[...]
La tâche qui attend le gouvernement provisoire est immense :
- Militaire : une convention d'armistice aboutira au traité de Francfort le 10 mai 1871. Les conséquences sont lourdes pour la France : annexion de l'Alsace-Lorraine par l'Allemagne, dette de guerre énorme, sans parler du traumatisme psychologique : territoire amputé, perte de la supériorité militaire de la France.
- politique : adapter le régime de fait au droit : élaborer une Constitution.
Pour sortir du provisoire, l'organisation d'élections législatives s'impose.
La paix ou la poursuite de la guerre est l'enjeu principal de la campagne.
Les élections ont lieu de nouveau au suffrage universel. Les électeurs votent en suivant les consignes des préfets, des maires et des curés. La province vote donc massivement pour les candidats royalistes non par désir de rétablir la monarchie mais parce qu'ils sont partisans de la paix. Ce sont donc des notables, propriétaires terriens, grands bourgeois, détenteurs d'une certaine autorité, candidats pour lesquels évêques, curés, et clergé faisaient campagne avec tous les moyens dont ils disposaient.
Les résultats sont les suivants : sur 675 députés (réduits à 645 après le départ des députés d'Alsace-Lorraine) :
400 monarchistes qui se répartissent de manière à peu près égale entre légitimistes et orléanistes.
230 républicains divisés en 3 grandes tendances : la gauche (Gambetta), le centre, républicain convaincu (les 4 Jules : Grévy, Ferry, Favre, Simon), la droite des républicains de raison (Thiers, Casimir-Périer).
C'est donc une assemblée majoritairement monarchiste, conservatrice, catholique, anti-sociale qui choisit comme chef du gouvernement Adolphe Thiers qu'elle désigne comme chef du pouvoir exécutif de la République française le 17 février 1871.
C'est l'homme de la situation. Homme expérimenté, il est à 73 ans suffisamment républicain pour plaire aux républicains et suffisamment conservateur pour être toléré par la majorité monarchiste de la chambre.
Les événements vont vite lui donner l'occasion de montrer son autorité. C'est la Commune de Paris (mars-avril 1871).
La Commune est un mouvement qui est l'expression d'un républicanisme ultra, antireligieux, jacobin, prolétarien, alimenté par les résultats électoraux et la méfiance envers cette assemblée majoritairement monarchiste qui après avoir siégé à Bordeaux avait choisi de s'installer à Versailles (...)
[...] Mais celui-ci meurt en 1882, et son groupe fusionnera avec les ferrystes ce qui ne fera que renforcer l'assise politique de Jules Ferry. Néanmoins, sous la présidence Grévy, plusieurs gouvernements se succèdent. C'est le début des crises ministérielles qui deviendront l'une des caractéristiques du régime (la dérive progressive vers le régime d'assemblée). Cette instabilité ministérielle s'accompagne paradoxalement d'une stabilité du personnel ministériel. Jules Grévy est réélu à la présidence de la République en 1885, mais 2 ans plus tard, il est mis en demeure par les chambres de démissionner, son gendre (Daniel Wilson) ayant été inculpé pour trafic d'influence. [...]
[...] Cette évolution vers la gauche correspond à un renouvellement du personnel politique. Les républicains de la première génération (Gambetta, Grévy et surtout Ferry) avaient mis en place le mécanisme institutionnel. Désormais, les partisans du mouvement préconisent les réformes économiques et sociales (réformes de structure). Cette période qualifiée de repos trompeur prend fin en 1894 lorsqu'éclate l'affaire Dreyfus, laquelle raisonnera comme une onde de choc considérable sur l'ensemble de la classe politique et plus généralement sur la société française toute entière. [...]
[...] - Un courant activiste se développait en Algérie et en France et estimait que pour sauver l'Algérie française un coup d'Etat était nécessaire pour instituer un pouvoir fort. En fait, la déliquescence du pouvoir n'était que la traduction de la déliquescence de l'opinion. La situation était mûre pour une crise majeure. Des rumeurs de complots circulaient ça et là. Le moindre incident était susceptible de donner le signal de l'éclatement de la crise : ce fut la journée du 13 mai 1958. [...]
[...] La démission de Jules Grévy en octobre 1887 suite à l'affaire Wilson renforce le sentiment anti- parlementariste d'une partie de l'opinion. Et Boulanger ne peut que canaliser les mécontentements. Le 27 janvier 1889, suite à une élection législative partielle à Paris (pourtant réputé fief inébranlable du radicalisme) Boulanger est élu député à une majorité écrasante. ses partisans l'adjurent de marcher sur l'Elysée mais celui-ci renonce. Il n'est pas un général de coup d'Etat. La République est sauvée mais l'avertissement est sévère. Le régime va devoir contre-attaquer rapidement. [...]
[...] L'influence politique et idéologique y est partagée entre Jules Guesde et Jean Jaurès. Ce parti va s'appuyer sur un organe de presse nouvellement créé (en 1904) : l'Humanité. Répondant aux injonctions de la Deuxième internationale, à laquelle elle adhère, la S.F.I.O. ne participera plus aux gouvernements radicaux jusqu'en 1914, même si certains socialistes indépendants (Briand, Viviani, Millerand) braveront cet interdit. Jean Jaurès, lui, s'inclinera, non sans amertume. Le réformiste qu'il était semblait davantage convaincu par la participation gouvernementale que par la crispation révolutionnaire. [...]
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