La maladie de Tchernenko aidant, Gorbatchev apparaît rapidement comme un élément incontestable du Politburo et c'est tout naturellement qu'il prend sa place à sa mort. Le nouveau secrétaire général se montre d'abord d'une grande prudence, se plaçant apparemment dans le sillage de tous ses prédécesseurs, affirmant comme Brejnev la nécessité d'intensifier l'économie ou préconisant comme Andropov le renforcement de la discipline, l'attachement à la coexistence pacifique ou le rapprochement avec la Chine.
Mais il procède avec une grande rapidité au renforcement de son pouvoir, bouleversant en quelques semaines l'équipe dirigeante et écartant ses principaux rivaux, tels Grigori Romanov ou Andrei Gromyko qui se voit retirer les Affaires étrangères et confier le poste honorifique de chef de l'Etat. Dès l'été 85, il affirme ainsi son autorité en plaçant ses fidèles aux postes clés.
Dès lors, comment Mikhaïl Gorbatchev, successeur de hiérarques comme Brejnev et Andropov, en est-il venu à présider à la mutation et à l'ouverture d'un système totalitaire dont il était le produit ?
[...] L'économie soviétique se détériore constamment faisant apparaître la faillite du système. Les trains et les bateaux ne sont plus déchargés, le ravitaillement n'arrive plus dans les villes et le marché noir est de plus en plus florissant. Cette situation engendre des mécontentements, des troubles sociaux, des grèves, si bien que Gorbatchev envisage une réforme économique profonde qui aurait pour but de passer, par étapes successives, de l'économie dirigée à une économie de marché planifiée et contrôlée. Le premier ministre Ryjkov fait connaître au Soviet suprême le plan de mise en œuvre de cette réforme, mais le texte en est si long et si confus que les députés le rejettent. [...]
[...] La tentative de reprise en main et le renforcement des pouvoirs de Gorbatchev À la faveur de ces convulsions, M. Gorbatchev n'a cessé en apparence de renforcer ses pouvoirs en affaiblissant ceux du parti. C'est ainsi qu'en février 1990, le Plenum du Comité central approuve l'abandon du rôle dirigeant du parti et le passage à un régime présidentiel démocratique. Le 28ème Congrès du PCUS, en juillet, modifie les statuts du Politburo dont la structure devient fédérale, faisant perdre à cette institution la direction politique pour la cantonner dans un rôle d'harmonisation entre les Républiques. [...]
[...] Le Parlement passe outre et accorde à Gorbatchev le contrôle total de l'exécutif. Lui qui avait annoncé son intention de donner un coup d'arrêt aux forces centrifuges dans le pays menace d'administrer directement les régions rebelles, de normaliser la presse écrite, et reprend en main la télévision. La Perestroïka démontre ainsi ses contradictions : introduire la démocratie, c'est menacer le système communiste lui-même et l'existence de l'Union Soviétique ; vouloir maintenir la cohésion de l'URSS et le régime communiste exige le recours à la force et la fin du processus démocratique. [...]
[...] Des affrontements interethniques ont lieu en Azerbaïdjan, en Kirghizie, Moldavie et des conflits nationaux menacent la cohésion de l'Union Soviétique. La Lituanie se déclare indépendante, puis l'Estonie, la Lettonie, la Géorgie et l'Arménie. D'autres républiques se proclament souveraines : La Fédération de Russie, l'Azerbaïdjan, l'Ouzbékistan, la Moldavie, la Biélorussie, l'Ukraine. Les Républiques autonomes réclament, elles aussi, l'indépendance ou la souveraineté. On voit que la menace qui pèse sur l'URSS est grave : les lois de l'Union ne sont plus respectées, les conscrits des provinces en dissidence ne rejoignent plus l'armée soviétique, l'autorité soviétique s'effondre partout (les Républiques concluant des accords entre elles, sans passer par l'autorité centrale). [...]
[...] Combien d'entre elles seraient viables, seules, dans le domaine économique ? C'est en tenant compte de ces considérations que Gorbatchev consacre désormais ce qui lui reste d'influence à tenter de sauver l'Union, espérant réunir le plus grand nombre possible de Républiques dans une nouvelle fédération. En octobre 1991, il élabore ainsi un traité économique qui est signé pas huit Républiques (manquent, outre les Etats baltes, l'Ukraine, la Moldavie, la Géorgie et l'Azerbaïdjan) et le Conseil d'Etat prépare un traité d'union politique à forme fédérale. [...]
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