La tension de la société n'est pas encore résolue, le décalage reste évident. Tout se passe comme si la tentative d'adaptation à l'élan de 1968 n'était pas réussie, 1968 n'est pas digéré. Même s'il y a des tentatives de réformes. D'où une décennie de crise, le maître mot de la période, très présente dans les têtes. On peut tenter d'interroger les aspirations, les désirs, quel est le rêve ? Que veut-on changer ? Qu'est ce que les groupes sociaux ont dans la tête ?
« Soyons réalistes, demandons l'impossible », c'est déjà désigner d'entrée la dimension utopique, « sous les pavés la plage », c'est un peu la même chose un projet aussi assez fou. La photographie de Doisneau « Jouissons sans entrave », fait partie de ce projet, comme, « du passé faisons table rase », ce qui n'arrive jamais en histoire. C'est une période marquée par la poussée des utopies.
C'est le projet que l'on ne verra pas, celui d'après la mort. À cette époque il y a la projection d'un fantasme absolu, c'est peu fréquent qu'un corps social se plonge dans l'utopie, c'est la première fois depuis 1820-30 (où l'on doit remonter pour retrouver cette imagination), c'est « l'imagination au pouvoir ». Cela nous renseigne sur ce qui fait en creux la société, comme l'autogestion nous renseigne sur la réalité de l'entreprise. Cet écart entre avenir et réalité est aussi lié à un pari sur l'avenir, on pense qu'il y aura quand même un demain, à l'époque si l'on n'est pas utopique on meurt. La France qui s'ennuyait produit ! « C'est demain la veille ! ».
[...] La presse libre et sauve exprime cela. C'est l'apogée de ce média, c'est l'époque d'une presse non institutionnelle libre, en 1973 on a entre 300 et 500 titres de journaux alternatifs, qui touchent jusqu'à 2 millions de personnes. L'idiot international existe pour tous ceux qui se taisent, contre la loi du silence. Cette presse vise à déchainer la parole. L'arme ici c'est la parole, c'est la grande émergence du dessin de presse. Le premier numéro de Libération sort le 18 avril 1973, dès 1971 plusieurs journalistes et militants de la gauche prolétarienne se rassemblent pour créer une agence de presse libre, A.P.L. [...]
[...] se rend compte que ce ne sont pas de vrais révolutionnaires, ne sont pas sérieux, bavardent. Prendre la parole On ne parlait pas dans la rue, la famille, l'école, cette réalité est complètement intégrée, prendre la parole c'est rompre le silence pour tous ceux qui se taisent, soit jeune et tais-toi il y a une prise de parole des jeunes étudiants, ouvriers et lycéens. Les minorités prennent la parole aussi, comme les femmes, des minorités sexuelles (homosexuelles), on a aussi la voix des prisonniers, à partir de 1971 les mutineries se multiplient dans les prisons, dès l'automne. [...]
[...] Le système même de la justice est remis en question. Il ne faut pas plier le bâton dans l'autre sens mais le casser, c'est ça l'idée neuve, pas l'inverse de l'autre. Il y a un vrai saut qualitatif. On a aussi la reformulation du rapport homme/femme, avec l'apparition du mouvement féministe, qui parle au lendemain de mai juin, c'est l'idée que l'on ouvre quelque chose. On ouvre un mouvement à Vincennes avec Antoinette Fouque une psychanalyste qui travaille sur l'inconscient des femmes : les femmes sont des hommes comme les autres on trouve aussi Monique Wittig, qui fait le lien entre le mouvement homosexuel et féministe, car elle fonde les Guînes rouges. [...]
[...] Cet écart entre avenir et réalité est aussi lié à un pari sur l'avenir, on pense qu'il y aura quand même un demain, à l'époque si l'on n'est pas utopique on meurt. La France qui s'ennuyait produit ! C'est demain la veille ! Dans un premier temps il faut réfléchir aux formes de l'utopie, étonnamment multiples à l'époque, ces formes sont parfois spontanées en bas, parfois récupérées par le haut, c'est l'exemple de la presse sauvage ou libre. L'avant-garde artistique lui est liée. On a aussi une production forte d'images, visuelles et dans les têtes, on produit un ensemble de représentations, source d'une culture nouvelle. [...]
[...] Va-t-on déboucher sur de nouveaux droits de l'homme et de la femme ? Cette révolution culturelle réussit, elle s'accomplit, il y a une libération des corps et pratiques, vers 1974 arrive la pornographie, avec la dénomination X. En 1974 Serge July prends le contrôle de libération, il vient de l'extrême gauche et veut en faire un France-Soir rouge. La publicité et la professionnalisation arrivent. Tout cela s'incarne dans Coluche, à voir dans les TD de Bantigny sur la culture. Il critique mai 1968, y voit des révolutionnaires et musiciens arrivistes. [...]
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