1987-88-89 sont trois années de crise du régime avec l'inflation, la corruption grandissante, la réforme difficile et la frustration de la population. Les désaccords quant à la réforme à mener vont conduire à des mouvements de contestation suivis souvent de répression comme en témoigne le massacre de Tiananmen.
Après cet épisode répressif, l'autorité de l'État est en crise. Un fossé s'est creusé entre la population et l'État. Un autre écart progresse aussi, celui entre le secteur politique et le secteur économique. En effet, la Chine tente de s'intégrer dans la mondialisation d'un point de vue économique, mais son régime politique stagne.
Les mouvements sociaux et politiques des années 1990 sont plus confus. On assiste à une renaissance du conservatisme voire du nationalisme. Une partie des Chinois agit en réaction à l'ouverture sur le monde et cherche à réimposer son identité.
[...] Les membres de ces groupes sont des dissidents. Retour de l'humanisme : des intellectuels s'inspirent de la modernité occidentale et des idées des Lumières. Ils critiquent l'idéologie de l'État parti en prônant les valeurs occidentales : liberté de pensée et de création. Développement d'idées libérales nouvelles chez ces penseurs (revue Dushu libérale). Marxisme et maoïsme sont complètement discrédités. Dès l'automne 1985, manifestations étudiantes. Critique du parti, de la manipulation des élections locales : fondation de l'Alliance pour la Démocratie en Chine par des étudiants d'outre-mer. [...]
[...] Ces caractéristiques sont propres à la Chine et elles construisent son identité. Si depuis Tiananmen le mouvement démocratique chinois est brisé, force est de constater que la lutte contre l'arbitraire du pouvoir est toujours en cours. Les ONG se multiplient en Chine, un nouveau combat en faveur des droits civils est né et une société civile semble éclore. La profession de juriste est en plein accroissement en Chine depuis les aspirations à un véritable État de droit. Ces juristes n'ont pas qu'une vocation juridique, ils ont aussi la volonté d'améliorer les conditions sociales de la vie en Chine. [...]
[...] De plus, les mouvements sociaux ont changé de cible. Ils savent que le parti est indétrônable et que l'État est figé. C'est pourquoi ces mouvements agissent de plus en plus au niveau local. Ainsi, les mouvements des intellectuels peuvent mieux toucher les couches populaires. On constate un embryon de société civile en Chine d'après Frédéric Bobin et cela s'observe avec la multiplication de mouvements citoyens comme la défense des consommateurs, des femmes ou de l'environnement. La société chinoise semble être en train de conquérir son autonomie vis-à-vis de l'État même si elle reste difficile à atteindre totalement. [...]
[...] Les mouvements des intellectuels se divisent après Tiananmen. Le pouvoir répressif les empêche d'exercer leurs revendications. Certains gardent leurs idées revendicatrices et d'autres rejoignent des professions intellectuelles supérieures et servent indirectement le système et une sorte de néoconservatisme Les intellectuels sont donc beaucoup moins influents au début des années 1990 et les mouvements réformateurs se font plus rares. C'est ainsi que le pouvoir politique en profite pour se relégitimer et encourager un certain conservatisme via un retour aux traditions. Ces mêmes années, le PC promeut l'éducation patriotique et une volonté de réunification de la mère patrie Quelques intellectuels rejoignent ces idées et rédigent un article nationaliste : La Chine qui peut dire non Un nouveau nationalisme apparaît durant cette décennie et les velléités démocratiques semblent s'éloigner de plus en plus. [...]
[...] Ils prônent la démocratie et l'État de droit : épisode des Dazibaos (articles affichés au mur d'une grande avenue de Pékin et qui témoignent de la colère et de la souffrance d'une partie de la population). Naissance du mouvement du Mur de la démocratie qui regroupe des réformateurs politiques, des réformateurs intellectuels et des activistes démocrates. Mouvements démocrates rejoints par les jeunes : révolution de l'art, de la culture, de la littérature, révolution sexuelle. Ces mouvements réclament la démocratisation politique et la libération artistique. [...]
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