« Quand la seule autorité devant laquelle il faut que tous s'inclinent aura prononcé, ne croyez pas que personne soit de taille à lui tenir tête. Ne croyez pas que quand ces millions de Français, paysans, ouvriers, bourgeois, électeurs de la libre terre française, auront fait leur choix, et précisément dans les termes où la question est posée ; ne croyez pas que quand ils auront indiqué leur préférence et fait connaître leur volonté, ne croyez pas que lorsque tant de millions de Français auront parlé, il y ait personne, à quelque degré de l'échelle politique ou administrative qu'il soit placé, qui puisse résister.
Quand la France aura fait entendre sa voix souveraine, croyez-le bien, Messieurs, il faudra se soumettre ou se démettre. »
[...] C'est la crise ouverte, il va alors s'ensuivre une campagne électorale acharnée, campagne durant laquelle Léon Gambetta, un jeune avocat qui prend devient un des leaders républicains et a occupé un poste de ministre dans le gouvernement de la défense nationale, sillonne la France, usant de sa popularité pour multiplier les interventions et discours publiques. Il prononce notamment un discours de campagne lors d'une réunion politique à Lille le 15 août 1877, il adresse ce discours au peuple et implicitement au président de la République Mac Mahon qui est son principal adversaire dans cette bataille électorale. Dans cet extrait parut dans Discours et plaidoyers politiques de M. Gambetta en 1883 aux éditions J. [...]
[...] On peut alors se demander comment dans cet extrait, Gambetta défend la candidature républicaine face à l'opposition. On verra tout d'abord de quelle manière Gambetta défend les idées, l'idéal républicain, et de quelle manière il discrédite et prévient Mac Mahon. Tout d'abord, Gambetta rappelle un des principes fondamentaux de la République : la seule autorité devant laquelle il faut que tous s'inclinent la République est la res publica la chose publique, la chose du peuple, elle appartient donc avant tout à ce peuple dont l'autorité ne peut pas être contestée, c'est cet élément qui permet le fonctionnement même de ce régime. [...]
[...] En conclusion, on peut dire que la nature même de ce texte entraîne certaines obligations, il doit répondre à certaines exigences car c'est un discours de campagne. Tout d'abord, Gambetta doit définir avec précision ses intentions, ses idées, ici des idées républicaines, il doit également se mettre en valeur par rapport à l'opposition, ce qu'il fait en dépréciant les monarchistes au pouvoir et Mac Mahon lui-même, et enfin, il doit se montrer un bon orateur, ce qu'il semble être au vu de la réaction de son public : Vive approbation Double salve d'applaudissements. [...]
[...] En effet, Gambetta tente de discréditer l'autorité de Mac Mahon en montrant combien son pouvoir est fragile et ne tient qu'au bon désir du peuple français. Devant l'autorité du peuple français, tous s'inclinent y compris donc Mac Mahon qui doit comme tous les autres se plier à la décision de la majorité, ce n'est pas lui qui doit décider quelle direction le pays doit prendre, c'est au peuple de le décide par le choix de ses représentants. De plus, en ce qui concerne l'autorité du peuple, personne n'est de taille à lui tenir tête c'est-à-dire que nulle homme seul ou groupe d'homme ne peut s'opposer à la décision de la masse du peuple français souverain, personne ne peut combattre et faire plier une telle entité, c'est ce qui constitue la force de ce peuple, nul n'est assez fort pour s'opposer à la décision de la majorité du peuple. [...]
[...] Bravos et cris répétés de : Vive la république ! Vive Gambetta ! Gambetta sait être clair d'où les nombreuses répétitions qui clarifient le propos : auront fait leur choix auront indiqué leur préférence et fait connaître leur volonté et il sait retenir l'attention de ses interlocuteurs, d'où les nombreuses interpellations : Ne croyez pas croyez le bien, Messieurs C'est donc un véritable discours de campagne électorale à travers lequel Gambetta défend les républicains face à l'opposition grâce à différents procédés rhétoriques. [...]
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