Ce texte est un discours du tribun Carnot devant cette Assemblée le 3 mai 1804 (13 floréal a, XII).
Depuis le 18 brumaire an VIII, Napoléon Bonaparte est à la tête de la France. Avec Sieyès, il a élaboré une nouvelle Constitution, la quatrième en dix ans, qui instaure le Consulat. Bonaparte est désigné Premier Consul, soit le personnage le plus important de l'Etat. Même si le régime officiel du pays reste la République, il dérive lentement vers une concentration des pouvoirs entre les mains du Premier Consul et en une dictature personnelle de Bonaparte. Dans le sénatus-consulte des 14 et 16 thermidor an X, il est nommé Consul à vie "pour services rendus à la Nation." En 1804, la situation politique, relativement stable depuis 1799, se dégrade. La pais d'Amiens avec les Anglais est rompue, et Bonaparte doit faire face à une nouvelle poussée royaliste, matérialisée par le complot de Cadoudal mettant à profit sa très grande popularité, Bonaparte organise le passage à l'Empire en instaurant l'hérédité de son pouvoir
Cependant, certaines voix s'élèvent contre ce retour aux traditions monarchiques, notamment celle de Carnot (1753-1823). Cet officier militaire est un ancien révolutionnaire. En effet, il a été membre de la Législative et de la Convention puis chargé des affaires militaires au sein du Comité de Salut Public. Sous le Directoire, il est membre du Conseil des Anciens et Directeur, mais sera exilé après le coup d'Etat du 18 fructidor. Rentré en France suite au 18 brumaire, il est nommé alors général de division et Ministre de la Guerre. Cependant, il démissionna rapidement. Il devient membre du Tribunat en 1802 et le reste jusqu'en 1807 bien qu'il soit l'un des principaux critiques du Premier Consul. Cette opposition s'exprime lors des remaniements de la Constitution en faveur de Bonaparte. Ainsi, lorsqu'il est question de transformer la République en Empire, il est l'un de ses rares opposants. Mais quelles sont les raisons qui poussent Carnot à rejeter le changement de régime?
Car loin de contester les mérites de Bonaparte (I), il se pose néanmoins en protecteur des acquis révolutionnaires (II).
[...] Mais quelles sont les raisons qui poussent Carnot à rejeter le changement de régime? Car loin de contester les mérites de Bonaparte il se pose néanmoins en protecteur des acquis révolutionnaires (II). I. La reconnaissance des mérites de Bonaparte Bien que Carnot s'oppose à Bonaparte, il reconnaît cependant son rôle dans la fin de l'anarchie et dans le maintient de certains acquis de la Révolution A. La fin de l'anarchie et le retour à l'ordre Les dernières années du Directoire, marquées par les luttes internes, avaient conduit la France à la ruine et à l'anarchie. [...]
[...] En fin de compte, la proposition de sénatus-consulte ne fait qu'énoncer clairement de "rétablir le système monarchique" (l.13). Ce rétablissement se traduit dans les faits par l'instauration de l'"hérédité" (l.13), qui conduit également à proclamer l'Empire. Document: Extrait du discours de Carnot au Tribunat en date du 13 floréal an XII mai 1804). "Citoyens tribuns, je suis loin de vouloir atténuer les louanges données au Premier consul. Il est vrai qu'avant le 18 brumaire, l'Etat tombait en dissolution et que le pouvoir absolu l'a retiré des bords de l'abîme: mais que conclure de là? [...]
[...] Du fait de son appartenance au Comité, il a été témoin de la dictature personnelle de Robespierre. Cependant, contrairement à la Terreur, Carnot reconnaît que le régime de Bonaparte a été efficace. Et justement, comme les libertés ont été rétablies, plus rien ne justifie le maintient d'un régime dictatorial. Si ce n'est comme "récompense" (l.6). Ce a quoi Carnot est opposé puisqu'il refuse de "sacrifi[er] cette même liberté" (l.7) à Bonaparte. Dans son discours, Carnot critique aussi l'évolution du régime vers une monarchie. [...]
[...] J.J. Chevallier: Histoire des institutions et des régimes politiques de la France de 1789 à 1958. J.O. Boudom: Le Consulat et l'Empire. J. Tulard Dictionnaire de Napoléon. [...]
[...] La population, lasse de la Révolution, n'aspire qu'à un retour à la vie normale. Elle voit donc en Napoléon Bonaparte le symbole du retour à l'ordre et au calme, puisqu'il a mis fin à l'instabilité du Directoire. Carnot traduit bien cette idée populaire, en reconnaissant que Bonaparte a "retiré [l'Etat] des bords de l'abîme." Cependant, si Bonaparte marque un retour de l'ordre, il n'a pas rejeté toute le Révolution. B. Le maintient de certains acquis de la Révolution Malgré un pouvoir de plus en plus absolu, Bonaparte souhaite maintenir une démocratie de façade. [...]
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