« On a tout détruit, il s'agit de recréer. Il y a un gouvernement, des pouvoirs, mais tout le reste de la nation, qu'est-ce ? Des grains de sable (…) sans système, sans réunion, sans contact (…). Nous ne l'aurons pas (la république) si nous ne jetons pas sur le sol de la France, quelques masses de granit ». C'est dans ce discours prononcé devant le Conseil d'État le 8 mai 1802 que Napoléon Bonaparte, comme Tocqueville quelques décennies plus tard, définit l'atomisation de la société qui découle de la Révolution française : les individus n'agissent plus que dans leurs propres intérêts, et ainsi la société se dissout. Les "masses de granit" sont donc des socles (institutions, valeurs…) sur lesquels Bonaparte veut établir une société stabilisée, c'est-à-dire ressoudée, unie sous un même système de valeurs, de lois, mais aussi d'aspirations communes.
[...] Une volonté originelle de stabilisation politique, sociale, et économique Dès le début du nouveau régime, Napoléon Bonaparte exprime sa volonté de mettre un terme aux divisions nées de la Révolution : ce sont les prémices des masses de granit . La pacification religieuse : Il rompt les liens entre la Contre- révolution royaliste et le catholicisme réfractaire en instaurant la liberté de culte en décembre 1799. La pacification religieuse est pour lui l'un des éléments de stabilité de la société. [...]
[...] Les listes d'émigration sont closes en janvier 1800, et le 26 avril 1802 une amnistie générale leur accorde l'accès aux fonctions publiques. B. Le Code Civil, l'édifice fondamental des masses de granit garant de la cohésion Mis en place le 22 mars 1804, le Code Civil (Code Napoléon) est l'aboutissement d'un projet social visant à solidifier la société en tempérant l'individu par un principe d'autorité. Il s'axe fondamentalement autour de la propriété. Le Code civil a pour ambition de terminer la Révolution en garantissant la stabilité de la société. [...]
[...] Il y a aussi la création d'une école spéciale militaire : Saint-Cyr, une militarisation de l'Ecole Polytechnique, la conservation de l'Ecole des Mines et de l'Ecole des Ponts et chaussée l'enseignement encore une fois très axé sur les Sciences et non sur les Lettres et la Philosophie : on retrouve la peur de Napoléon de voire des jeunes gens acquérir la capacité à développer un esprit contestataire ou d'opposition quelconque. Enfin, il y a un essor général de l'enseignement (création supplémentaire de 10 écoles de droit de médecine d'histoire naturelle, physique et chimie d'art mécanique et chimique de mathématiques transcendantes de géographie d'histoire et d'économie politique de dessin) C. La Légion d'honneur Cette masse de granit est créée le 19 mai 1802. [...]
[...] Une véritable volonté de retour à l'ordre tout en conservant les acquis de la révolution (liberté, égalité ) elle a ainsi ancré des institutions et des principes qui, à travers différentes évolutions, perdurent encore dans notre société actuelle. Toutefois, il faut aussi considérer ces masses de granit en tant qu'instrument de Napoléon pour réunir la société sous son pouvoir. Les masses de granit furent donc les édifices qui réunirent ces grains de sable (les citoyens français après la Révolution) dans une société stable, mais ce fut aussi un moyen de domination des élites à travers un système finalement inégalitaire. [...]
[...] Ainsi, la propriété constitue un point central puisqu'elle est réaffirmée comme inviolable et sacrée. Ce primat de la propriété s'exprime dans divers domaines, favorisant le propriétaire, quel qu'il soit. Ainsi : Le patron dispose de prérogatives importantes par rapport à l'ouvrier : par exemple, en cas de litige, le patron est cru sur parole par le tribunal tandis que l'ouvrier est sommé d'apporter des preuves pour se défendre. De plus, le droit de grève n'est pas reconnu et toute coalition entre ouvriers est interdite. [...]
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