Le XVIIIe siècle a été marqué par une série de microchangements et d'innovations qui ont contribué à améliorer les conditions de vie du plus grand nombre, dans les campagnes et surtout dans les villes. Ils regardent la manière de naître et de mourir, de se nourrir, de se vêtir, de circuler, les formes de la communication et de la sociabilité. Ils marquent également l'entrée de la société française dans le monde de l'écrit, du contrat de mariage soigneusement conservé au roman dévoré en silence. Ils concernent enfin le rapport des Français aux deux piliers de l'Ancien Régime, le roi et la religion catholique.
I. L'amélioration des conditions de vie
1. Des Français plus nombreux
1.1. Une croissance certaine, des causes en débat
Le royaume connaît au XVIIIe siècle - et surtout à partir des années 1740 - une croissance démographique importante, quoique inférieure à celle d'autres pays européens, non linéaire et inégalement répartie dans l'espace : les 22 millions de sujets de Louis XIV sont près de 24,5 millions en 1750, 27 millions en 1775 et 28 millions à la veille de la Révolution. Cette croissance repose sur une baisse de la mortalité dont les facteurs sont multiples et dont il est difficile de mesurer la part respective.
Pour Pierre Goubert, étant donné le rôle principal joué par les subsistances dans le déclenchement des crises démographiques, il faut nécessairement supposer une antériorité du décollage économique par rapport au démarrage démographique. Pour Pierre Chaunu, au contraire, le lien entre cherté et mortalité n'est pas systématique, toutes les famines ne déclenchent pas de crise et il penche pour l'hypothèse d'une antériorité du démarrage démographique par rapport au décollage économique.
Selon Chaunu, la question de l'antériorité du démarrage démographique ou du décollage éco peut être facilement tranchée : d'après lui, si la production avait augmenté la première, l'offre aurait excédé la demande et la seconde moitié du siècle aurait été caractérisée (ce qui n'est pas le cas) par une diminution des prix. Mais cette hypothèse ne tient pas compte de la possibilité d'une offre préalable vraiment insuffisante - cas où la demande reste forte même avec une offre augmentée (d'autant que de nouveaux standards de consommation peuvent apparaître). On constate cependant effectivement de légers progrès agricoles et une baisse de la mortalité.
Les crises restent un des traits structurels de la démographie d'Ancien Régime, y compris au XVIIIe siècle. Mais si auparavant les crises se soldaient non seulement par une augmentation brutale et importante des décès mais aussi par une perturbation des autres paramètres tels que la nuptialité, la fécondité, voire les structures professionnelles (crises démographiques), au XVIIIe siècle, la récupération est plus rapide (on parle de crises de mortalité). 1709-1710 fut la dernière crise majeure de l'Ancien Régime (...)
[...] L'exode rural n'a pas commencé L'amélioration du cadre de vie. Les aménagements urbains du XVIIIe siècle répondent aux considérations esthétiques du néoclassicisme, à des préoccupations fonctionnelles ainsi qu'aux conceptions médicales du temps, dites aéristes. Selon cette conception, l'air stagnant joue un rôle majeur dans la transmission des maladies ; il convient de le renouveler et de le faire circuler. En conséquence, l'espace urbain s'ouvre à l'air et à la lumière : les remparts sont partout détruits, les voies sont élargies, dotées des premiers trottoirs à Paris, les ponts sont débarrassés des maisons qui les encombraient, les rues sont éclairées la nuit (dès 1667 à Paris). [...]
[...] Les signes de désaffection à l'égard du roi sont aussi nombreux. En 1789, l'amour et la fidélité des Français pour leur roi semblent inentamés : dans les cahiers de doléances, le monarque apparaît toujours sous la traditionnelle figure du père, protecteur et justicier. Mais ces images relèvent en réalité d'un discours de convention, de routine, qui n'emporte plus guère l'adhésion. Les cahiers témoignent par ailleurs d'une évolution importante, puisque le roi n'est désormais plus le seul à être qualifié de sacré dans l'ordre du politique : l'adjectif qualifie aussi la nation, les députés, les droits de la personne. [...]
[...] On constate cependant effectivement de légers progrès agricoles et une baisse de la mortalité. Les crises restent un des traits structurels de la démographie d'Ancien Régime, y compris au XVIIIe siècle. Mais si auparavant les crises se soldaient non seulement par une augmentation brutale et importante des décès mais aussi par une perturbation des autres paramètres tels que la nuptialité, la fécondité, voire les structures professionnelles (crises démographiques), au XVIIIe siècle, la récupération est plus rapide (on parle de crises de mortalité). 1709-1710 fut la dernière crise majeure de l'Ancien Régime. [...]
[...] L'entrée des sociétés occidentales dans la culture de l'écrit est une des évolutions majeures de l'époque moderne. Elle se manifeste entre le XVIe et le XVIIIe siècle par les progrès de l'alphabétisation (savoir lire, savoir écrire), par la circulation plus dense de l'écrit (imprimé ou manuscrit), par la diffusion enfin de la lecture silencieuse qui, fondant un rapport solitaire et secret entre le lecteur et son livre, permet la construction d'une sphère d'intimité qui soustrait l'homme au contrôle de la communauté et autorise l'exercice de la critique Les progrès de l'alphabétisation Une société encore largement analphabète. [...]
[...] Une chronologie non linéaire de la politisation. Les moments de déploiement particulièrement intense des mouvements d'opinion sont, pour les catégories populaires, en partie les mêmes que les moments de l'opinion éclairée Il n'y a pas de montée progressive et inéluctable des luttes, mais un certain nombre d'épisodes fondamentaux : - Les affaires jansénistes. Ce moment est d'autant plus important que les Nouvelles ecclésiastiques, paraissent pour la première fois en 1728, et font place à l'opinion populaire. Pour des raisons religieuses les Nouvelles opèrent un déplacement spectaculaire en donnant place au discours des plus humbles. [...]
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