A l'époque victorienne, une société nouvelle se mit en place en moins de deux générations. Travailleurs d'usine, cadres, capitaines d'industrie, professions libérales constituèrent autant de nouveaux venus qui renouvelèrent et enrichirent la structure sociale. En 1845, Engels dénonçait les immenses écarts de fortune existants à Manchester, coeur de l'Angleterre industrielle, thème qui devait faire florès : les Victoriens vécurent littéralement dans la hantise de leurs pauvres (...)
[...] La charité était un devoir chrétien, rien de nouveau donc, mais l'importance de la pauvreté donna à ce mouvement une ampleur inédite. Les associations caritatives se multiplièrent au point de devoir créer en 1866 la Société pour l'organisation de la charité (Charity Organisation Society) afin de coordonner leurs activités à l'échelle nationale. Leur champ d'action était très étendu, de la construction d'hôpitaux ou de logements modèles pour les travailleurs à la propagation de la parole divine. Les prédicateurs avaient comme principal cheval de bataille la tempérance, et en particulier la dénonciation de la consommation d'alcool (essentiellement bière et gin) comme responsable de la détresse matérielle et morale (de fait, la consommation culmina en 1875 avec près de 160 litres par an et par personne : ils prêchèrent d'abord la modération, puis l'abstinence, et la consommation d'alcool devint alors le critère de distinction entre les gens respectables et les autres. [...]
[...] Une société intégrée et ses limites A. Les agents du contrôle social La religion avait été un puissant facteur d'harmonie sociale tout au long des siècles précédents, au point que l'absence de Révolution dans l'Angleterre des années 1780-1830 a pu parfois lui être imputée. Le XIXe siècle a apporté quelques transformations marquantes : à côté de la certitude répandue que la réussite anglaise était le fait de la volonté divine et d'une piété personnelle (voire d'une bigoterie) perceptibles dans de larges pans de la population ; le recensement religieux effectué à la cérémonie de Pâques 1851 révéla que la moitié seulement des Anglais assistaient alors à un office, proportion encore plus faible dans les grands centres urbains et industriels (environ La déchristianisation frappait surtout l'Église anglicane et les sectes dissidentes les plus anciennes, tandis que le méthodisme conservait une large audience dans les classes populaires et rassemblait sans cesse plus de fidèles ( en 1900). [...]
[...] La réalité était différente : la délinquance diminua avec régularité après 1840, et peu d'assassinats restaient impunis. Ce qui relève un aspect fondamental de la mentalité victorienne : la fascination pour la mort. Les connaissances médicales, en dépit de réels progrès, restaient telles que la mort était l'issue la plus probable en cas de maladie grave, quelque soit le niveau social. Omniprésence de la mort, d'où la grande importance accordée aux veillées funèbres et aux enterrements (les plus modestes y voyaient l'occasion de s'entraider et de démontrer leur conscience de groupe ; les plus fortunés y trouvaient le moyen ultime d'affirmer leur rang social ; et les funérailles de Victoria en 1901, si elles furent vécues comme la fin d'une époque, furent aussi par un témoignage d'attachement unanime à la monarchie, l'occasion de vérifier l'exceptionnelle cohésion de la société anglaise). [...]
[...] La pauvreté fut le principal problème social pendant toute la seconde moitié du siècle. Vers 1850, un ouvrier qualifié gagnait par an, (pas plus de pour un non qualifié) et consacrait 60% de son budget à la nourriture et 20% au logement. Dures conditions de travail (10 à 12h par jour dans le textile, entre 8 et 10h par jour jours sur dans de nombreux autres secteurs ; avec maladies professionnelles et accidents de travail fréquents), précarité de l'emploi et insalubrité de l'habitat ouvrier (attestée par les épidémies de choléra qui décimaient les quartiers ouvriers des villes rythmaient la vie monotone et répétitives des classes laborieuses. [...]
[...] En revanche, Henry James, William Butler . sont plus représentatifs du goût de la Belle Époque édouardienne : à la peinture sociale, ils préfèrent explorer les aspects plus sombres de l'âme humaine, quitte à aborder les thèmes tabous que sont la mort, le sexe, la violence. B. Deux nations, deux cultures ? Il existait indéniablement 2 univers distincts en fonction de la place occupée dans l'échelle sociale. Au sommet, la culture des élites, qui avait subi bien des changements depuis le début du siècle. [...]
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