Ce discours a été prononcé par Albert Sarraut, alors ministre de l'Intérieur, à Constantine en Algérie, le 23 avril 1927. Sarraut cherche à expliquer quelles sont la fonction et la position de la France face au phénomène déjà ancien de la colonisation, dans une période où les contestations de font de plus en plus vives et où la situation intérieure de la France est troublée, notamment par la succession de gouvernements instables et par la crise financière de 1926.
Ce discours est resté célèbre pour sa vive condamnation de l'opposition communiste à l'impérialisme français. De fait, Albert Sarraut cherche à rassembler les Français de la métropole et des colonies ainsi que le populations autochtones autour du bien fondé de la colonisation, tant sur le plan culturel que politique. Ceci correspond à l'idéal radical-socialiste auquel Sarraut se rattache. Il rappelle notamment que l'empire colonial français peut être considéré comme un modèle de stabilité, qui garantit la puissance et le rayonnement de la France.
Ce discours a également une portée symbolique : l'Algérie constitue la clef de voûte du système colonial français depuis 1830 car il s'agit avant tout d'une colonie de peuplement, ce qui représente un modèle quasi unique.
En 1922, A. Sarraut rédige la Mise en valeur des colonies françaises, ouvrage dans lequel il se fait le défenseur d'un « humanisme colonial », c'est-à-dire d'une colonisation bénéfique pour tous, économiquement certes mais aussi culturellement et moralement. Gouverneur général de l'Indochine entre 1911 et 1914, ministre des colonies de 1920 à 1924 (puis de 1932 à 1933), c'est un homme de terrain qui peut rassembler derrière lui l'influente opinion publique radicale-socialiste et les populations colonisées.
Cependant, ce discours a pour ambition de redonner espoir aux populations de France et des colonies tout en dénonçant le communisme.
Ce texte témoigne des difficultés inhérentes à la France et à ses colonies : montée des contestations, essoufflement de l'enthousiasme colonial dans une France de l'entre-deux-guerres très affaiblie.
[...] Les intentions du ministre de l'Intérieur ne semblent pas appropriées à la situation en Algérie. Le discours aurait plus eu sa place à l'Assemblée. Conclusion Le discours de Constantine s'inscrit dans une période (fin années 1920 début années 1930) où les contestations, internes comme externes, naissent sur la question coloniale. Ainsi, la présence française en Algérie dès 1830 commence à soulever des mouvements d'opposition (ex : les Jeunes Algériens). La critique du colonialisme est pourtant encore principalement le fait d'intellectuels français, avec par exemple la création de la Ligue contre l'impérialisme (1924), qui regroupe des communistes, mais surtout des personnalités idéalistes, tels Albert Einstein, Romain Rolland, ou même des travaillistes anglais, dans le but de s'opposer à «l'oppression coloniale», affirmant leur hostilité à toute «discrimination économique, politique et sociale ayant rapport à la race» et leur soutien à tous les peuples opprimés» en vue d'obtenir «l'indépendance nationale complète» de toutes les colonies. [...]
[...] Car l'honneur de la colonisation française est précisément d'avoir totalement transfiguré l'esprit de l'entreprise coloniale. en la pénétrant du sens profond du droit humain. La colonisation n'est plus pour la France une opération à caractère mercantile, elle est essentiellement une création d'humanité si le colonisateur a le droit évident d'en recueillir de légitimes avantages, il considère - c'est la doctrine française - qu'elle n'est pas simplement un enrichissement universel, profitant à l'ensemble du patrimoine mondial, dont la colonisation augmente sans cesse, et à la fois la richesse morale et la richesse matérielle ; et cet enrichissement d'humanité doit être fait et poursuivi dans l'acceptation et avec la collaboration des races que le colonisateur gouverne et qu'il a pour premier devoir d'accroître en valeur et en dignité humaine. [...]
[...] La France agit en Occident à la façon de ces larges pieux qui fixent les terrains glissants. Qu'elle devienne la proie d'une anarchie communiste et ce sera autour d'elle comme un éboulement de nations et de gouvernements. II importe donc au succès de l'entreprise moscovite de détruire la force française, en ébranlant les divers éléments qui composent sa robuste structure. ( . ) Sa puissance coloniale est un de ces éléments fondamentaux, dans le présent et dans l'avenir. Avec son domaine d'outre-mer, la France est une nation de cent millions d'habitants, riche d'incomparables richesses. [...]
[...] Désormais, elle est éclairée. Les masses ouvrières les premières, avec leur sagesse et leur bon sens accoutumés, ont discerné le péril et réagi vigoureusement contre l'emprise des agents de Moscou. Comment le gouvernement et le Parlement feraient-ils preuve d'une clairvoyance moindre ou d'une moindre fermeté ? Pour eux comme pour les masses laborieuses, la devise, le mot d'ordre doit rester le même : le communisme, voilà l'ennemi ! Albert SARRAUT, Discours de Constantine, Le Petit Parisien avril 1927, Cité dans P. [...]
[...] Exemple : en Egypte contre les Anglais (Fachoda) Le discours de Sarraut tend à diaboliser les communistes français. Le communisme est un assez actif en France, depuis la création du PCF en 1920 au congrès de Tours. La IIIe Internationale : le nouvel impérialisme (l.12) qui veut émanciper des colonies et des indigènes asservis (l.31) Sarraut, par cet anti-communisme, cherche à rapprocher les populations indigènes et les métropolitains. Les communistes sont diabolisés, accusés de trahison de mauvais patriotisme, car liés à Moscou. [...]
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