Il faut, dans le récit des transformations de la condition féminine, distinguer deux phases. En effet, cette émancipation se fait par périodes, elle n'est en rien un processus continu. Jusqu'à 1944 a lieu une intégration des femmes à la société. L'émancipation, quant à elle, ne s'enclenche qu'après la Seconde Guerre mondiale.
Il y a tout d'abord intégration par le travail. Les femmes commencent, bien que ce processus soit fort lent, à exercer des métiers masculins. 1892 voit surgir la première femme médecin (et, la même année, sont imposées des limites à la durée du travail des femmes), et 1900 la première femme avocat (Jeanne Chauvin, 1862-1926). On notera l'apparition de thèmes tels que celui développé par La Maison de poupée, pièce de Henrik Ibsen datée de 1879, qui met en scène une jeune épouse, Nora, laquelle, pour de multiples raisons (dont le refus d'être plus longtemps une femme au foyer), décide d'abandonner sa famille pour retrouver sa dignité dans le travail.
Il y a intégration par l'éducation. L'enjeu des lois Ferry de 1881-1882 est intellectuel puisqu'il s'agit en partie de remettre en cause le mythe de la supériorité masculine. Cependant, les sexes restent séparés au sein de l'institution scolaire. Les professeurs, les classes, les programmes sont distincts. Il n'y a que peu de filles dans le supérieur. La loi Camille Sée du 21 décembre 1880 institue les lycées de jeunes filles, l'opposition conservatrice arguant qu'une femme instruite est malheureuse.
[...] L'envers du mythe : les blocages des années 1960 Les machines peuvent rendre les ménagères folles, prisonnières de la technologie, comme le montre le film Mon Oncle de Jacques Tati. La vie politique reste masculine. La Ve République est encore plus fermée aux femmes que la IVe. La proportion de femmes à l'Assemblée nationale tombe à 2%. On privilégie les hauts fonctionnaires. L'ENA est mixte mais ne produit que 4 à de femmes jusqu'à la fin des années 1970. Le nouveau mode de scrutin (uninominal) renforce la marginalisation car on a des combats de notables. Les gaullistes présentent des femmes mais dans les circonscriptions gagnables uniquement. [...]
[...] Depuis, les choses évoluent, les femmes ayant acquis une autonomie politique. Il n'y a plus de surabstention féminine. Le vote des femmes glisse vers la gauche, ce qui est net depuis 1986 (il n'y a plus qu'un à quatre points d'écarts avec les hommes). Les hypothèses explicatives sont le recul de la pratique religieuse, une sensibilité croissante aux problèmes sociaux, etc. L'âge est une variable déterminante, les femmes plus âgées votant plus fréquemment à droite (le milieu influe aussi : les ruraux sont plus conservateurs). [...]
[...] Trois femmes entrent au gouvernement en tant que sous-secrétaires d'Etat. Irène Joliot-Curie à la recherche scientifique. Suzanne Lacore à la protection de l'enfance. Cécile Brunschvicg (radicale, présidente de l'Union française pour le suffrage des femmes) à l'éducation nationale : elle crée les cantines scolaires. Les réformes sont mineures. En 1927, le code de la nationalité fait qu'une Française mariée à un étranger peut garder sa nationalité. En 1938 est supprimée l'incapacité civile de la femme mariée mais l'autorité parentale reste détenue par l'époux. [...]
[...] Elles sont standardistes, vendeuses dans les grands magasins (Au Bonheur des Dames, 1883). Dans les classes supérieures, les femmes voient leur comportement codifié par les normes bourgeoises. L'éducation des jeunes filles est une chose capitale. Les préjugés misogynes sont répandus et les femmes éduquées moquées ainsi qu'en témoigne ce propos remarquable de Charles Baudelaire : Aimer les femmes intelligentes est un plaisir de pédéraste (Fusées). Dans son journal intime, Colette donne à voir la nature de la formation des filles : piano et religion. [...]
[...] Colette rapporte son émancipation dans ses quatre Claudine, publiées entre 1900 et 1903. Séverine, compagne de Jules Vallès, journaliste libertaire et féministe prône la liberté des mœurs. En 1904, Anna de Noailles, la poétesse la plus connue de l'époque, crée avec d'autres femmes le prix Vie heureuse qui deviendra par la suite le prix Femina. Les femmes tiennent des salons littéraires, tel celui de Madame de Caillavet (l'égérie d'Anatole France). La pianiste Marguerite Long devient la première femme professeur au Conservatoire de Paris tandis que Lili Boulanger remporte en 1913 le prix de Rome en composition musicale. [...]
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