Prolongement et couronnement du XIXe siècle, le monde en 1913 apparaît fortement hiérarchisé entre des pays industrialisés dominants, des pays émergents et d'immenses espaces attardés et dominés. Foyer des révolutions agricole, démographique et industrielle, l'Europe occidentale est à son apogée. Sa croissance s'appuie sur les inventions et les innovations de la seconde révolution industrielle. Exportatrice de produits manufacturés et importatrice de produits de base, elle dirige et domine les échanges mondiaux de marchandises. Sa richesse lui permet de déverser ses capitaux et ses techniques sur le reste de la planète. Son dynamisme démographique favorise le peuplement des pays neufs. Sa puissance politique, militaire, économique et culturelle est renforcée par la mise en tutelle des pays les moins avancés et la constitution d'immenses empires outre-mer.
Face à l'Europe occidentale, les États-Unis sont les seuls en mesure de rivaliser, au moins en termes de volume de production, mais ils restent dépendants du Vieux Continent en matière de peuplement de capitaux et d'échanges. Ils ne jouent encore qu'un rôle marginal sur la scène internationale. S'y ajoute, à un degré moindre, l'émergence du Japon, qui s'est misé l'école des techniques occidentales, et de l'immense Russie, qui a fait appel aux capitaux européens pour entamer son industrialisation. Qualifiées après la guerre de « Belle Époque », les années qui précèdent le premier conflit mondial sont en réalité marquées par de fortes tensions et l'accumulation des menaces. Aux tensions internes de sociétés profondément inégalitaires où les ouvriers, en particulier, se mobilisent pour obtenir un sort meilleur, s'ajoutent les affrontements croissants entre grandes puissances européennes. Source de crises diplomatiques, de déferlements nationalistes, de courses aux armements et aux alliances, ces rivalités conduisent tout droit à la déflagration de 1914-1918.
[...] L'expansionnisme est également lié à des raisons démographiques et économiques. Ouvertement nataliste, le Meiji a interdit l'infanticide et l'avortement, et créé une infrastructure médicale moderne pour réduire la mortalité. La population japonaise passe de 32 millions en 1872 à 52 millions à la veille de la guerre. Le pouvoir peut arguer du contraste entre l'exiguïté des terres agricoles et les besoins alimentaires croissants pour justifier la conquête de terres riches permettant de développer les productions vivrières de base. Le même argument prévaut pour compenser les pénuries en minerai de fer, charbon et matières premières, qui représentent l'essentiel des importations et rendent la balance commerciale déficitaire. [...]
[...] Depuis la guerre de Sécession, ils ont réussi à imposer des tarifs douaniers qui sont les plus élevés du monde. En 1913, les droits sont encore de en moyenne, contre en France et en Allemagne Les premières pulsions impérialistes Le courant impérialiste est né dans les années 1880-1890 et justifie sa propagande expansionniste par des arguments commerciaux - la conquête de débouchés nouveaux, stratégiques, mieux protéger le territoire - et idéologiques, en vantant la supériorité du modèle américain qui combine liberté économique, liberté politique et encouragement à la réussite individuelle. [...]
[...] En 1905, ils ajoutent à la doctrine Monroe qui réserve l'Amérique aux Américains, le corollaire Roosevelt qui attribue aux États-Unis un pouvoir de police sur l'ensemble du continent et leur sert de justification pour les interventions dans leur étranger proche : République dominicaine, Nicaragua, Mexique et Panama, où ils ouvrent un canal reliant l'Atlantique et le Pacifique en 1914. Cet impérialisme de proximité s'accompagne d'une croissance rapide des investissements extérieurs, notamment au Canada, au Mexique et dans les pays d'Amérique centrale. En 1913, cependant, les capitaux étrangers investis sur le territoire américain, qui atteignent 7 milliards de dollars, sont deux fois plus importants que les capitaux américains investis à l'extérieur. B. Le réveil du Japon 1. [...]
[...] Pionnière du capitalisme individuel ou familial, l'Angleterre manque de grandes entreprises. La préférence des milieux financiers pour les investissements extérieurs favorise un vieillissement technique qui pèse sur sa productivité et ses prix, et entraîne des pertes de marchés extérieurs ainsi qu'une forte pénétration des produits étrangers moins chers sur son marché intérieur. Certes, le pays compense son déficit commercial par les revenus que lui procurent ses capitaux placés ou investis à l'extérieur, ses banques, ses sociétés d'assurances et sa flotte de commerce, qui représente encore du tonnage mondial. [...]
[...] L'agriculture a également progressé, malgré les lourds prélèvements initiaux. La surface utilisée a augmenté d'un tiers, le recours à l'irrigation, aux engrais, aux sélections des semences dope les rendements, la production globale a doublé et même triplé pour le riz Un expansionnisme précoce Il s'appuie d'abord sur des considérations stratégiques. La proximité de la Russie et de la Chine ainsi que la longueur démesurée des côtes conduisent les milieux dirigeants à affirmer que la défense stratégique de l'archipel suppose la création d'une zone de protection. [...]
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