupation de Francfort et Darmstadt. Et il soutint la Pologne et les Russes blancs contre la Russie bolchevique. Les exemples foisonnent donc, qui montrent les tentatives de contourner les nouvelles règles du jeu diplomatique. Cela, jusqu'à la Conférence de Locarno, qui va entériner le retour au Concert européen. Bibliographie BERSTEIN, Serge, MILZA, Pierre, Histoire du XIXème siècle, Hatier MILZA, Pierre, De Versailles à Berlin, 1919-1945, Armand Colin SOUTOU, Georges-Henri, 1918-1925, Comment faire la paix? [...]
[...] Sa méthode était à la fois efficace et toute de retenue: la guerre n'était que l'ultime moyen utilisé, quand tous les efforts diplomatiques avaient échoué Mais en 1914, les principes de l'équilibre européen sont abandonnés, et la Première Guerre mondiale éclate. Le 8 janvier 1918, le Président des États-Unis, Woodrow Wilson, fait un discours devant le Sénat dont la portée sur le monde de l'après-guerre sera considérable. En effet, il y propose dans ses célèbres Quatorze Points un plan original de réorganisation du système international, en rupture apparemment totale avec l'ordre européen du XIXème siècle. Ces propositions peuvent être résumées comme suit: 1. [...]
[...] L'idéal wilsonien appliqué au monde de l'après-guerre : des réactions très mitigées L'idéal wilsonien contribue en effet à redessiner les relations internationales de, l'après-guerre, et se retrouve dans les traités de paix. Le Traité de Versailles, signé le 28 juin 1919, est vivement critiqué en Europe, chez les vainqueurs comme chez les vaincus. Il est combattu par des partisans de visions soi-disant plus réalistes des relations internationales. L'historiographie européenne insiste à l'époque sur le caractère utopique de la nouvelle diplomatie de Wilson. [...]
[...] Avant d'étudier l'impact de ces idées sur les relations internationales, il convient d'abord de s'y arrêter quelques instants, afin d'en mieux comprendre la signification, et de voir en quoi elles constituent une rupture fondamentale avec celles du concert européen. En s'intéressant d'abord aux sources d'inspirations du texte. Wilson n'invente pas les idées de droit des peuples à disposer d'eux-mêmes ou de libéralisme Celles-ci se sont développées durant tout le siècle précédent, après avoir éclos avec les Lumières. Les origines des propositions de Wilson sont donc à trouver dans ce mouvement philosophique, et plus particulièrement dans le Projet de paix perpétuelle de Kant. [...]
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