Malgré l'affiliation à la Triple Entente de 1882, le nouveau gouvernement dirigé par Salandra, issu de la droite conservatrice, proclame la neutralité du pays le 2 août 1914. Les causes sont multiples : le pays n'était pas préparé militairement et économiquement, il sortait d'une période de graves troubles sociaux (la “semaine rouge”), se caractérisait par l'absence d'Union sacrée et souhaitait donc la paix. D'autre part, l'Italie est militairement faible, et Giovanni Giolitti, président du Conseil jusqu'en mars 1914, en est le premier conscient. Il veut éviter que le pays n'entre dans le conflit, car il a l'expérience de la guerre de Tripoli.
La classe politique italienne fût approchée pendant les premiers mois par les deux parties en guerre, au fur et à mesure que l'optimisme initial, tenant à une guerre courte, reculait. L'Italie devenait un enjeu important pour les pays engagés dans le conflit. Le Marquis de San Giuliano, ministre des Affaires étrangères, ne répond pas tout de suite et fait monter les enchères au plus offrant. Il meurt en octobre 1914, et Sidney Sonnino, rival de Giolitti prend sa relève.
Le choix est relancé: soit négocier avec l'Autriche-Hongrie pour la neutralité, soit demander des territoires à l'Entente pour l'intervention. Il se porte d'abord vers les Aurichiens : Salandra demande la cession immédiate des terres irrédentes, avant la fin de la guerre. Cependant, l'Autriche ne peut pas accepter.
Le 26 avril 1915, le Traité de Londres, secret, est signé. L'Italie promet de déclarer la guerre à l'Autriche-Hongrie avant un mois, aux côtés des Alliés. Elle demande en retour des territoires, dont les terres irrédentes. Dans l'urgence, conscients que l'Italie est indispensable et pour éviter que les enchères ne montent, les Alliés acceptent.
Les négociations menées par Salandra, Sonnino et le roi Victor-Emanuel II s'achèvent. Cependant, en Italie, le consensus est loin d'être total, au sein de l'opinion publique et de la classe dirigeante. Il faut donc analyser plus largement, à travers la société italienne, les autres conditions de l'entrée en guerre.
La seconde condition d'entrée en guerre résulte du débat entre interventionnistes et neutralistes, qui débute en juillet 1914 et se terminera en mai 1915. Avant l'automne 1914, l'interventionnisme n'obtient pas la majorité des opinions, la classe politique préférant rester prudente. A l'automne, il ne fait plus aucun doute que l'Italie interviendra avec les Alliés. La vraie bataille entre interventionnistes et neutralistes s'engage. Les actions se renforcent, notamment pendant le mois de mai 1915, dont le poids a été considérable.
[...] Face à la situation, Salandra démissionne. Le roi refuse et clôt en quelque sorte les débats en imposant de fait l'intervention. Le roi, Salandra et Sonnino voient dans la guerre un moyen de faire reculer la crise, et d'instaurer une plus grande discipline dans le pays. Le 22 mai 1915, Luigi Cadorna reçoit le commandement de l'armée et la mobilisation commence. Les interventionnistes, même s'ils furent largement minoritaires, l'ont finalement emporté. Cette évolution marque les limites de la démocratie italienne. [...]
[...] L'entrée en guerre des Italiens ne fut donc pas décisive dans ce domaine. L'autre problème vient du général Cadorna. Il veut commander seul, sans contrôle des dirigeants politiques. Le résultat de ces difficultés entre le gouvernement et l'Etat major entraîne le mécontentement du pays. Le 15 mai 1916, les Autrichiens lancent une “expédition punitive” contre l'Italie, qui échoue, mais qui affaiblit Cadorna. Cependant c'est Salandra, le chef du gouvernement, accusé d'avoir voulu la guerre, qui est obligé de partir. Un gouvernement d'union nationale est mis en place, mais il manque cruellement d'autorité. [...]
[...] Les juges ont pour consigne de ne pas se montrer compréhensifs. Le mécontentement était contrôlé, mais les soldats complètement démoralisés par rapport à la façon de mener la guerre, par “coups d'épaule” peu productifs. Cadorna se trouvait de plus en plus isolé puisqu'il était détesté par les soldats et en conflit avec le gouvernement. Profitant de la faiblesse de l'armée, l'Autriche-Hongrie décide d'attaquer avec l'aide des Allemands à Caporetto. -Le désastre de Caporetto: A la fin du mois d'octobre 1917, le front italien est détruit à Caporetto grâce à la puissance allemande qui attaqua l'armée sur ses points les plus faibles.Ludendorff, qui dirige l'armée allemande, veut reprendre l'initiative sur le front, craignant que les Italiens ne puissent l'emporter lors d'une douzième bataille de l'Isonzo. [...]
[...] Le mouvement mussolinien entretient un lien étroit avec la guerre en la sacralisant. Face aux autorités politiques en place qui n'arrivent pas à gouverner, faute de vrai programme politique, les mussoliniens se sont rassemblés et organisés autour de véritables structures politiques, paramilitaires, et associatives: création de l'Association des Arditi d'Italia par Mario Carli, qui rassemble les anciens combattants héroïques des bataillons d'assaut; fondation d'un parti futuriste italien avec des artistes nationalistes, interventionnistes et liés aux anciens combattants; création des Faisceaux de combat, qui ont pour objectifs de s'opposer à l'opinion neutraliste ralliée à Wilson, et fonder une force politique antiparlementaire, préconisant l'usage de la violence; fondation de l'Association nationale des anciens combattants (ANC). [...]
[...] D'autre part, les discours en faveur de la paix se multiplient. Ainsi, Claudio Treves, membre du groupe parlementaire socialiste, prononce un discours le 12 juillet, qui eût un large retentissement. Il déclare notamment que prochain hiver ne se passera pas dans les tranchées”. Le pape Benoît XV lui-même juge la guerre comme carnage inutile” et la condamne sévèrement. Il appelle à conclure une “paix juste et durable”, risquant de justifier les différentes formes d'insubordination. Le mécontentement des troupes augmente face à la stratégie offensive de Cadorna, pour qui remporter la victoire est le plus important justifiant ainsi d'énormes pertes. [...]
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