A priori tout oppose ces deux pays : cultures différentes, statuts géographiques opposés… Et pourtant, il semble que leur révolution industrielle se soit faite dans les deux cas tardivement. Il faut dès lors se demander ce que ce fait a produit comme éléments communs dans leur évolution économique.
« Révolution industrielle tardive » - nous serions ici dans la période 1870-1880, près d'un siècle après le Royaume-Uni. Faut-il dès lors différencier la première de la seconde révolution ? Le schéma que l'on pourrait parfois supposer doit être remplacé par le modèle du take-off de Rostow.
D'un côté il y la cour, le tsar, les ballerines ; de l'autre, l'empereur, les Shogun. Dans les deux cas, c'est le féodalisme qui bloque leur capacité à accéder à une première industrialisation. En dehors du féodalisme, les deux pays sont très fermés, les étrangers n'ont le droit d'accoster que de manière très limitée. La Russie est moins fermée, mais elle se referme sur son nationalisme au XIXe siècle. Y a-t-il dans ces mondes des éléments porteurs d'une capacité au changement et à l'industrialisation ?
[...] C'est aussi le cas en Russie : industrie textile présente et forte production d'acier. Là aussi le chemin de fer est une activité essentielle avec la construction d'un vaste réseau qui permet la liaison de zones pionnières. C'est le transsibérien. Une forte croissance. On peut estimer qu'entre 1880 et 1914, la croissance du Japon a été de l'ordre de par an, et la croissance russe un peu supérieure. Ces niveaux sont équivalents à ceux de l'Allemagne et des Etats-Unis, les pays se glissent dans les rangs des puissances industrielles mondiales : en 1914, la Russie est la 5e puissance économique mondiale et le Japon probablement la 6e. [...]
[...] L'Etat sera pendant 10 ans créateur d'entreprises : il ouvre des chantiers navals, des mines, des sociétés de chemin de fer. En Russie, l'Etat mène également une politique active de réforme mais aussi une politique économique qui invite les capitaux étrangers à s'installer : l'Etat russe sera aussi créateur d'infrastructures. Les modalités d'industrialisation présentent des similitudes locales : réformes agraires et nouveau cadre juridique Dans les deux cas, la réforme agraire comme point de départ. Elle a lieu en 1861 en Russie avec l'abolition du servage. Elle se fait dans des conditions ambiguës car les moujiks doivent racheter leurs terres. [...]
[...] La Russie s'aide de capitaux étrangers et elle présente la particularité que les sociétés naissent géantes : l'industrie russe en 1914 est l'une des plus concentrées au monde : un ouvrier sur deux travaille dans une entreprise de plus de 500 salariés. III) Une industrialisation rapide qui assure l'émergence des deux puissances, des contradictions pourtant in surmontées Le décollage économique des deux pays Les secteurs clés : le textile en l'espace de 30 ans. Le Japon en devient un spécialiste mondial à travers d'immenses manufactures où parfois des milliers d'ouvrières s'activent. Le Japon devient un grand exportateur du textile. Le Japon développe parallèlement une production sidérurgique et une construction navale. [...]
[...] Seul le port de Nagasaki joue le rôle d'interface. Le régime autocratique tsariste. La Russie aussi est restée un monde féodal marqué par une immense population féodale, analphabète, les moujiks, qui dépendent d'une petite noblesse locale, rurale, dite des barin. Le pouvoir est tout entier incarné par le tsar qui gouverne par oukase. Dans les deux cas, les inerties sont donc considérables. Des conditions de changement pourtant bien présentes L'importance de l'urbanisation. Il y a eu urbanisation dans les deux pays. [...]
[...] Dans les deux cas, la révolution industrielle est-elle venue du haut et du dehors ? Mener une comparaison entre la révolution industrielle de ces deux pays, c'est tenter d'établir une catégorie générale de révolution industrielle tardive, c'est-à-dire dans un premier temps identifier de mêmes blocages, dans un second temps le rôle d'un Etat organisateur et enfin, peut-être, de distinguer dans les deux de mêmes difficultés à la modernisation politique et une même tentation impériale. En Russie comme au Japon, la longue permanence d'un ordre féodale a constitué un handicap fondamental à l'industrialisation Des blocages difficilement dépassables L'accès la révolution industrielle ailleurs a su poser un grand nombre de préalables (cf. [...]
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