Les trois grands espaces des Amériques du Sud et des Antilles, qui correspondent à des métropoles différentes, présentent trois types différents de révoltes établis pour le XVIIIe siècle si l'on se réfère à des critères comme la chronologie, l'origine des révoltés, le type de soulèvement.
Jusqu'en 1720, les mouvements de révoltes indiennes restent négligeables. La majorité d'entre eux sont soumis depuis le XVIe, et les seuls désordres recensés sont quelques mouvements de faible importance ayant lieu dans les régions périphériques de l'empire, mal contrôlées par le pouvoir. Dans les zones centrales correspondant aux anciens empires précolombiens et où l'Etat colonial est le mieux implanté, on ne peut pas parler de résistance indienne.
Comme les révoltes indiennes, elles ont commencé autour de 1720. La première révolte, déclenchée par un gouverneur créole, José de Antequera eut lieu au Paraguay, avec un temps fort entre 1723 et 1731. Elle a été, soutenu par des conseillers municipaux locaux, qui refusaient son rappel par le vice-roi. Le mouvement s'est accéléré vers 1740 (révolte créole de Caracas en 1749).
C'est en parallèle avec la Révolution française que les Antilles connaissent leur plus grand moment d'agitation, de la fin des années 1780 au début du XIXe s. Cette agitation doit néanmoins être replacée dans un temps long, dans la mesure où elle s'inscrit dans une longue tradition de confrontation entre les colons et le pouvoir.
La première indépendance est celle de Saint-Domingue, qui devient Haïti en 1804. Elle constitue cependant, à double titre, une exception : le reste des Antilles reste encore sous domination européenne tandis que les indépendances continentales apparaissent déconnectées de cette première expérience, à la fois dans le temps et dans l'espace.
[...] Dans les zones centrales correspondant aux anciens empires précolombiens et où l'Etat colonial est le mieux implanté, on ne peut pas parler de résistance indienne. Ce n'est plus le cas à partir de 1720-1730 : des révoltes d'importance se multiplient dans les régions rurales des Andes. Elles apparaissent comme des mouvements spontanés, non liés entre eux, limités à la fois dans le temps et dans l'espace. Elles coïncident cependant avec quelques rébellions d'esclaves (Cuba Venezuela, 1730-32, Pérou). Les grandes révoltes sont donc plus tardives, et correspondent aux années 1770-1780. [...]
[...] Les motifs sont souvent économiques. - Lutte contre les compagnies à monopole (ex : Caracas en 1749, le soulèvement rassemblait les grands Créoles, propriétaires terriens, les commerçants, et les gens du peuple) - Lutte contre les fortes exigences fiscales la métropole aggravées par les réformes de la Couronne. Elles expliquent un certain nombre de soulèvements au Pérou et en Bolivie fin 1730. En somme, ces révoltes sont vues comme une réaction à des insatisfactions. En outre, certains historiens ont souligné que le terrain sud-américain avait pu être préparé par la diffusion de l'esprit des Lumières et par l'écho des révolutions nord-américaine et française dans l'empire. [...]
[...] Cette tension entre société et politique colore de manière originale l'histoire des Etats hispano-américains. Annexes Le manifeste aux habitants d'Oruro (1739) Manifeste où sont exposées les raisons des Créoles illustres de notre royaume du Pérou, aussi bien Espagnols (américains) que pauvres Indiens naturels, nous qui, bien qu'étant les uns et les autres les seigneurs légitimes de ce pays, devons vivre dans la tyrannie, l'oppression et I'insécurité à peine moindre que celle des esclaves. Pour les raisons susdites et peut-être en finir avec un pareil esclavage, pour donner la force du courage et inciter à secouer le joug, il est proposé ce qui suit 1. [...]
[...] Il commence une carrière militaire, puis voyage en Europe et aux États-Unis, entre 1799 et 1807. Très influencé par les Lumières et les débuts romantisme, il développe une pensée politique dans laquelle sont associées liberté politique et émancipation. Lors de son retour au Venezuela, il participe aux réunions de la Société patriotique de Caracas, ou il prononce son premier discours (juillet 1811), en faveur de la déclaration d'indépendance du Venezuela. Après l'échec face à la reconquête menée par les Espagnols en 1812, il part en Colombie. [...]
[...] Dès 1810, des provinces de l'empire refusent de reconnaître le pouvoir métropolitain et se dotent d'institutions autonomes. Ces mouvements, au départ loyalistes à l'Espagne, débouchent sur des révolutions politiques. Lorsque le statut colonial est aboli le processus d'émancipation démarre. II Les indépendances conflictuelles de l'empire espagnol Les premières insurrections autour de 1810 Les premiers mouvements indépendantistes qui affectent l'empire espagnol se situent vers 1810 : 1809-1811 dans la vice-royauté de Nouvelle Grenade, 1810-1811 dans la vice-royauté de Buenos Aires, 1810 au Mexique, 1814 au Chili Ces insurrections ont des succès divers, en fonction du degré d'intégration des régions dans lesquelles elles se déroulent dans l'empire espagnol (degré d'intégration se mesurant à l'ancienneté de l'occupation, à l'intensité de l'exploitation économique par les Espagnols, et à la situation géographique au sein de l'empire). [...]
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