« Le spectacle le plus fréquent était celui des députations de n'importe quoi, allant réclamer quelque chose à l'Hôtel de ville, car chaque métier, chaque industrie attendait du gouvernement la fin radicale de sa misère. » Flaubert, L'Éducation Sentimentale.
Lorsque Flaubert évoque la révolution de 1848 dans un de ses plus fameux romans, le verdict est sans appel : cette révolution n'a rien de glorieux.
Pourtant, le XIXème siècle a été ponctué de révolutions, que l'on peut définir par le changement brusque et profond des structures en place, mené par un groupe en révolte contre l'autorité. On se souvient des révolutions politiques de 1789, 1830, 1848, 1870 et des nombreuses révolutions scientifiques qui ont progressivement bouleversé le monde du travail.
En 1789, la France est une nation essentiellement agricole, l'industrie n'existe pas à proprement dit. Un siècle et demi plus tard, en 1946, la France est entrée dans l'ère de la consommation de masse, alimentée par une industrie moderne et puissante.
Mais devant la lenteur qui fait l'originalité du modèle français, il faut cependant peut-être reconsidérer l'utilisation du terme de « Révolution ».
En effet, à partir de la Révolution Française jusqu'à la fin du Second Empire, la France connait une première phase d'industrialisation mais qu'on ne saurait appeler « révolution » : la place occupée par l'agriculture est encore trop importante. Politiquement, cependant, le constat n'est pas le même : les bouleversements politiques sont le fruit de la contestation des travailleurs français.
Il faut attendre la Troisième République pour que la deuxième phase d'industrialisation change réellement la donne : on perçoit enfin des signes de modernité. Au niveau politique par ailleurs, la France entre dans l'ère démocratique : le suffrage universel musèle les révoltes, mais ne fait pas disparaître l'espoir secret d'un Grand Soir. Enfin, les deux Guerres Mondiales achèvent de bousculer l'économie française. Une fois balayée l'utopie de la Révolution Sociale, un cycle chaotique de mutations politiques finit de donner à la France les clés d'un succès national et international (...)
[...] Les divisions au sein du monde syndical en sont la première conséquence. Par ailleurs, la mise en place d'une législation favorable aux travailleurs est contrebalancée par la répression policière des révoltes, qui tournent parfois au drame : Fourmie, en 1891, puis Draveil, en 1908 sont témoins de ces conséquences tragiques. Et plus largement, la France ne connait pas, entre 1870 et 1914 de véritable révolution sociale ou technique : la part des ruraux reste immense, avec plus de 70% de la population en 1910, et la motorisation n'est effective qu'à partir de Un processus lent, donc. [...]
[...] Un certain nombre de mesures phares permet le nouvel essor de l'agriculture : en 1920, l'Institution Nationale de la Recherche Agronomique est créée, en 1937, l'électrification des campagnes est presque terminée, tandis que les années 1930 voient apparaître les premiers tracteurs. La Seconde Guerre Mondiale est une révolution dans les campagnes, mais à quel prix ? Les politiques de rationnement, l'esprit toujours plus productiviste éloignent le paysan de la tradition : il doit devenir un véritable technicien de la terre. Cependant, on ne peut le nier, le retard français n'est pas totalement rattrapé : quand, en 1940, un paysan français nourrit 5 personnes, un paysan du Midwest fournit, lui, assez de nourriture pour nourrir 15 personnes. [...]
[...] Cette période est marquée par l'approfondissement des modernisations techniques, et le développement de nouvelles formes de résistances politiques : l'ouvrier nouveau est né (Noiriel). Dans les campagnes, on assiste à une révolution silencieuse (Debatisse). Le plan Freycinet, qui va étendre considérablement les chemins de fer à partir de 1880, et, en 1881, la création du Ministère de l'Agriculture, sont les mesures phares de cette période. En effet, parallèlement au début de la deuxième révolution agricole et à l'affirmation des thèses de l'agrarisme, avec l'uniformisation des prix, et les accords de libre-échange signés avec le Royaume Uni, le marché français s'ouvre à la concurrence. [...]
[...] Les révolutions dans le monde du travail en France, 1789- 1789-1870 : Une lente évolution politique, technique et sociale 2. 1870-1914 : Le tournant du libéralisme, de nouvelles formes de résistance pour les nouvelles formes du travail 1914-1946 : Le temps des crises, la révolution forcée Le spectacle le plus fréquent était celui des députations de n'importe quoi, allant réclamer quelque chose à l'Hôtel de ville, car chaque métier, chaque industrie attendait du gouvernement la fin radicale de sa misère. [...]
[...] La figure emblématique du métallo est née : enfin, le monde ouvrier trouve l'homogénéité nécessaire à l'unité des consciences politiques. Et si Napoléon III nourrissait l'ambition de fermer l'ère des révolutions le pouvoir doit accorder au peuple des moyens d'expression, pour museler la violence. Les années 1864 et 1884 sont marquées par la reconnaissance du droit de grève et l'autorisation des coalitions (Loi Waldeck-Rousseau), et en 1895, la CGT fait son apparition sur la scène syndicale. Jules Ferry, en 1871, comprend par ailleurs qu'il faut tuer le mal révolutionnaire à la source : Reprenant le mot de Napoléon, III, il affirme que par l'école, nous fermerons l'ère des révolutions Malgré tout, les travailleurs français sont très peu syndiqués, comparés aux travailleurs anglais ou allemands : seul 10% des ouvriers sont syndiqués, dont à la CGT, même si les syndicats français s'appuient sur une symbolique forte. [...]
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