Les quatre années d'épreuves qui s'étendent de 1914 à 1918 ont sonné le glas de ce que la mémoire collective appelle la « Belle Époque », la France étant impliquée dans la Première Guerre mondiale. Celle-ci devient rapidement totale. Elle se démarque donc par la disparition des civils pour laisser place à la notion de non-combattants, tout aussi susceptibles d'être des cibles pour l'ennemi qu'un soldat au front, mais elle se démarque aussi par une mobilisation industrielle forte et un dirigisme étatique à grande échelle.
« La guerre est la santé de l'État », a écrit Randolph Bourne. L'État, qui se définit comme « un organe juridique, plus ou moins centralisé, qui impose des normes et organise la société », voit son équilibre modifié par la guerre puisque celle-ci implique ledit dirigisme, mais aussi nécessite une implication au sein même de la société en en bouleversant l'ordre : les femmes sont mises à contribution, une sélection se fait parmi les soldats pour un retour en usine, les armes sont testées sur les animaux, indépendamment du soulèvement de l'opinion contre les armes chimiques jugées inhumaines.
[...] L'État et l'armée : Joffre et le pouvoir Le général Joffre est nominé à l'État-major en 1911, à la veille de la guerre et est à l'origine de l'idéologie de l'offensive à outrance (dont relève plan XVII, c'est-à-dire attaquer en masse importante pour gagner du terrain de l'ennemi ; ce n'est plus la stratégie qui compte, mais l'effectif). Il est, dès son apparition dans le champ à la fois politique et militaire, un sujet à maitriser. Le 21 février 1912, une réunion secrète a lieu au Quai d'Orsay à Paris, à laquelle le général Joffre assiste et participe. Elle a pour objectif la mise en commun des différentes mesures des États-majors russes, britanniques et français. [...]
[...] Cependant, cela n'est pas possible pour toutes, car elles n'ont pas d'autre revenu, surtout si leur mari est mort au combat. Les indemnités pour les veuves n'arriveront qu'en 1930, elles ne peuvent donc pas quitter leur emploi. Pour une réelle reconnaissance de leur statut elles devront attendre 1930 avec l'apparition de nouveaux droits (notamment celui d'être juge) et 1936 pour que leur implication politique soit possible avec Léon Blum qui le 4 juin 1936 nomme trois femmes dans son gouvernement. [...]
[...] Entre 1912 et 1914, l'État-major voit son influence dans la vie politique française gonflée et est de plus en plus écouté, car la situation devient inquiétante avec la course aux armements et la perspective d'une guerre inévitable. Cinq mois après le début de la guerre un bilan semble nécessaire à l'État : une remise en question de la politique est effectuée. Joffre est jugé trop autoritaire et secret, le basculement de l'opinion à son sujet est le premier avertissement. Le 8 décembre 1914, le gouvernement rejoint Paris avec la parfaite conscience qu'il fallait s'organiser pour une guerre longue. [...]
[...] Enfin nous nous intéresserons à l'état économique et politique de la France durant la guerre. I DIRIGISME ET ABUS DE L'EXÉCUTIF À/ Un État démocratique ou militaire ? Après les élections d'avril et mai 1914 marquées par une forte poussée socialiste, les élections de 1918 n'eurent pas lieu et le premier scrutin de l'après-guerre se déroula en novembre 1919. Les atteintes individuelles furent nombreuses et profondes en proportion avec la menace encourue avec la guerre. Le 3 août 1914, après avoir décrété l'état de siège et voté les crédits militaires à l'unanimité, le Parlement décide de ne plus siéger et de laisser toute liberté d'action au gouvernement, mais également à l'état- major. [...]
[...] Il s'agit alors d'une guerre économique totale que l'État français atteint avec plus d'aisance qu'un régime totalitaire ce qui représente un paradoxe dans la politique. Justification de l'État par la guerre, de la guerre par l'État Un paradoxe réside au sein même de la relation entre système politique et guerre en France au cours de la Première Guerre mondiale : la République démocratique, régime que nous pouvons supposer par nature pacifique et porté à la négociation plus qu'à l'affrontement, a su employer la guerre et la gérer. [...]
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