Histoire sociale, France, XIXème siècle, 19ème siècle, école laïque, maitres, zone rurale, obligatoire, mixité, clergé, religion, catholicisme, primaire, secondaire, supérieur, enseignement, latin, français, rhétorique, brevet, alphabétisation, illettrisme, lire, compter, écrire, Ferry, Guizot, Duruy
À l'origine, l'enseignement primaire, hermétiquement coupé du secondaire et ne fournissant que des rudiments sans perspective ultérieure, échappe à l'État. Il est organisé au niveau local.
On constate de grosses différences selon les lieux, surtout entre le sud et le nord d'une ligne Saint-Malo/Genève : le nord est plus alphabétisé, sans que l'on ait d'explication précise (au cours du siècle, le sud fait plus que remonter son retard, peut-être parce que la désindustrialisation lui interdit de proposer des emplois ne passant pas par un minimum d'instruction). Autre disparité, spectaculaire, entre villes plutôt alphabétisées, et campagnes, nettement moins. Cependant, lorsqu'on dit cela, on exclut des villes le prolétariat issu de l'exode rural, qui constitue une bonne part de leur population mais relève du monde rural, pour sa formation ou son absence de formation... Enfin, les filles sont moins scolarisées que les garçons, d'autant que l'Eglise condamne toute mixité.
Enfin, il faut noter que les scolarités sont irrégulières, hachées par les travaux agricoles, interrompues par le placement précoce comme salarié. Au total, en 1863, 13% des enfants sont analphabètes.
[...] Mais l'existence d'au moins trois classes séparées est inadaptée à la réalité des petites écoles rurales, d'où le maintien de la méthode individuelle, puis un compromis à travers la "classe unique". Quelle que soit la méthode, on tente d'enseigner l'orthographe, une nouveauté remontant au siècle précédent (la règle d'accord du participe passé a été énoncée en 1767). En pratique, au début du siècle, les enseignants font faute sur faute. L'enseignement de la grammaire est mécanique, fondé sur un rabâchage sans applications, et les tentatives de Duruy pour promouvoir la "dictée de grammaire" ont peu d'échos. [...]
[...] Mais cette loi prévoit une "école normale" dans chaque département, pour la formation des maîtres. La première a été créée à Strasbourg dès 1810, "normale" est un germanisme. Elles sont 47 en 1833, caractérisées pas leur discipline, un recrutement sur concours, le fait que leurs élèves bénéficient de bourses, ce qui les rend plus attractives, et qu'ils y préparent en théorie les deux brevets, mais, en pratique, surtout l'élémentaire. La formation est limitée, même si elle inquiète des notables qui les tiennent pour des pépinières de mal-pensants, leur utilité fait cependant que même la loi Falloux de 1850 ne les supprime pas. [...]
[...] Le discours de l'opposition, et de l'Eglise, n'a en ce domaine que peu à voir avec la réalité. Il n'y a guère de coïncidence dans les rythmes entre la déchristianisation (ou le détachement religieux) et les progrès de l'école de Ferry. D'ailleurs, en 1882, les "devoirs envers Dieu" restent inscrits au programme, au chapitre de la morale (mais l'Eglise catholique du Syllabus ne peut accepter une définition vague de Dieu, qui la met sur le même plan que d'autres religions, de même qu'elle condamne un manuel de Paul Bert, dans les années 1880, qui dit aux enfants que plus tard ils seront libres d'aller à l'Eglise ou de ne pas y aller). [...]
[...] Le supérieur est embryonnaire, avec 10.000 étudiants en 1870, surtout en droit et médecine. Les facultés de lettres et de sciences ne sont guère là que pour assurer les épreuves du baccalauréat, grade universitaire. Elles n'ont presque pas d'étudiants, pas de bibliothèque, sauf à Paris, pas de laboratoires en sciences. La licence est composée d'épreuves rhétoriques, liées à ce qui est pratiqué dans le secondaire. Les lieux de recherche sont ailleurs, à Paris, Museum d'histoire naturelle, Collège de France ou, à partir de 1868 (autre innovation de Duruy), École Pratique des Hautes Études. [...]
[...] Pour ce qui est des méthodes, on tâtonne. Celle dite individuelle est fort répandue ; l'enseignant s'occupe des élèves les uns après les autres, ce qui répond à une réalité où des enfants d'âges différents sont mélangés, et où l'absentéisme fait que d'un à l'autre les connaissances diffèrent. Parmi les enfants dont le maître ne s'occupe pas à un moment donné, cela crée un franc désordre. Cette méthode résiste dans de nombreux cas jusqu'aux débuts de la Troisième République. Mais à partir de 1815, sur un modèle anglais, se développe la méthode mutuelle, où un enseignant est relayé par des élèves-moniteurs, répartis dans la salle, et qui dirigent des exercices en utilisant des tableaux muraux. [...]
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