Ce texte est celui du discours télévisé tenu par le Président américain, John Fitzgerald Kennedy, le 22 octobre 1962, sur la mise en quarantaine de Cuba.
Ce discours télévisé s'adresse donc à l'opinion publique américaine mais aussi internationale. Il a trois buts principaux :
- informer l'opinion publique de l'installation de missiles sur l'île de Cuba
- modeler l'opinion publique
- informer les adversaires c'est-à-dire Cuba et surtout l'URSS ainsi que les alliés du bloc occidental de la position adoptée par le Département d'Etat.
Le choix d'un discours télévisé est judicieux car bien que n'ayant aucune valeur juridique en soi, ce discours a un impact immense puisqu'il permet à Kennedy de dénoncer l'URSS devant l'ensemble de la communauté internationale.
Ce discours est le fruit d'une concertation, entre le 16 et le 22 octobre, d'une « équipe décisionnelle » restreinte vu la situation exceptionnelle de crise. Celle-ci est composée du secrétaire d'Etat Dean Rusk, du secrétaire de la Défense Robert MacNamara, du général Maxwell Taylor et du directeur de la CIA, John McCone.
Il est prononcé par le Président des Etats-Unis lui-même ce qui révèle la gravité de la situation.
La période se définit comme celle de la « coexistence pacifique » depuis la mort de Staline et l'avènement de Khrouchtchev en 1953 qui fait adopter une ligne plus souple vis-à-vis de l'Occident. La compétition doit désormais se limiter au domaine idéologique et économique. Cependant, les rapports Est-Ouest se sont considérablement détériorés depuis 1958 notamment du fait de la Crise de Berlin et du problème de l'évolution des armements.
De plus, les relations entre Cuba et les Etats-Unis s'enveniment depuis la chute du dictateur Batista soutenu de longue date par les Etats-Unis et le putsch de Fidel Castro. Il faut rappeler la place de Cuba dans la politique américaine.
En effet, depuis son indépendance tardive, Cuba n'avait jamais échappé à l'influence économique des Etats-Unis. L'arrivée au pouvoir de Fidel Castro en 1959 et notamment sa remise en cause de l'américanisation de Cuba en particulier par les nationalisations des entreprises américaines implantées sur l'île pose problème aux Etats-Unis. Ils décident en conséquence de rompre leurs relations diplomatiques avec Cuba le 2 janvier 1961 et soutiennent le 17 avril la tentative ratée de renversement du régime par les émigrés antifidélistes. La proclamation le 1er décembre de Fidel Castro qui se déclare « marxiste-léniniste » entérine la séparation avec les Etats-Unis et l'appartenance de Cuba au bloc soviétique.
Ainsi, en septembre 1962, un communiqué annonce officiellement l'augmentation de l'approvisionnement soviétique en armements de Cuba « en raison des milieux agressifs impérialistes » sans aucun détail sur l'importance ou la nature des armements.
Ainsi, le 16 octobre, le Président américain apprend l'existence de bases des missiles en construction à Cuba. L'installation de ces fusées soviétiques à Cuba est une véritable provocation pour les Etats-Unis puisque la quasi-totalité du territoire se trouve à la portée des engins. L'enjeu de la crise des fusées est donc considérable.
Au niveau national, le président est au pouvoir depuis le 20 janvier 1961 après une campagne axée autour de la fermeté au sujet de Cuba et il fait face à l'élection imminente de la chambre des représentants qui doit sanctionner ou non sa politique.
Masquant ses réactions jusqu'au dernier moment, Kennedy abat ses cartes lors du discours télévisé adressé à la nation américaine le 22 octobre à 19h.
Ce discours présente donc plusieurs intérêts :
-permet à Kennedy de réaffirmer la puissance des Etats-Unis.
- plus précisément d'exposer sa volonté d'un condominium soviéto-américain.
- permet un apprentissage de la gestion du nucléaire
Dans, une première partie, ce discours a pour but de présenter la situation à l'opinion publique américaine et internationale et en profite pour stigmatiser l'URSS.
Dans une deuxième partie, la réaction américaine se veut ferme afin de réaffirmer la suprématie américaine ou du moins l'équilibre des forces.
[...] Sur le plan diplomatique, le Président cherchait ainsi à acculer par surprise Khrouchtchev dans une situation où si une grande guerre nucléaire devait intervenir l'Union Soviétique serait considérée comme initiatrice. Il fait ainsi de l'URSS l'initiatrice d'une crise qui met en danger l'équilibre et la sécurité de l'ordre mondiale devant l'ensemble de l'opinion internationale. Par ce discours, Kennedy pose un ultimatum à l'URSS et pousse la tension Est-Ouest, continue depuis 1958, à son paroxysme. Ce discours permet à Kennedy de sortir victorieux de la crise. Réparant ainsi l'échec de l'entrevue de Vienne en juin 1961, il reprend l'ascendant psychologique sur Khrouchtchev. [...]
[...] Il fait par là de plus référence à la crise de Berlin qui n'est pas encore achevée. En effet, après sa campagne profondément anticastriste, l'échec de la Baie des Cochons et surtout sa croyance en les affirmations réitérées d'absence d'armements offensifs à Cuba, Kennedy se doit de suivre une ligne dure. Ainsi, il choisit comme voie celle de la réponse à l'intimidation par une intimidation d'un niveau supérieur mettant par ce biais à mal la vision de Khrouchtchev d'un homme faible (vision d'ailleurs renforcée par l'ambassadeur soviétique). [...]
[...] Ainsi, le 16 octobre, le Président américain apprend l'existence de bases des missiles en construction à Cuba. L'installation de ces fusées soviétiques à Cuba est une véritable provocation pour les Etats-Unis puisque la quasi-totalité du territoire se trouve à la portée des engins. L'enjeu de la crise des fusées est donc considérable. Au niveau national, le président est au pouvoir depuis le 20 janvier 1961 après une campagne axée autour de la fermeté au sujet de Cuba et il fait face à l'élection imminente de la chambre des représentants qui doit sanctionner ou non sa politique. [...]
[...] L'installation des bases balistiques n'est donc pas seulement une menace pour les États-Unis mais constitue une force de frappe nucléaire dirigée contre l'hémisphère occidental 4-5). Il cherche donc par cette dénomination à appeler le soutien de ses alliés. Cet appel trouva une réponse dans le soutien immédiat de la Grande-Bretagne et la France. A la ligne 48, Kennedy souligne aussi que la politique poursuivie ces derniers temps par les Etats-Unis a permis une alliance à l'échelle mondiale faisant référence à l'entrée de nombreux pays dans l'OTAN. [...]
[...] La fermeté occidentale oblige désormais Moscou à renoncer au chantage nucléaire. Bibliographie - La guerre de Cinquante Ans; les relations Est-Ouest 1943-1990 de Georges-Henri Soutou, Fayard - La loi des géants 1941-1964 de René Girault / Robert Frank / Jacques Thobie, Payot - Crises à Cuba de Claude Delmas, éditions Complexes - Le coup de tonnerre de Cuba; histoire d'une crise internationale de James Daniel et John G. [...]
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