En 1920, à propos du futur parti communiste, Raymond Lefebvre, écrit : « C'est l'enfant du malheur. Il a été conçu pendant la guerre capitaliste ». Il souligne ainsi l'influence de la Première Guerre mondiale dans la création du parti. Le traumatisme que représente le conflit, la volonté d'une paix définitive et la difficile réinsertion d'une classe ouvrière qui peine à se faire à l'explosion des prix et du chômage sont à l'origine d'un fort malaise social. La révolution russe d'octobre 1917, qui pourrait être une source d'espoir face à cette situation, suscite plutôt une crainte au sein de la SFIO face à la perspective d'un retrait des troupes russes. De plus, la majorité des socialistes et des syndicalistes français restent persuadés que le modèle bolchevique ne peut s'appliquer en France, le socialisme français possédant une tradition démocratique et parlementaire. Mais quelques groupements politiques français se positionnent déjà en faveur du communisme comme l'éphémère Parti communiste de Raymond Péricat, créé en 1919. Surtout, une forme de légende se forme, idéalisant le régime bolchevik, vu comme plus démocratique que le système français, et comme intrinsèquement pacifiste, légende qui attire de nombreux intellectuels dont Henri Barbusse. Lénine crée le 4 mars 1919 la IIIe Internationale dans le but de centraliser les mouvements communistes qui naissent en Europe. La question de l'adhésion de la SFIO à cette organisation est alors posée. Elle initie la création du parti communiste en France.
Nous nous intéresserons ici à une période clef pour le PCF, celle s'étendant de 1920 à 1945. 1920 est l'année de la naissance de ce parti qui bénéfice alors d'une image très positive au sein de la classe ouvrière et chez certains intellectuels, tandis qu'en 1945, le PCF est le premier parti de France et a été bouleversé par son expérience de la guerre. Entre ces deux dates, le PCF connaît de nombreuses difficultés, son influence est souvent faible tandis qu'il semble montrer une adhésion sans faille à l'URSS, au détriment parfois de l'intérêt français.
Comment expliquer les variations de l'influence du PCF au cours de cette période ?
Dans un premier temps, nous montrerons que le PCF est un parti tout à fait original mais qu'il se marginalise rapidement, de 1920 à 1934. Ensuite, nous soulignerons le rôle du PCF face au Front Populaire (1934-1936). Enfin, nous étudierons le rôle ambigu du parti dans le Second conflit mondial (1939-1945) (...)
[...] On peut alors parler d'un communisme national. Pour autant, il conserve des liens très forts avec Moscou. Le PCF profite aussi de l'enthousiasme qui domine dans la classe ouvrière qui a la sensation d'être enfin écoutée par le monde politique. Une forme de mythe d'une société nouvelle et généreuse se met en place qui profite largement au parti Tensions et rupture du Front Populaire - Très rapidement, des divisions apparaissent entre les partis du Front Populaire : le PCF, hostile à toute dévaluation, doit finalement l'accepter. [...]
[...] Cette attitude crée une image héroïque du PCF ce qui renforce les adhésions au parti. De même, le PCF continue de dénoncer la menace hitlérienne et s'oppose aux accords de Munich de septembre 1938. - Lorsque Paul Reynaud remet en cause la semaine de 40h de travail et les conventions collectives de 1936, le PCF lance une grève générale le 30 novembre 1938. Mais la répression, gouvernementale et patronale, est extrêmement forte, de nombreux militants sont jugés et plusieurs journaux réclament la dissolution du PCF. [...]
[...] Il envoie de même un représentant au CNR, fondé en mai 1943. Après la mort de Jean Moulin, il fait élire à sa tête G. Bidault, membre du Front national ce qui assure au parti un grand contrôle sur l'organisation. Enfin, le PCF rentre dans le GPRF ce qui constitue sa première expérience gouvernementale La Libération : un parti responsable - A la veille du débarquement, l'influence du PCF sur la Résistance est considérable. La perspective d'une prise de pouvoir par le PCF semble alors tout à fait réaliste. [...]
[...] Les PC doivent alors dénoncer les sociaux-démocrates accusés de dériver vers le fascisme, et agir pour protéger l'URSS que le capitalisme agonisant ne manquera pas d'attaquer. Le PCF applique donc cette politique mais elle inadaptée à la France : le pays n'est touché par la crise qu'en 1931 tandis que les ouvriers peinent à imaginer une guerre contre l'URSS. Le PCF choisit donc de suivre aveuglément la ligne définit par Moscou au détriment de la réalité nationale. L'incompréhension entre le PCF et ses adhérents s'accentue. [...]
[...] Le PCF doit renforcer son assise dans le monde ouvrier. Aux élections législatives de mai 1924, il présente des listes composées à 90% d'ouvriers mais il essuie un grand échec, n'obtenant que 25 sièges. L'incompréhension du monde ouvrier devant ses mots d'ordre et la répression patronale minore son implantation dans les usines. - Entre épuration et défections les effectifs du parti chutent : ils passent de en 1921 à en 1933. Mais cette radicalisation du parti attire aussi de nombreux intellectuels : les surréalistes qui voient dans le parti une forme de révolte totale contre la société, et de jeunes intellectuels comme H. [...]
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