I. ? Les transformation sociales et politiques des campagnes avant 1914
Au lendemain de la crise sociale et politique majeure que traverse l'Italie de 1896 à 1900, qui culmine avec les émeutes de Milan et l'assassinat du roi Humbert Ier à Monza par l'anarchiste Gaetano Bresci, se manifeste, à la faveur du retournement de la conjoncture économique mondiale (1896), ce qu'on appelle désormais le « premier miracle économique » de l'Italie. Tout comme l'industrie, l'agriculture italienne connaît une période de forte reprise qui se prolonge jusqu'en 1914.
L'expansion des années giolittiennes (1896-1914) est « le résultat d'une transformation technique et organisationnelle, due à l'application cohérente et à l'extension du système capitaliste de gestion agricole, bien que dans un secteur relativement restreint du territoire national ». Le progrès agricole est aussi lié à l'essor de l'enseignement spécialisé : chaires ambulantes d'agriculture (cattedre ambulanti di agricoltura) à partir de 1886 (41 en 1900 ; 191 en 1909) ; mutualités (consorzi) agricoles (17 en 1892, 405 en 1905) réunies en Fédération à partir de 1892. Cette expansion profite essentiellement à la plaine padane et accentue le déséquilibre Nord-Sud. Elle porte sur trois secteurs : céréales, vigne et arboriculture, élevage.
La céréaliculture avait été frappée de plein fouet par l'effondrement des prix agricoles ; elle avait été protégée par des droits douaniers élevés : de 1£40 par quintal à 3£ en 1887, 5£ en 1888, 7£ en février 1894 et 7,50£ en décembre 1894. Après une brève suspension de ce dernier taux (réduit à 5£ le 23 janvier 1898) pour faire face à la disette, le taux de 7,50£ est rétabli le 15 août 1898 et demeurera en vigueur jusqu'à la Grande Guerre ; mais des accords commerciaux avec la France (thèse de Pierre Milza) mettent fin à la « guerre douanière » avec la France tandis que s'opère un rapprochement diplomatique entre les deux pays (accords secrets de 1902) : le marché français s'ouvre à nouveau aux produits italiens. Le maintien du protectionnisme assure la survivance de la céréaliculture extensive du Mezzogiorno et des profits élevés à la céréaliculture de la plaine padane. La production, en baisse dans les années 1890 (réduction des surfaces cultivées, réduction de la main d'oeuvre), se reprend rapidement (...)
[...] Les bovins augmentent de 30% (4,7M à 6,2M) dont les vaches de 44% (2,3M à 3,4M) ; les caprins de les porcs de 22%. La consommation de viande est en expansion ; la production de lait augmente de 26Mhl en 1896 à 35,2Mhl en 1913, de même que celles de beurre et de fromages (dont exportés). La plaine padane est encore au cœur du processus d'expansion de l'élevage bovin. La part de la population employée dans l'agriculture continue cependant à diminuer régulièrement. [...]
[...] Neuf mois de réflexion (août 1914-mai 1915). - Le camp de la neutralité : trois courants, particulièrement bien représentés dans les campagnes, catholique, libéral, socialiste. La papauté (Benoît XV Della Chiesa septembre 1914 ; encyclique Beatissimi apostolorum Principis Cathedram du 1er novembre condamnant la guerre) et l'Église ; la classe politique libérale (Giolitti : impréparation matérielle et morale de l'Italie ; politique des compensations : que parecchio possa ottenersi senza una guerra, 1er février 1915, lettre à La Tribuna) ; le mouvement socialiste (Bordiga, Treves ; crise de la Seconde Internationale : assassinat de Jaurès, entrée de la SFIO dans l'Union sacrée et vote par le SPD des crédits de guerre) ; l'attentisme et le pacifisme spontané d'une grande partie des masses paysannes - Le camp interventionniste, essentiellement urbain et élitaire, penche très vite du côté des Alliés plutôt que des Empires centraux : les courants nationalistes (Gabriele D'Annunzio) ; certains courants anarcho-syndicalistes (Benito Mussolini, partisan de l'intervention, démissionne de la direction de l'Avanti ! [...]
[...] est à nouveau incendié. L'autre grand parti de masse présent à la Chambre et dans le pays, les populaires du PPI, sont divisés entre conservateurs (Filippo Meda, Alcide De Gasperi) et démocrates (Luigi Sturzo) ; la mort du pape Benoît XV (Giacomo Della Chiesa, 1914-1922), qui observait à leur égard une neutralité relativement bienveillance de Benoît XV, les prive de l'appui du Vatican : le nouveau pape, Pie XI (Achille Ratti, 1922-1939) est hostile à l'existence d'un parti catholique indépendant de l'Église et une circulaire du cardinal secrétaire d'État Gasparri du 02 octobre 1922 indique, quelques semaines avant la Marche sur Rome, que la Saint-Siège est demeuré et entend demeurer à l'avenir totalement étranger au parti populaire comme à tout autre parti Devant l'aggravation de la crise politique, l'hypothèse d'une entrée des fascistes au gouvernement dans le cadre d'un gouvernement de coalition devient imminente à l'automne 1922. [...]
[...] Le mouvement syndical est lui-même divisé entre socialistes de la CGIL (1906). et anarcho-syndicalistes de l'USI (1912) ; le PSI dirige encore un puissant syndicat agricole, la Fédération des travailleurs de la terre. L'Italie rouge a ses bastions en Émilie-Romagne, en Toscane, en Ombrie et dans les villes industrielles du Nord (le triangle industriel Milan Gênes Turin). L'après-guerre marque une radicalisation des socialistes italiens : la ligne maximaliste (Serrati, Bordiga) l'emporte aux congrès de Rome (septembre 1918) et de Bologne (novembre 1919) : fortement influencée par la révolution russe, elle prône la dictature du prolétariat, la socialisation des moyens de production et d'échange, le désarmement général et l'abolition du service militaire, l'adhésion à la IIIe Internationale. [...]
[...] L'accesa del contadino italiano alla proprietà, a cura di G. Lorenzoni (Rome, INEA volumes) ainsi que les travaux d'Arrigo Serpieri, sous-secrétaire d'Etat aux travaux de bonification (La guerra e le classe rurali italiane, Bari, Laterza, 1930). Néanmoins, la propriété paysanne demeure une micropropriété ; et la tendance au retrait de la bourgeoisie des campagnes s'inverse à partir de 1927 et s'accentue avec les effets de la crise de 1929, qui marque un repli sur la terre qui ne ment pas . [...]
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