Sciences humaines et arts, service public et gratuit de l'école, volonté d'intégration culturelle, séparation de l'Église et de l'État, catholicisme de mission, déconfessionnalisation des maîtres, Bloc des Gauches
Restait la question scolaire. Deux conceptions de la société s'opposent à son propos. D'un côté,
un catholicisme de mission vise au maintien d'un lien social communautaire. Il instaure une relation
verticale entre des élites protégeant les faibles et un enfant qui doit apprendre les hiérarchies naturelles,
et entend subordonner l'école à la famille, veiller au respect des traditions locales.
De l'autre côté sont exaltés le service public et gratuit de l'école, la volonté d'intégration culturelle
de jeunes de toutes origines, l'ambition de resserrer un lien national fondant le lien social, le respect du
savoir et de la raison, la prise du risque d'une conscience libre qu'on souhaite réduire par la morale sans
Dieu et l'universalisme des droits de l'homme
[...] La séparation de l'Église et de l'État Restait la question scolaire. Deux conceptions de la société s'opposent à son propos. D'un côté, un catholicisme de mission vise au maintien d'un lien social communautaire. Il instaure une relation verticale entre des élites protégeant les faibles et un enfant qui doit apprendre les hiérarchies naturelles, et entend subordonner l'école à la famille, veiller au respect des traditions locales. De l'autre côté sont exaltés le service public et gratuit de l'école, la volonté d'intégration culturelle de jeunes de toutes origines, l'ambition de resserrer un lien national fondant le lien social, le respect du savoir et de la raison, la prise du risque d'une conscience libre qu'on souhaite réduire par la morale sans Dieu et l'universalisme des droits de l'homme. [...]
[...] Depuis 1903, une commission parlementaire avait œuvré afin de peaufiner un projet que rapporta Briand. Elle récusa un premier projet outrancier de Combes et son travail libéral séduisit une majorité après un long débat à la Chambre du 21 mars au 3 juillet. Briand remarquable plut aux modérés et fut couvert à gauche par un Jaurès éblouissant, convaincu que la France était alors révolutionnaire et non pas schismatique. Ils ont argué aux uns que l'anticléricalisme trop virulent n'était pas opportun, le but n'étant pas de briser l'Eglise pour propager l'athéisme, aux autres qu'il fallait se dégager du gallicanisme et laisser agir la liberté républicaine, à tous qu'il s'agissait ici d'émancipation des individus. [...]
[...] Mais comme l'a montré Jean-Marie Mayeur, la carte des violences (Paris, Flandre, Ouest, sud-est du Massif central et Pays basque) n'a guère à voir avec celle de l'authentique ferveur religieuse : ce combat d'arrière-garde ne blesse pas au cœur. L'adhésion à la République était trop intime pour que la majorité des Français n'ait pas compris les bienfaits de la liberté de conscience. La Séparation scelle la politique républicaine de 1899-1902, redouble le Ralliement. Tous les combattants n'ont cependant pas désarmé. Du côté catholique, l'esprit de reconquête n'a pas fléchi dans des groupes en plein réveil intellectuel, spirituel et social issus du Sillon par exemple. [...]
[...] L'attachement à la patrie imprégnait les manuels scolaires des deux camps et structurait les discours an apparence antagonistes des deux camps. Des correspondances s'établissaient entre les deux camps, transgressant les règles d'un conflit dont Charles Péguy, le converti républicain fut un témoin exemplaire. Il restait à inscrire ce processus dans le nouveau contrat républicain que le Bloc des Gauches s'emploie à faire ratifier. De la dissolution des Assomptionnistes en 1900 jusqu'à l'entrée en vigueur de 1 la Séparation en décembre 1906, la République sortie triomphante de l'Affaire, passée aux mains des radicaux en 1902, vida l'abcès légalement, faisant preuve de vigilance et d'une propension à l'apaisement à la fois ainsi que d'un souci d'armistice : seule l'expulsion des Chartreux en 1903 émut l'opinion. [...]
[...] Cette dérive montre que l'Eglise était mal défendue par les ligues et les associations nationalistes. Contre l'idée de Ralliement, le camp chrétien a commis l'erreur de chercher dans le passé prérévolutionnaire son idéal politique au moment où avec le triomphe de la République se laïcisait le sentiment national et la civilisation des mœurs L'Eglise a perdu la bataille, même si ses petits soldats avaient avancé un argument de poids : c'est parce que le christianisme avait largement contribué à forger l'identité française qu'ils pouvaient livrer aussi ouvertement un combat religieux et identitaire au sein de la citadelle scolaire. [...]
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