La fragilisation de l'Empire russe au début du XXe siècle est telle que sa puissance et son prestige ne semblent plus reposer que sur sa force militaire, ce « rouleau compresseur » de potentiellement 8 millions d'hommes. Sa mise à mal lors de la guerre russo-japonaise de 1904-1905, conjuguée aux difficultés économiques et à l'inflexibilité tsariste provoquent la révolution de 1905, qui donne l'espoir d'une modernisation du pays. Mais cette évolution semble de courte durée alors que Nicolas II semble orchestrer un retour à l'Ancien Régime.
Etant entendu que la modernité correspond à ce qui tend à se généraliser au cours du siècle, ce qui marque l'histoire à venir jusqu'à aujourd'hui, il convient donc de se demander dans quelle mesure la Russie peut être envisagée comme un pays moderne à l'aube de la Première Guerre mondiale.
[...] Les lois fondamentales de 1906 témoignent de la volonté de Nicolas II de garder le plus de pouvoir possible : - Ministres ne dépendent que de l'Empereur pas un régime parlementaire) - Les interpellations de la Douma peuvent être ignorées par le gouvernement - Les crédits militaires, emprunts extérieurs, dépenses de la Cour, traités de commerce échappent au contrôle de la Douma - SURTOUT : le Tsar convoque et ajourne la Douma selon sa volonté. Par ailleurs le système électoral est conçu pour favoriser les plus riches. La pratique du tsar se révèle autoritaire et contraire aux idées à l'origine de loi fondamentale : il dissout les deux premières Douma en 1906 et 1907 car elles appellent une libéralisation du régime, et il modifie le système électoral pour que la 3e Douma, dite Douma des seigneurs soit acquise en majorité à sa cause. [...]
[...] Cela a mené à des évolutions sociales notables mais dont l'ampleur reste limitée face à l'écrasante majorité rurale, qui freine l'accession à une société moderne issue du capitalisme industrielle. En revanche, Les évolutions sociales et économiques n'ont pas réellement trouvé d'échos dans le domaine politique, qui reste d'Ancien Régime dans la pratique. De ce décalage naîtront les révolutions de 1917. [...]
[...] - Des partis nationaux se créent contre la politique de russification des tsars en Ukraine, Pologne, Pays baltes, Les avancées apportées par la révolution de 1905 visent à tempérer le pouvoir absolu du tsar Nicolas II : - Il signe le manifeste du 30 octobre qui garantit les principales libertés et promet la mise en place d'une Douma élue au SU universelle. - lois fondamentales du 10 mai 1906 : Douma élue au SU masculin, interpellation du gouvernement, Douma tempérée par une chambre haute : le Conseil de l'Empire, élue pour 5ans, vote le budget. [...]
[...] La Russie est-elle un pays moderne en 1914 ? Empire le plus étendu du monde connu, doté d'une population extrêmement variée, l'Empire russe est une des puissances majeures dans le jeu politique européen de la fin du XIXe siècle. Sous la direction de la dynastie des Romanov, l'Empire oscille entre réformisme, sous Alexandre II, et réaction conservatrice, sous Alexandre III puis Nicolas II, alors qu'il fait face d'une part à un essor industriel remarquable, et d'autre part à des contestations internes et externes de plus en plus violentes : attentats terroristes, grèves massives, conflits frontaliers, Sa fragilisation est telle que sa puissance et son prestige ne semblent plus reposer que sur sa force militaire, ce rouleau compresseur de potentiellement 8 millions d'hommes. [...]
[...] - Explosion démographique : 1900 : 130M et 1913 : 170 M 17% d'urbains en 1913, et Moscou et St Petersburg font 2M d'habitants. Parallèlement : - Progrès de l'enseignement : 1908 : enseignement primaire obligatoire M d'élèves en 1900, 7M en 1913. - Diffusion de la presse et de la culture : 100 journaux en en 1913. - Progrès scientifiques : Pavlov prix Nobel en 1904 (circulation sanguine). Les mouvements artistiques russes entrent de plain-pied dans la modernité et rayonnent dans le monde. [...]
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