La vague révolutionnaire de 1848 a mis en lumière l'incapacité d'adaptation des œuvres de bienfaisance à la société industrielle qui émerge, avec la création d'une nouvelle classe de miséreux, les ouvriers. Les tentatives de canalisation du mécontentement politique et de solution de la misère sociale par la création de grands travaux comme les Chantiers nationaux en France ont elles aussi montré leurs limites avec les révoltes de juin 1848. Enfin les sociétés caritatives catholiques, protestantes et les divers paternalismes de la part du patronat industriel montrent aussi leurs limites pour résoudre la misère sociale , leurs moyens étant très limités face à l'ampleur de la tâche, et leur aide trop moralisante.
De ce fait les Etats européens prennent conscience de la nécessité de définir des politiques de protection sociale, volonté qui se retrouve au sein de tous les régimes politiques , que ce soit les empires, les monarchies ou les régimes libéraux, mais qui sont très variables dans leur application.
Ainsi il convient de se demander comment les Etats européens répondent-ils aux nouveaux défis sociaux imposés par la Révolution Industrielle et quelles types d'actions ils vont privilégier afin de créer des politiques de protection sociale.
Nous verrons dans une première partie que l'on assiste au lendemain des révolutions de 1848 à un même élan dans les Etats européens avec la combinaison d'un conservatisme politique fort avec un renouveau de la protection sociale, moyen pour l'état autoritaire de contrôler les masses dont les contestations sociales pourraient devenir politique.
Puis nous verrons dans une seconde partie que deux modèles de protection sociale tendent à se différencier en Europe, avec d'une part l'interventionnisme autoritaire qui se poursuit et s'accentue en Allemagne et d'autre part l'approche libérale de la protection sociale dans les régimes parlementaires.
Enfin nous verrons que dans la fin du siècle le modèle allemand interventionniste tend à s'imposer et se diffuser avec la remise en cause de l'approche libérale de la question sociale
[...] Billaut, futur ministre de Napoléon III en octobre 1848 qui déclare Je sais bien que cette doctrine de l'intervention gouvernementale poussée à l'extrême mènerait à cette situation intolérable que M de Tocqueville flétrissait l'autre jour du nom de servitude ( ) mais la vérité n'est jamais dans ces suppositions extrêmes, elle n'est pas non plus dans une liberté sans limite, que dans l'omnipotence absolue de la société Apparaît la conception d'un état interventionniste comme avec le projet de médecine gratuite proposée par le docteur Lévy à l'Assemblée en 1851 qui déclare C'est à l'Etat ( ) que doit revenir la tutelle des malades De plus l'article 8 de la constitution de la Seconde République stipule que la République doit par une assistance fraternelle assurer l'existence des citoyens nécessiteux De nouvelles mesures sociales La loi du 22 avril 1850 sur l'assainissement des logements insalubres entraîne l'intervention des pouvoirs publics dans la propriété immobilière. En 1849 la cité ouvrière Rochechouart est construite à Paris. La loi du 2 janvier 1851 établit l'assistance judiciaire, celle du 24 juillet 1851 réforme les monts-de-piété, la loi du 7 août 1851 oblige les hôpitaux des villes à accueillir les ruraux, la loi du 10 janvier 1849 organise l'Assistance publique de Paris et créée les premières crèches publiques enfin la loi du 15 juillet 1850 consacre les sociétés de secours mutuels en établissements d'utilité publique. [...]
[...] La protection sociale dans les démocraties parlementaires Royaume-Uni, entre libéralisme politique et réformisme social Vers 1870 le Royaume Uni ne dispose pas d'un système efficace de protection sociale dont les carences apparaissent lors des crises économiques. La protection sociale reste encore très dépendante de la philanthropie privée, existant sous la forme de sociétés qui sillonnent les villes, comme la Société de secours de Liverpool, mais ne peuvent faire reculer la pauvreté. Certaines municipalités organisent des travaux publics pour employer les plus démunis. Le Metropolitan poor act de 1867 établit des dispensaires pour pauvres. [...]
[...] Aux yeux des dirigeants républicains le prolétariat n'est pas dissociable du reste du peuple. Pour J.Ferry il n'existe pas de solution étatiste au problème de la misère ouvrière. l'Allemagne et son étatisme constituent un contre exemple. b)Les radicaux autour de Clemenceau demandent des enquêtes sur la condition ouvrière dans la crise. Camille Raspail en appelle à la création d'un ministère du Travail et affirme que le gouvernement doit être le tuteur de ceux qui demandent leur vie au travail C'est le libéralisme social qui domine jusque dans les années 1890, la France recherchant à l'inverse de l'Allemagne moins le consensus dans l'idée de sécurité sociale que dans la démocratie politique, accès sur le respect de la propriété et la sécurité Les limites du paternalisme Un moyen de contrôle des ouvriers a)le patronat a pour soucis majeur de retenir les ouvriers par la mise en place d'une politique sociale dans l'entreprise que l'ouvrier perdrait en la quittant. [...]
[...] Cet échec d'une tentative d'un Etat providence autoritaire provoque de ce fait un retour aux idées libérales dans le domaine social. Conservatisme et protection sociale en Prusse La protection sociale un moyen d'obtenir une stabilité politique En Allemagne les révolutions des 1848 consacrent le rejet du libéralisme social. J. von Radowitz, conseiller de Frédéric Guillaume IV souhaite promouvoir une monarchie-providence afin de créer une alliance entre la monarchie et le prolétariat contre la bourgeoise libérale. b)Cependant la politique sociale allemande a beaucoup de mal à s'imposer du fait de l'influence des libéraux. [...]
[...] b)Au Royaume Uni de 1906 à 1914 le parti libéral se convertit à l'idée d'une intervention de l'Etat dans la protection sociale. De plus le contexte social et économique contraint à une évolution des mentalités. La pression des trade unions se fait de plus en plus importante, le chômage et les grèves imposent le vote d'une pension vieillesse non contributive destinée aux plus de 70 ans n'ayant pas 32 livres de revenu par an. En personnes bénéficient de 12 millions de livres. [...]
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