« Voulez-vous dire qu'il me faut regagner la confiance de mon peuple, ou qu'il lui faut regagner ma confiance ? » disait Nicolas II quelques jours seulement avant que le 8 mars 1917 des femmes venant des faubourgs descendent vers le centre-ville de la capitale Petrograd pour revendiquer du pain. Cette citation illustre fort bien l'histoire tragique des trois derniers empereurs. La Russie est pendant la première Guerre Mondiale, le dernier Etat autocratique, très conservateurs sur le plan social et politique. Les tsars n'ont pas compris que « pour que rien ne change, il faut que tout change ». Qui plus est la Russie arriérée sur le plan économique et militaire après la guerre avec le Japon et les interventions dans les Balkans rentre par le jeu des alliances dans la guerre en 1914; une guerre que la Cour russe souhaite à tout prix remporter. Ainsi, le tsar et son gouvernement oublient leur peuple. L'hiver de 1916-1917 est très rigoureux, les aliments de première nécessité manquent à Petrograd et les masses sont fatiguées et lassées par la guerre. Alors le 8 mars marque le début d'une révolution, la deuxième en Russie après celle de 1905. Les revendications sont similaires mais le résultat est diamétralement opposé. Alors cette révolution est vue comme une victoire par certains, une défaite par d'autres. Le tsarisme chute, les partis politiques ne sont pas préparés, est-ce les libéraux ou les socialistes qui triompheront ? Les mouvements nationalistes qui s'intensifient arrivent-ils à leurs fins ? La révolution marque une rupture, mais est-elle constructrice ? Dans cet ordre de questions, la principale interrogation qui se pose est pourquoi la Révolution du 8 mars 1917 se présente-elle comme une révolution à la fois inévitable, réussite, et destructrice ?
[...] Schapiro dans Les Révolution russes de 1917 : [ ] jusqu'à l'été 1915 ; il n'y eut avant juillet que 157 arrêts de travail. Ultérieurement jusqu'au 22 février 1917, il n'y eut pas moins de 1163 grèves, auxquelles participèrent plus d'un million de paysans. On voit bien donc comment la Révolution qui commence elle-même par une grève est le fruit sou en tout cas la continuation d'un processus d ‘exposition de la grogne vis-à-vis de la situation dans laquelle ils se trouvaient. [...]
[...] La révolution marque une rupture, mais est-elle constructrice ? Dans cet ordre de questions la principale interrogation qui se pose est pourquoi la Révolution du 8 mars 1917 se présente-elle comme une révolution à la fois inévitable, réussite, et destructrice ? Tout d'abord, le syncrétisme d'un régime politique archaïque et de conditions économiques et sociales difficiles trace une route incontournable vers la révolution ; une révolution partie d'en bas qui semble naturelle et menée ensuite par les soldats entraine une anarchie et un désordre institutionnel. [...]
[...] Le bloc progressiste était encore plus surpris et paralyser, puisqu'il voulait à tout prix continuer la guerre, tant que la Russie ne sorte vainqueur, or ceci était impossible après les événements de mars. Sur le plan institutionnel le désordre était total. La douma met en place un comité provisoire qui serait composé au départ des libéraux aristocrates. Très vite les socialistes créés dans une autre sale du Palais de Tauride un soviet prenant comme modèle celui de 1905. Par manque de popularité, la douma se voit obliger de reconnaître la commission militaire fondée par le soviet et d'accorder des postes clés dans le comité à trois socialistes. [...]
[...] Ainsi, même à la veille de la révolution de mars, l'empereur respecte son serment autocrate et n'accepte aucune concession libérale. Sa régence devient plus qu'impopulaire et les masses, mais aussi l'intelligentsia commencent à être lassée par cette politique inadaptée, ainsi que par la guerre difficile, sans fin. Des grèves et des manifestations contre les autorités tsaristes qui ne cessent de croître Qui plus est, l'intensification des grèves qui se transforment de manifestations pacifiques (le 8 mars 1917) en révolution les jours qui suivent est dans la logique d'un processus gréviste qui se développe tout au long de la guerre. [...]
[...] La conjonction de ces facteurs auxquels s'ajoute le dur hiver de 1916-1917, sont à l'origine d'une insuffisance de ravitaillement. Des tonnes de grains pourrissent en Sibérie ou en Ukraine, bloqués par la neige. Rapidement les réserves de farines et de ravitaillement sont épuisées à Moscou et à Petrograd. Ainsi, la guerre et plus concrètement cette pénurie alimentaire sont considérées aujourd'hui par les historiens comme la cause immédiate de la Révolution de mars. Le conservatisme aveugle atteint son paroxysme et le soulèvement massif se voit inévitable, la révolution à raison d'être. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture