Ligue des patriotes, Henri Martin, Paul Déroulède, patriotisme républicain, IIIe République, LPIF Ligue Patriotique des Intérêts Français, affaire Dreyfus, Georges Clémenceau, boulangisme, Jules Guérin, nationalisme, enseignement militaire
À l'origine la Ligue des patriotes se veut franchement républicaine. Elle est fondée le 18 mai 1882 et sa présidence est confiée à un ancien élève de Michelet, l'historien Henri Martin, en plus d'être patronnée par Victor Hugo. Mais c'est Paul Déroulède qui, dès son origine, insuffle sa cohérence à la Ligue. Né en 1846 (il mourra en 1914), Déroulède a fait la guerre de 1870 comme engagé volontaire. Auteurs de nombreux textes patriotiques (Le chant du soldat en 1872) c'est à ce titre qu'il est soutenu par le gouvernement pour fonder sa Ligue : il s'agit d'éduquer le patriotisme républicain des jeunes Français.
[...] C'est désormais la Ligue et les socialistes regroupés par le programme de l'intransigeant de Rochefort qui vont fournir l'encadrement au mouvement boulangiste. Forte de adhérents parisiens (et environ pour toute la France), la Ligue peut facilement déclencher les manifestations de masses, voire les insurrections. C'est essentiellement la Ligue qui, en 1887, parvient à paralyser entièrement la Gare de Lyon pour empêcher Boulanger de partir, parce que Déroulède vient de lui apporter son soutien officiel lors d'un meeting parisien (27 juin 1887). [...]
[...] La Ligue des patriotes se rapproche d'une Ligue conservatrice et anti-dreyfusarde : la Ligue de la Patrie Française, forte de quelque adhérents. Ces deux Ligues tâchent également de fusionner avec une ligue dirigée par Jules Guérin, la Ligue antisémitique de France (cf. infra). Le gouvernement de défense de la République, formé par Waldeck-Rousseau fin juin 1899 va vivement réagir : toutes les Ligues sont dissoutes, et les principaux meneurs traduits devant la Haute Cour de justice, dont Déroulède, condamné le 5 janvier 1900 à dix années d'exil. [...]
[...] Au moment de la création de la Ligue, lorsqu'elle était appuyée par le gouvernement, cet objectif avait été retenu. Mais Ferry, ministre de l'instruction publique, ne tient pas la promesse du pouvoir, et remplace l'instruction militaire par de simples exercices physiques. C'est de cet abandon de l'instruction militaire à l'école que vient la première opposition de Déroulède à la Troisième République et de là également que vient sa haine farouche à l'égard de Ferry (il écrit contre lui un pamphlet en 1882 intitulé De l'éducation militaire). [...]
[...] La Ligue n'est ni de gauche ni de droite : elle se reconnaît dans le culte de la nation et d'une société encadrée par les vertus militaires. C'est cette volonté de redressement qui fait du mouvement un mouvement pessimiste ; pessimisme à l'égard de la République opportuniste dont la démocratie, le libéralisme et le parlementarisme sont haïs. En 1889, Déroulède préfère le coup d'État aux élections, quitte à en appeler ensuite au plébiscite : le scénario est le même en 1899. [...]
[...] Il est persuadé qu'avec le climat de l'affaire Dreyfus, il va réussir une révolution populaire soutenue par l'armée . Il pense qu'une minorité activiste peut rencontrer l'adhésion massive de tous ceux qui rejettent la démocratie parlementaire. Du 19 au 22 février 1899, malgré les interdictions de la police, Paris est en proie à des manifestations diverses, toutes hostiles au régime, que ce soient les royalistes, les blanquistes ou les ligueurs. Le 23 février, Déroulède attend une manifestation de masse que soutiendrait la garnison armée de Paris : il s'agit de battre par la force la police et de marcher sur l'Élysée. [...]
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