Longwy, immigrés et prolétaires, G. Noiriel, grande industrie, rationalisation, paternalisme, front populaire, monde ouvrier
Jusqu'au milieu du XIXème siècle, les petites forges du canton de Longwy restent immergées dans le monde rural. A partir de 1880, l'inauguration de la voie ferrée Paris-Charleville-Longwy est ainsi un tournant pour la sidérurgie locale : pour lutter contre la concurrence qui s'accroit, de grandes entreprises s'implantent dans le bassin. Dès lors, le patronat s'ingénue à trouver les moyens d'augmenter la production, tout en luttant contre les revendications d'une classe ouvrière en formation dans la région. Comment la ville de Longwy devient-elle, au cours du XXème siècle, une ville symbole de la grande industrie, un « empire du fer et du feu » ? Quelles sont, jusqu'en 1946, les évolutions dans l'organisation du travail industriel et dans la société ouvrière lorraine ?
[...] * Les revendications : Refus du système de salaires « à la tâche » et de primes. Réaction à « l'oppression » et à « l'exploitation » du patronat. Refus de la « caserne », dénonciation des œuvres philanthropiques jugées humiliantes. * En 1905 apparaissent, dans la région de Longwy, les signes d'une identité ouvrière détachée du patron et de l'entreprise, et même construite contre eux. L'existence d'un groupe s'affirme, l'unité ouvrière se renforce. Cependant la plupart des grèves de 1905 se soldent par un échec. [...]
[...] Les conditions de vie des prolétaires à Longwy au début du siècle. Prolétaires et immigrés sont entassés dans des « cantines » insalubres, exposés aux maladies, aux intempéries et à l'incendie. Les ouvriers se succèdent, le jour et la nuit, dans les mêmes lits. Les villages, qui deviennent des villes, n'ont pas les équipements indispensables : une incroyable mortalité sévit dans la région. On a de plus affaire à un univers de célibataires (environ 55% des ouvriers français, et 75% des immigrés) : débauche, violence, prostitution sont de mise. [...]
[...] Cependant, pour beaucoup, l'exode est de courte durée. A la fin 1941 la moitié des habitants du canton sont revenus. * Les usines remises en marche, mais elles travaillent principalement pour l'Allemagne. De plus l'activité est très faible, elle correspond à environ 20% de la production d'avant guerre. * La misère des ouvriers est poussée à son paroxysme, et une certaine solidarité se développe au sein de l'entreprise. Dans les années 1942-43 la charte de travail commence à être mise en application. [...]
[...] Un tournant pour les travailleurs. Durant l'année 36, le nouveau gouvernement prend de nombreuses mesures sociales : la durée de travail hebdomadaire est fixée à 40 heures, un minimum de salaire est garanti, on accorde aux travailleurs deux semaines de congés (etc.). Ces changements provoquent dans le milieu ouvrier un immense élan d'enthousiasme, et de confiance dans le nouveau gouvernement. La naissance des organisations ouvrières de masse. * Du fait de l'engouement pour le nouveau gouvernement, auquel s'ajoute l'adhésion d'une nouvelle génération de militants, l'activité communiste reprend dans le Bassin de Longwy. [...]
[...] Mais ces grèves sont, dans l'ensemble, un échec. Les patrons font bien quelques concessions sur les salaires, mais les pratiques répressives de 1905 recommencent. Des syndicats toujours recommencés. * En 1922, après une année de flottement, le syndicat de la Providence reprend son activité militante. Cette nouvelle volonté de lutte s'accompagne de la création de journaux militants, ainsi que de la construction de la Maison du Peuple, à Hussigny. L'année 1926 voit le paroxysme de la lutte. Mais le processus est désormais classique : aussitôt l'organisation réapparue, les grèves recommencent et les patrons répondent par une répression toujours plus forte. [...]
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