En 1789, le retard de la France sur le Royaume-Uni dans le domaine économique est faible. Par contre, en 1900, la France est nettement distancée non seulement par le Royaume-Uni, mais aussi par l'Allemagne. Les problématiques sont donc simples : Qu'en est-il réellement de la situation française au début du XXe siècle ? Peut-on vraiment parler de retard ? Si retard il y a, est-il général, définitif ou seulement sectoriel et temporaire ? Est-il au début du XXe en cours de réduction ou au contraire en progression ?
Si le retard est avéré, quelles sont ses origines ? Faut-il voir là la conséquence de facteurs surtout politiques, avec les crises que la France a dû affronter (révolution, guerres de l'Empire...) et qui ont pu affaiblir la croissance et distinguer le développement français de celui du Royaume-Uni ou d'autres facteurs ont-ils pu jouer, par exemple la faible croissance démographique française, qui aurait joué en défaveur de la croissance ou la pauvreté en charbon, le rôle sclérosant des structures agricoles, l'exportation des moyens financiers par un capitalisme que certains disent trop timoré ou encore l'action de l'État ?
À partir de 1896 la France connaît un « retournement » de tendance, et les prix repartent à la hausse, en même temps que dans la plupart des grands pays industrialisés : de 1896 à 1913, les prix augmentèrent en moyenne de 1.7 % par an. Cette rupture majeure mettant fin au trend déflationniste du XIXe siècle et rattachant la Belle Époque aux conditions économiques du XXe siècle, dans une continuité avec la croissance des années 1920. Les taux de croissance de 1907 à 1913 (de 4 à 5 % par an) sont comparables aux meilleures années du XXe siècle.
[...] États-Unis : 5307 $/hab/an (2e en 1900) Royaume-Uni : 5032 $/hab/an (1er en 1900) Allemagne : 3833 $/hab/an (3e aussi en 1900) France : 3452 $/hab/an (4e aussi en 1900) Russie : 1488 $/hab/an Japon : 1334 $/hab/an L'origine des faiblesses de la France est encore très largement discutée par les historiens ; plus que le manque de charbon ou de matières premières, les faiblesses semblent provenir de l'environnement social et d'affaires : un certain conservatisme de la petite entreprise, un certain mépris pour le commerce au profit des carrières au service de l'État. Pourtant, on l'a vu, l'innovation existe dans les branches nées au cours de la seconde Révolution Industrielle, mais celles-ci n'ont pas d'effet d'entraînement suffisant. Enfin les conséquences de la démographie française sur la croissance sont également discutées. [...]
[...] Par certains côtés la France a donc pris du retard, mais par d'autres elle à des comportements innovants et même novateurs (démographie). Finalement l'histoire économique de la France au XIXe siècle demeure un vaste front pionnier de la recherche historique. [...]
[...] L'innovation consiste dans: - les rayons multiples - un choix plus grand - des prix plus attractifs - l'entrée libre - la rotation plus rapide des stocks qui permet de compenser la baisse des marges - le marchandage disparaît mais les soldes attirent régulièrement la foule - le client est aussi attiré par les débuts de la publicité ("réclame"), le crédit - la vente par correspondance se développe grâce à la création de catalogues (Manufacture de Saint-Etienne) Les résultats financiers signent le succès de la nouvelle distribution : le chiffre d'affaires du Bon Marché passe ainsi de francs en 1862 à 67 millions en 1867 ! La distribution est également renouvelée dans le domaine alimentaire par la création de magasins à succursales multiples, traitant directement avec les producteurs et pratiquant des prix plus attractifs que les épiceries traditionnelles. Ainsi apparaît en 1844 le groupe Félix Potin (qui inventa l'affichage des prix sur étiquette). [...]
[...] Ses entrepôts à Pantin sont reliés par pigeons voyageurs à Paris . La clientèle visée est la classe populaire aux revenus modestes : certaines de ses boutiques portent le nom de "Au gagne-petit". Ces innovations dans la distribution gagnent ensuite d'autres pays. A Londres, Harrods est fondé en 1852, Mapples en 1891. États-Unis: Macy's en 1858 Allemagne : Karlstadt en 1881 III : Les facteurs du retard français A : facteurs démographiques 1 : Une évolution démographique défavorable à la croissance ? [...]
[...] En 1911, seule une dizaine d'agglomérations dépassent habitants. Outre Paris, ce sont Marseille, Lyon, Bordeaux Lille, Toulouse, Saint- Étienne, Nice (rattaché à France depuis 1860), Roubaix, Nancy (profitant que Metz et Strasbourg étaient rattachés au Reich allemand depuis 1871). Les villes moyennes (moins de habitants) sont elles-mêmes peu nombreuses (Angers, Caen, Rennes, Montpellier, Nîmes, Orléans) et souvent tournées vers des fonctions plus tertiaires (administratives notamment) qu'industrielles. Cette polarisation sur la capitale n'existe pas à ce point dans les autres pays européens industrialisés dont le réseau urbain est plus équilibré, notamment en Allemagne où l'unité nationale tardive (1871) a permis à de nombreuses villes de poids démographique et économique égal de se développer. [...]
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