La saleté, le mode de vie immoral et les pratiques sociales des pauvres et des plus démunis expliquent l'origine des épidémies. Une véritable hystérie à l'encontre d'une population jurée moralement décadente se constitue. Les conséquences sanitaires sont le résultat des "différences sociales, des professions, des gestes économiques" (P.198). Il devient du devoir de l'Etat d'éduquer une population et de lui inculquer les normes de l'hygiène de l'époque. L'Etat cherche à s'instituer en Etat hygiéniste, projet exacerbé après le choléra de 1832. Des enquêtes et études sont donc menées (par les conseils de salubrité, préfets et médecins) : il en ressort que des zones géographiques précises sont plus touchées que les autres par les épidémies, par les fléaux sociaux que l'hygiène évalue : les établissements dégageant des miasmes jugés néfastes sont également règlementés. Néanmoins, l'initiative publique reste encore limitée. La seule véritable avancée du début du siècle, en matière d'initiative publique, consiste dans la vaccination des populations contre la variole sous un trait d'universalisme (Comité Central de Vaccine, divers décrets) : on ne peut se contenter de vacciner une seule catégorie de population. De fait, l'initiative (en ce qui concerne la vaccination) est majeure, et à Darmon de souligner que « pour la première fois dans notre histoire l'Etat affirme sa détermination de superviser un ensemble d'opérations sanitaires » (P.203). Or, l'Etat peine à financer ces campagnes : le rôle est majoritairement dévolu aux conseils généraux, communes et responsables locaux.
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La force physique de différentes catégories de population est peu à peu mesurée, elle permet d'établir des comparaisons entre personnes, mais aussi entre cultures et peuples. Progressivement s'instaure l'image d'une Europe plus vigoureuse, dont la puissance musculaire est plus importante que celle des autres parties du monde, ceci n'allant pas sans alimenter le discours de supériorité du continent. Or, des différences existent à l'intérieur même de l'Europe : celles entre les ouvriers et les autres, celles entre villes et campagnes. À cet égard, la santé est jugée meilleure dans les centres urbains car les hommes y sont plus grands et y vivent plus vieux. Les départements agricoles et pauvres souffrent de maux plus fréquents et d'une moindre vigueur : les causes sont dites sociales, "non seulement la richesse, mais aussi la culture, le savoir, les comportements et les habitudes de vie" (...)
[...] Histoire des pratiques de santé 1. Espace intime et espace public L'État industriel et l'initiative publique. La saleté, le mode de vie immoral et les pratiques sociales des pauvres et des plus démunis expliquent l'origine des épidémies. Une véritable hystérie à l'encontre d'une population jurée moralement décadente se constitue. Les conséquences sanitaires sont le résultat des différences sociales, des professions, des gestes économiques (P.198). Il devient du devoir de l'État d'éduquer une population et de lui inculquer les normes de l'hygiène de l'époque. [...]
[...] On réclame un aide au financement des logements : les premiers balbutiements se concrétisent dans la loi de 1894, accordant des avantages aux sociétés se constituant dans le but de construire des maisons hygiéniques et à bon marché (P.265). Dans les faits, peu d'évolution Le malingre et le charnu Malgré la fin des théories miasmatiques, des précautions qui en sont issues perdurent : celle sur le rôle du vent. Une certitude s'impose à la fin du siècle, celle d'une asepsie garantie par le grand air (P.266). Le thème des villégiatures où l'on peut se reposer, se dépenser, y respirer le grand air et se ressourcer, a le vent en poupe. [...]
[...] Pourtant, dans la pratique, une certaine élite persiste à être corpulente et à valoriser cet état de fait L'invention de l'énergie. En dépit de ces assertions, l'intervention de l'État en matière d'hygiène est bel et bien réelle, particulièrement durant le second XIXe siècle. L'attention portée à la santé s'accroit : la crainte de la dégénérescence de la race est partout, manière de mobiliser un engouement collectif en faveur des mesures possibles d'hygiène Le spectre d'une dégénérescence. Un alarmisme se décèle dans la société en raison du nombre croissant de conscrits dispensés pour défaut de taille, ou pour infirmités, le nombre d'aliénés internés dans les hôpitaux, le nombre d'enfants illégitimes ou morts au berceau (P.218). [...]
[...] D'où l'une des raisons donnée à l'État pour intervenir dans l'hygiène et dans l'éducation. Dans le même temps, on promeut la force des populations, le travail mécanique l'emporte sur le travail habile dans une optique industrialiste et utilitariste : il faut donner de la vigueur aux hommes. Or, ces considérations restent théoriques et, face aux coûts financiers, l'État n'agit que peu : seuls quelques gymnases s'imposent. Les comportements ne sont pas transformés Les prémisses du confort. Au-delà même de l'attention portée à la force musculaire se pose surtout après les années 1830 la question de l'aisance et des conditions de vie de chacun : c'est dans cette optique que les pratiques culturelles issues de la civilisation deviennent gages de santé. [...]
[...] Or, ces caisses sont gérées par l'État, qui devient assureur. Afin que l'État limite les pertes financières, il devient nécessaire de réorganiser le réseau des services de santé : depuis 1886, un réseau de médecins inspecteurs des écoles accroît les possibilités de visites et de prévention (P.279) ; en 1889, la police sanitaire passe du ministère du Commerce au ministère de l'Intérieur ; en 1902 se concrétise la prise en charge par l'État des assainissements locaux en cas d'épidémie ou de pénurie communale (P.279) mais aussi la vaccination et revaccination obligatoires ainsi que la déclaration obligatoire des maladies infectieuses. [...]
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