Colonisation, garveyisme, Afrique, empire britannique, indépendance
Dans les territoires subsahariens sous domination britannique, la colonisation a provoqué, comme ailleurs, de profonds bouleversements sociaux qui débouchèrent à leur tour, à partir de l'Entre-deux-guerres, sur l'émergence de nouveaux mouvements de contestation anticoloniale. Ceux-ci prenaient d'une part le relais des grandes révoltes armées qui avaient marqué les premiers temps de la pénétration britannique jusqu'au début du XXe siècle (guerres zulu, ndébélé, ashanti...) ; ils annonçaient d'autre part les luttes pour l'indépendance postérieures à la Seconde Guerre mondiale. Comment se structurèrent ces "mouvements intermédiaires" de résistance ? Quels acteurs impliquèrent-ils ? À quels répertoires d'action empruntèrent-ils ? Telles sont les questions brièvement abordées dans le présent cours.
[...] En Ouganda dans les années 1930, il anima plusieurs mouvements de boycott des marchandises européennes, vendues à des prix jugés prohibitifs. Au Nigeria, en 1929, les femmes du pays ibo organisèrent la lutte - victorieuse - contre les taxes et les auxiliaires du système colonial. L'ensemble de ces actions déboucha en Afrique britannique sur la fondation de premiers syndicats, dès avant la Seconde Guerre mondiale : parmi ceux-ci, le Railway Workers Union du Nigeria, fondé en 1931 pour défendre les employés du chemin de fer de la colonie. [...]
[...] En témoignait la diversité des horizons géographiques de l'équipe qui entourait Du Bois : l'Antillais George Padmore (Trinidad), le Kenyan Jomo Kenyatta, les ouest-Africains Nnamdi Azikiwe, Wallace Johnson, James Casely Hayford, Kwame N'Krumah, le Sud-Africain Peter Abrahams . Tous seraient appelés à jouer un rôle politique important en Afrique après la Seconde Guerre mondiale. II. Écrits et presse Les idées panafricaines furent également relayées en Afrique britannique par les écrits des educated natives. Les intellectuels africains utilisèrent en effet abondamment l'écriture comme instrument de la lutte anticoloniale. En Afrique de l'Ouest britannique, par exemple, on observait dès les années 1920 une floraison de livres, pamphlets, et pièces de théâtres qui critiquaient la colonisation. [...]
[...] Nouveaux mouvements de contestation dans le dépendant empire COURS 3 : NOUVEAUX MOUVEMENTS DE CONTESTATION DANS LE DEPENDANT EMPIRE Dans les territoires subsahariens sous domination britannique, la colonisation a provoqué, comme ailleurs de profonds bouleversements sociaux qui débouchèrent à leur tour, à partir de l'Entre-deux-guerres, sur l'émergence de nouveaux mouvements de contestation anticoloniale. Ceux-ci prenaient d'une part le relais des grandes révoltes armées qui avaient marqué les premiers temps de la pénétration britannique jusqu'au début du XXe siècle (guerres zulu, ndébélé, ashanti?) ; ils annonçaient d'autre part les luttes pour l'indépendance postérieures à la Seconde Guerre mondiale. Comment se structurèrent ces "mouvements intermédiaires" de résistance ? Quels acteurs impliquèrent-ils ? À quels répertoires d'action empruntèrent-ils ? Telles sont les questions brièvement abordées dans le présent cours. I. [...]
[...] Les plus importants d'entre eux étaient nés dans les Amériques noires au début du XXe siècle. C'était le cas du courant appelé "garveyisme", du nom de son inspirateur, Marcus Garvey (1887-1940). Cet intellectuel jamaïcain avait vécu aux États-Unis au tournant du XXe siècle, dans un contexte où, après la Première Guerre mondiale, les Noirs américains traversaient une crise sociale et morale - marquée par la persistance du racisme et des discriminations, ainsi que l'aggravation des inégalités sociales. Analysant cette situation, Garvey reprenait le vieux mythe du "retour à l'Afrique mère" (Mother Africa), et l'intégrait à une idéologie ambitieuse qui prônait la fierté d'appartenir à la race noire. [...]
[...] La gestion d'un journal pouvait parfois s'avérer une entreprise fructueuse, comme l'illustrait l'exemple de Nnamdi Azikiwe, au Nigeria : le futur leader de l'indépendance nigériane fut d'abord un grand patron de presse, possédant plusieurs titres de journaux, qui lui conférèrent un poids économique en même temps qu'une tribune politique. III. Groupes de pression et associations C'est aussi par le biais de groupes de pression que passa la mobilisation des educated natives. Les intellectuels africains avaient pris l'habitude, dans l'entre-deux-guerres, de se réunir dans des cercles de sociabilité spécifiques, sortes de clubs à l'image des cercles européens. D'abord simples lieux informels de rencontre et de discussion, ils devinrent de véritables associations, à buts socioculturels puis économique et politique. [...]
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