Les explosions sont fréquentes et parfois dramatiques comme la crise de l'Indépendance, la guerre de Trois Ans au Mexique, la Révolution mexicaine ou la violence colombienne. Elles ont souvent de graves conséquences. Cela ne signifie pas qu'il y a nécessairement des causes profondes ou qu'un nouveau continent est en train d'émerger.
La révolution est un phénomène fondamental de la destinée des peuples et accompagne sa soeur jumelle la guerre, si fréquente entre les nations soeurs de l'Hispano-Amérique. On peut expliquer beaucoup de faits par la découverte des causes historiques secondes. Mais qu'il est difficile de pénétrer l'essence des révolutions ! Dira-t-on que la révolution était inéluctable et déterminée par les événements antérieurs. H. Donghi permet de soutenir l'hypothèse que la « révolution » serait un « mécanisme à conflits » inhérent à la société en question et lui permettant de survivre sans résoudre ses problèmes.
[...] Les nouvelles métropoles ont une grande responsabilité économique dans cet état de choses, par action et surtout par omission. Il faut aussi prendre en considération la politique des nations qui remplissaient partiellement le vide laissé par les vieilles métropoles politiques. Dès leur naissance, les nouvelles nations semblaient offrir un champ privilégié où s'affrontaient les nouveaux candidats à l'hégémonie. Le combat eut lieu malgré les craintes de certains de ses agents, l'Angleterre l'emporta. Les tentatives les plus fermes furent le fait des Etats-Unis, entre 1815-30 puis après cette date, de la France.
1. Les Etats-Unis
L'avance américaine s'appuyait sur une pénétration commerciale d'abord heureuse ; de Mexico à Lima. Elle reposait aussi sur une politique plus favorable aux insurgés et sur l'appui donné aux factions les moins modérées : au Chili, les Etats-Unis appuient les frères Carrera, au Mexique, les Yorkings contre les groupes plus cons, appuyés par les Anglais. Politique, la menace américaine disparut bien vite et les groupes qu'elle appuyait échouèrent. Du point de vue économique, le recul fut plus lent. Fondée sur une grande souplesse commerciale, la présence américaine perd ses avantages quand le réseau commercial régulier se remet en place.
[...] 1. L'échec de Bolivar (Colombie, Venezuela, Pérou, Bolivie, Equateur)
La tentative de Bolivar était plus qu'un essai de rassembler en un système cohérent l'Hispano-américain autour de la Colombie ; c'était une tentative de faire la synthèse des apports révolutionnaires et coloniaux selon les réflexions du Libérateur sur la réalité nouvelle. Hostile à la monarchie par principe. Aux tendances utopistes des idéologies, il opposait son réalisme, durement appris au cours de sa carrière de révolutionnaire. Si ce réalisme se manifestait en des diagnostics précis et lucides, il ne débouchait pas sur des solutions plus applicables que celles de républicains intransigeants ; les républiques de Bolivar pourraient être qualifiées, comme il le fit moqueusement de celles rêvées par ses rivaux, de « républiques éthérées ».
La solution politique de Bolivie était celle de la république autoritaire avec un président à vie et corps électoral étroit ; assurant aux élites prérévolutionnaires le pouvoir, ce régime, pensait-il, pourrait prendre racine ; et il organisa sur ce modèle celui de la Bolivie qui lui demandait d'être son Lycurgue. En 1826, le Pérou adoptait la constitution bolivienne, pour remplacer celle de 1823, trop libérale et, comme il était logique, Bolivie fut le premier président à vie péruvien. La même année, il rentrait en Colombie, Páez ayant fait sécession avec le Venezuela. Réconcilié avec ce dernier, Bolivie s'éloignait de Santander qui, en son absence, avait essayé de venir à bout de la sécession. La constitution de Cúcuta, vestige d'une étape dépassée, ne le satisfaisait plus, mais comme la convention d'Ocana, convoquée pour la réformer, groupait trop d'ennemis de l'autoritarisme bolivarien, les amis du Libérateur s'en retirèrent. (...)
[...] La révolution n'a pas seulement privé les élites urbaines d'une part de leur richesse (biens meubles, bétail et fruits, etc.) si inégalement répartie, elle et c'est plus grave, ôté pouvoir et prestige au système institutionnel auquel s'identifiaient ces élites et qu'elles auraient voulu ne pas av à partager avec les intrus de la Péninsule, favorisés par la Couronne. La victoire créole a donc ce résultat paradoxal d'av détruit, au cours de la guerre, ce qui devait être le prix du vainqueur. Non seulement les révolutionnaires ont dû installer leurs partisans à la place des hauts magistrats mais ils ont surtout privé ces fonctions de pouvoir politique L'Église L'Église connaît un processus semblable car elle avait été très liée à la Couronne et ne pouvait échapper à la politisation révolutionnaire. [...]
[...] Bustamente, conseillé par Alaman, gouverne deux ans et tous aux abois, laissent l'armée engloutir ce que possède le fisc, et ce qu'il ne possède pas. En vain, en 1832, Santa Anna se soulève. Un an plus tard, il est président et en son nom gouverne le vice-président libéral Gomez Farias et un congrès de la même couleur, qui attaquent les privilèges du clergé, puis ceux de l'armée. Santa Anna réapparaît et le Deux ex machina de la politique mexicaine chasse les libéraux pour garantir l'ordre cons qu'il restaure. [...]
[...] L'Argentine de Rosas vit dans un climat de G civile compliquée de problèmes internationaux, surgis de turbulent Etat oriental. Ce dernier a subi l'action divergente de Lavalleja et Rivera caudillos ruraux, deux grands propriétaires. Rivera l'emporte enfin. Après av dirigé le nouvel Etat avec une indifférence souveraine à l'orthodoxie financière, il passe le commandement en 1835 à son ho, Manuel Oribe. Oribe appartenait à l'élite urbaine de Montevideo, si longtemps opprimée par les caudillos de la campagne, et prête à trouver des appuis contre eux. Comme il manifestait trop d'indépendance, Rivera organisa un soulèvement. [...]
[...] Presque partout le commerce intérieur ne dépasse pas en 1850 le nivo atteint en 1825, et ce critère, très sensible aux changements induits à partir du contact avec le monde extérieur, est éloquent. Ce tableau général cache des variantes locales très importantes, liées aux différenciations déjà ébauchées avant 1810, bien plus qu'à des différences d'intensité dans l'anarchie. Le Venezuela, le Rio de la Plata retrouvent et dépassent les niveaux de la prospérité coloniale. Par contre, la Bolivie, le Pérou et le Mexique, dont l'économie minière a souffert grandement et aurait besoin de capitaux étrangers pour redémarrer, ne retrouvent pas leur niveau colonial. Chapitre 2 : Analyse des cas nationaux I. [...]
[...] Ravagé par une guerre spécialement atroce, ruiné en ses aristocraties côtières, livré à ses armées de métis et de mulâtres, le Venezuela semblait condamné à l'instabilité la plus grande. Or, sous l'égide de Páez, longtemps président, et d'autres vétérans des guerres de l'indépendance, on assiste à une reconstruction économique et sociale selon un schéma très proche de l'ancien régime. La possibilité d'exporter vers un marché plus vaste permet l'expansion côtière, supérieur en 1836 au niveau de 1810. Les bénéficiaires du système st les grands commerçants qui se taillent la part du lion dans le négoce du café et les grands propriétaires qui, sur le littoral, essaient de reconstruire la plantation en réduisant en esclavage les noirs émancipés pendant la guerre et, dans les Llanos veulent imposer leur discipline pour tirer le meilleur parti du marché ouvert aux cuirs. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture