A la suite de la guerre, s'ouvre une nouvelle période de gestation politique. Il apparaît rapidement, en effet, que les vieilles recettes ont fait leur temps, et que le pays, pour s'ancrer dans la modernité, doit remettre à plat son système politique, et sa conception même du rôle des pouvoirs publics.
Les défis sont particulièrement nombreux : les débuts de la mondialisation, la perte du statut de puissance, que l'on a d'ailleurs bien des difficultés à admettre, dans un monde dominé par les deux « Grands » que sont les Etats-Unis et l'Union soviétique, obligent l'Etat français à réévaluer ses priorités.
Dans le même temps, la République, qui était considérée jusque là essentiellement comme une construction politique, ne peut plus négliger le volet social et ses corollaires économiques. La définition même de l'Etat de droit, axée sur la déclaration et des droits de l'homme de 1789, et les libertés fondamentales qui en découlent, définies à la fin du XIXe siècle, doit évoluer pour prendre en compte de nouvelles exigences. Le droit au travail, l'accès de tous aux services de santé, l'égalité entre les hommes et les femmes sur les plans politique et social, ne peuvent dorénavant être ignorés.
Dans ces conditions, le changement de régime, en 1958, avec le passage de la IVe à la Ve République, ne marque pas la rupture la plus profonde. En effet, s'il est indéniable que la nouvelle constitution permet une gestion plus efficace, grâce à une plus grande stabilité, la politique menée reste dans la ligne initiée sous la IVe République : décolonisation, construction européenne, intervention de l'Etat dans la vie économique et sociale, etc. L'année 1962 est, en revanche, à plusieurs titres, celle du renouveau. Les accords d'Evian réglant le problème algérien, le pays est enfin débarrassé du fardeau colonial, auquel il substitue une nouvelle forme de domination sur les pays du Sud, bien plus avantageuse, fondée sur le contrôle des prix des matières premières et agricoles. Sur le plan politique, le principe de l'élection du président de la République au suffrage universel, adopté par référendum, donne une prééminence au chef de l'Etat, inconnue depuis Louis-Napoléon Bonaparte. La conduite de la diplomatie, dont de Gaulle a fait son « domaine réservé », non inscrite dans la constitution, s'institutionnalise par jurisprudence, aucun de ses successeurs ne la remettant en question.
C'est, enfin, les débuts d'un renouveau de la puissance française, fondée non plus sur les possessions outre-mer, mais sur une nouvelle capacité à jouer un rôle prééminent sur les grands marchés économiques internationaux, et sur un rayonnement de valeurs susceptibles de séduire de nombreux Etats du Sud, en offrant une alternative à celles prônées par les Etats-Unis comme par l'URSS.
Révélée dans la première moitié des années 1970, la crise économique, marque la fin des « années faciles », la lutte contre l'inflation et contre le chômage devenant les préoccupations premières du pouvoir politique.
[...] I La naissance de la IVe République 1945 1947 A la fin de la guerre, les pouvoirs publics doivent s'atteler à la lourde tâche de la reconstruction. Reconstruction économique, d'un pays en ruine, reconstruction sociale, en tenant compte des désirs exprimés par tous, de bâtir un monde socialement plus juste, et reconstruction politique, aucun pouvoir de disposant de la légitimité des urnes en 1945. Malgré des divisions sous-jacentes, les personnalités et les formations politiques affichent une ambition commune d'innovation. Les vieilles recettes ont fait leur temps, et personne ne souhaite revenir à la situation d'avant-guerre. [...]
[...] Les affrontements avec les forces de l'ordre causent un mort. Le soir même, Jacques Duclos est arrêté en marge de la manifestation, avec, dans sa voiture un couple de pigeons. Il n'en faut pas plus, pour l'accuser d'envoyer des messages à Moscou, grâce à ces volatiles. Ce complot des pigeons voyageurs couvre le gouvernement de ridicule, mais démontre aussi la fermeté de Pinay contre l'agitation communiste. Fin août, la reprise de l'inflation oblige Pinay à envisager un blocage des prix et des salaires, remettant en question l'option libérale sur laquelle il jusque-là, ancré sa politique. [...]
[...] Le mouvement entame alors son reflux, et le travail reprend peu à peu, malgré encore quelques incidents graves (mort d'un lycéen lors d'une descente de police, à l'usine Renault de Flins, le 10 juin, et de deux ouvriers, dans les mêmes conditions, le lendemain, aux usines Peugeot de Sochaux). La fin de la crise rassure tant la droite que l'ensemble des formations politiques et syndicales, qui ont été bousculées par le mouvement, et apprécient ce retour à la normale Le 12 juin mouvements gauchistes sont dissous. Les élections de la peur Lors des élections des 23 et 30 juin, la droite fait bloc, alors que la gauche est profondément divisée. Si la FGDS parvient à maintenir les accords de désistement avec le P.C.F., le PSU rejette toute entente. [...]
[...] Ce n'est qu'en novembre 1944, que les trains peuvent de nouveau franchir la Loire. La Libération ne s'accompagne pas d'un relèvement immédiat des conditions de vie. Les tickets de rationnement restent en vigueur, et ne permettent d'assurer qu'un apport de 900 calories par jour. Le marché noir est souvent la seule solution pour atteindre les calories nécessaires. On compte environ 1 million de familles sans abris. Le manque de charbon est une difficulté supplémentaire, à la fois pour les civils et pour les industries. [...]
[...] avance la candidature de son président, Jean Lecanuet, démocrate, social et européen Les libéraux indépendants auraient voulu Pinay, mais il refuse de se présenter. Ils se rabattent sur l'obscur Pierre Marcilhacy, qui souhaite conjuguer libéralisme, et retour à l'ordre moral. Jean Louis Tixier-Vignancour rassemble, tout à la fois, les nostalgiques de Vichy, les anciens poujadistes, et les partisans de l'Algérie française, en bref, ceux qui, à un moment ou à un autre, ont eu à souffrir du gaullisme. Marcel Barbu, qui n'a derrière lui aucune formation politique, mais réussit à collecter les signatures nécessaires reprend le thème de la lutte des petits contre les gros qui avait fait les beaux jours du poujadisme. [...]
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