Le document présenté ici est la retranscription, en français, d'un extrait du discours prononcé en anglais par Lord Carrington, alors ministre des affaires étrangères du Royaume-Uni, le 17 novembre 1980 à Hambourg. Entré en fonction sous l'ère Thatcher il quittera son poste trois ans plus tard en 1982. Il développe sa vision de l'Europe et le rôle qu'elle devra jouer dans les Relations Internationales lors des années à venir.
Avec la mise en place de la CECA (Communauté Européenne du Charbon et de l'Acier) en 1951 et de la CEE (Communauté Économique Européenne) en 1957 à l'aide du traité de Rome, il avait alors été fait le choix d'une Europe économique, fondée sur le libre-échange et la création d'un marché intérieur commun. Les derniers efforts en date à l'époque du discours, à savoir la création de l'ECU (European Currency Unit), ancêtre de l'Euro, et du serpent monétaire en 1979 vont dans ce sens. Les États européens espèrent alors créer une zone de stabilité monétaire en limitant les fluctuations des taux de change entre les pays membres et ainsi se rapprocher économiquement. La Communauté cherche aussi à se développer et à approfondir ses relations avec l'entrée en 1973 du Royaume-Uni, du Danemark et de l'Irlande et la préparation de l'intégration de la Grèce prévue pour 1981. Mais dans un contexte international troublé par le retour des tensions entre les blocs Est et Ouest la construction européenne montre ses limites. L'expression de « Guerre Fraîche », a d'ailleurs été utilisée lors d'une conférence de presse de Valérie Giscard d'Estaing en 1978 dans le but de marquer la fin de la coexistence pacifique entre les Etats-Unis et l'URSS: « je me demandais si l'expression guerre fraîche, employée par Brejnev, ne vous semblait pas plus appropriée [...] étant donné ce qui se passe en Afrique ».
[...] Cette place de l'Europe doit se faire d'une seule et même voix et ne pas être la somme des différentes décisions en politique extérieure. Lord Carrington est certain que l'Europe a toute capacité pour jouer un rôle sur la scène politique internationale mais affirme que l'union est nécessaire: mais nous ne pouvons atteindre ces objectifs qu'en agissant ensemble (L.17-18). Ces carences de cette politique européenne surmontées l'Europe pourra alors jouer ce rôle et préserver les démocraties de la guerre. Nous avons ainsi vu que l'Europe se retrouve prise entre deux feux: ceux de la Guerre Froide qui reprend. [...]
[...] L'aspect essentiel sur lequel insiste Lord Carrington réside, pour les Etats membres, dans le dialogue et la nécessité de travailler conjointement. En effet, alors que l'Europe des 6 prévalait surtout par une intégration économique, l'élargissement de la Communauté à 9 membres pose nécessairement la question d'une cohésion politique sur le long terme. C'est pourquoi, Lord Carrington explique ligne 26, qu'il faut tenter de définir les modalités d'une coopération plus étroite et [ ] consacrer une plus grande part de nos efforts diplomatiques respectifs à la mise en œuvre des objectifs qui sont communs à l'Europe Par conséquent, l'Europe semble confrontée à la nécessité de mettre en place un projet commun et une cohésion politique. [...]
[...] Ainsi, à en croire les dires de Lord Carrington, la CPE se limiterait à un politique déclaratoire, un rappel de grands principes généraux. En effet, dans cette optique, il insiste dès la ligne 16 sur les solides fondations sur lesquelles construire faisant ici référence à la défense des droits de l'Homme, à la solidité de l'alliance économique permise dans un premier temps par la CECA puis par la CEE qui sont des principes contenus dans la CPE. Mais son problème résiderait dans la portée de son message et le manque de dialogue entre les membres pour dégager une position commune. [...]
[...] Cette Guerre Fraîche est une chance unique pour elle de s'affirmer comme une troisième voie, une alternative de paix face aux conflits mondiaux. Les accords d'Helsinki, comme nous l'avons précédemment évoqué, témoignaient déjà de la volonté de l'Europe de s'exprimer dans les relations internationales. Cette alternative est présentée à partir de la ligne 10: nous pouvons donner un puissant exemple de démocratie, de rationalité économique et de respect des droits de l'homme L'auteur développe une vision ambitieuse du rôle que devrait jouer l'Europe mais qui historiquement est le sien. [...]
[...] La CPE présente trop de défauts selon Carrington et doit être améliorée. En effet, ce discours est l'occasion de soulever le problème de la lenteur de réaction de l'Europe (L.36). La CPE est supposée permettre de dégager une position commune entre les Etats membres, cependant, celle-ci met trop de temps à se dessiner. Par exemple, Carrington insiste sur le fait qu' il s'est écoulé trois semaines avant que mes collègues et moi-même ne discutions de la situation et de la position que l'Europe devait adopter face à cette situation (en parlant de l'invasion de l'Afghanistan par les forces soviétiques). [...]
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