Nationalisme exacerbé et impérialisme vindicatif, telles sont les deux inspirations premières du fascisme. C'est pourquoi Mussolini rechercha à travers un effort d'armement, une politique d'expansion coloniale qui allait précipiter l'Italie dans la guerre.
Aussi, prisonnier de sa mégalomanie, mais certain d'accomplir une mission qui devait passer par le fracas des armes, c'est en « César casqué » (Pierre Milza) que le maître de l'Italie fasciste s'adressa, dans un discours retransmis sur toutes les radios, le 2 octobre 1935, à la population italienne et à la foule romaine venue en masse pour l'entendre annoncer l'imminence d'une offensive coloniale envers l'Ethiopie.
Benito Mussolini (1883-1945), fils de forgeron et ancien maître d'école, est en 1935 à la tête du pouvoir italien (qui lui fut donné en 1922 par le roi), pouvoir qui est devenu dictatorial dès 1924. En effet, fortement marqué par la Première Guerre Mondiale, il délaisse les luttes ouvrières et change d'orientation politique en fondant, en 1919, ses premiers faisceaux de combat (groupuscules d'extrême droite). Il en prendra la tête sous le nom de Duce (guide).
Inaugurée par le Premier ministre Crispi dans les années 1890, la politique coloniale italienne n'avait eu que des résultats très limités. Aussi, l'impérialisme de Mussolini était une préoccupation excessive pour l'expansion coloniale et la conquête de positions géopolitiques. Dès la seconde moitié des années vingt, le Duce s'orienta vers une reprise de l'impérialisme. Il restait imbu de l'idée ancienne que la puissance des nations dépendait de leur empire colonial et rêvait de fonder une « Troisième Rome ». Une grande partie de la politique étrangère fasciste jusqu'en 1935 fut consacrée à la nécessité de prendre une hypothèque sur l'Ethiopie et de préparer sa conquête.
Ce pays est alors la dernière région d'Afrique « disponible » pour la colonisation européenne ; c'est aussi le seul Etat africain indépendant et membre de la Sociétés Des Nations (SDN). L'entreprise risquait donc de susciter des difficultés diplomatiques que le Duce n'ignorait pas. Ainsi, on peut se demander, à travers son allocution, comment Mussolini justifie-t-il son attaque envers l'Ethiopie et quelle portée veut-t-il donner à son discours ?
Nous verrons, donc, dans un premier temps, que Mussolini utilise un prétexte vindicatif, puis dans un second temps que cet argument est mis au service d'un projet impérialiste, et enfin que son discours a pour but de constituer une véritable démonstration de force.
[...] Aussi, selon lui, Le cri de l'Italie d'aujourd'hui, c'est un cri de justice et c'est un cri de victoire ! (l.52/53). Mussolini, optimiste et déterminé dans sa politique expansionniste, restait convaincu et se donna pour but, par ce discours, de convaincre le peuple italien qu'une guerre en Ethiopie apporterait victoire, gloire et prestige à la nation italienne. Conclusion A la fin de son discours, des centaines de milliers de chemises noires et de simples sympathisants scandaient Duce ! Duce ! [...]
[...] La vieille classe dirigeante n'ayant pas su lui donner, le fascisme prendrait ainsi sa revanche sur la victoire mutilée et la défaite d'Adoua. Avec hommes mobilisés, tous les moyens de la guerre moderne furent déployés contre l'armée éthiopienne et la population civile, allant des bombardements aériens aux gaz de combat, pourtant prohibés par les conventions internationales. Encerclé de toutes parts, le Négus abandonnait sa capitale et se réfugiait à Londres. Le 5 mai 1936, les Italiens entraient à Addis-Abeba ; le 9 mai, Victor-Emmanuel III était proclamé empereur de l'Ethiopie annexée. [...]
[...] Le Duce souligne ainsi la domination et le courage de l'armée italienne. De plus, à la fin de son allocution, il lance un appel au peuple italien en mentionnant Italie de Vittorio Veneto (l.47), il s'agit du nom de la ville où l'armée italienne pris sa revanche sur sa défaite en Vénétie contre l'Autriche-Hongrie et remporta la victoire, le 28 octobre 1918. Avec le rappel de toutes ces batailles et le nombre des pertes qui ont fait la gloire de l'Italie, Mussolini cherche à démontrer que les Italiens ont pleinement contribué à l'effort militaire tout en payant un lourd tribut. [...]
[...] Aussi, la SDN, qui avait pour vocation de maintenir la paix entre ses membres, fut mise à l'épreuve pour la première fois de son existence. C'est cette même organisation que Mussolini dénonce comme voulant mettre un frein au projet colonial italien : A la Ligue des Nations, plutôt que de reconnaître le juste droit de l'Italie, l'on ose parler de sanctions (l.23/24). Ainsi, le Duce insiste sur le fait que les menaces de sanctions sont injustifiées et qu'elles n'arrêteront en rien son projet expansionniste. [...]
[...] Nation et nationalisme : Discours de Mussolini du 2 octobre 1935 Introduction Nationalisme exacerbé et impérialisme vindicatif, telles sont les deux inspirations premières du fascisme. C'est pourquoi Mussolini rechercha à travers un effort d'armement, une politique d'expansion coloniale qui allait précipiter l'Italie dans la guerre. Aussi, prisonnier de sa mégalomanie, mais certain d'accomplir une mission qui devait passer par le fracas des armes, c'est en César casqué (Pierre Milza) que le maître de l'Italie fasciste s'adressa, dans un discours retransmis sur toutes les radios, le 2 octobre 1935, à la population italienne et à la foule romaine venue en masse pour l'entendre annoncer l'imminence d'une offensive coloniale envers l'Ethiopie. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture