Les deux Guerres Mondiales ont conduit à une mobilisation totale des ressources pour l'effort de guerre, ce qui s'est traduit par un changement important au niveau des sociétés. Cependant, alors que la Première Guerre mondiale pensa la mobilisation en termes de différence des sexes, du fait de la séparation nette entre le front masculin et l'arrière féminin, lors de la Seconde Guerre mondiale, la défaite et l'Occupation opérèrent un changement majeur dans les relations entre hommes et femmes.
En effet, tant dans les discours de Vichy que dans ceux de la Résistance, l'impératif de la reconstruction s'est traduit par des appels à la mobilisation qui vinrent réajuster ce clivage. Ces discours de mobilisation reproduisirent pourtant l'imaginaire social dominant de la mère au foyer. Ils entraient cependant en contradiction évidente avec la réalité où l'absence d'hommes (qu'ils soient prisonniers de guerre, requis au titre du STO ou déportés) et la pénurie contraignaient les femmes à travailler. Pour les femmes, l'expérience de la guerre a en effet autant été un moment de contrainte qu'une période où la désorganisation sociale ouvrait des espaces de liberté, permettant de bouleverser les assignations traditionnelles des sexes.
Nous nous attacherons donc ici à l'étude du rôle et des représentations des femmes qui ont été mis en œuvre pour les mobiliser et contrôler dans la préparation et le déroulement de la guerre (I) puis nous nous intéresserons à leur vécu (II) et enfin nous ferons un bilan de la guerre en observant la place qui a été la leur dans la sortie de guerre et les modifications que celle-ci a opérées tant dans leur dimension politique que privée (III).
[...] L'expérience de guerre des femmes La vie quotidienne des femmes La Seconde Guerre mondiale a amené les femmes à modifier leurs comportements et à acquérir de nouvelles qualifications. Elles ont ainsi fait l'expérience de l'indépendance et de la solidarité avec les autres femmes. Pour la plupart cependant, ces années de guerre, loin d'être vécues comme une période de libération, ont avant tout été une période de terribles difficultés tant physiques qu'émotionnelles dont elles accueillirent la fin avec soulagement. La vie quotidienne pendant la guerre fut éprouvante pour tous, mais plus encore pour les femmes de prisonniers restées seules, leurs revenus s'étant réduits de fait. [...]
[...] Rouquet, F. Virgili, D. Voldman, Paris, Editions Payot et Rivages La Première Guerre mondiale a vu le triomphe de la division sexuelle selon Françoise Thébaut. La loi du 23 décembre 1942 stipulait ainsi que quiconque vivait en concubinage notoire avec l'épouse d'une personne loin de son pays par suite des circonstances de la guerre pouvait être condamné à trois ans de prison et à une amende de 1500 à 25000 francs. Cité par Luc Capdevila. [...]
[...] Ces représentations altérèrent l'image du volontaire féminin. Cependant, l'appel à la mobilisation se fit également par un discours valorisant la femme patriote, qui à la différence du modèle masculin, ne porte pas nécessairement les armes. Cet appel au patriotisme des femmes se fit à travers des modèles historiques comme Jeanne d'Arc ou Jeanne Hachette, mais l'appel à la mobilisation du Parti Communiste Français fit également référence à Louise Michel et aux partisanes soviétiques pour exhorter les Françaises à former des bataillons féminins. [...]
[...] Les résistantes restèrent ainsi dans l'ombre, occultées par la mémoire officielle qui mit l'accent sur le triomphe du guerrier en armes. Les femmes tombèrent dans l'oubli de la mémoire patriotique : leur participation à la lutte nationale fut marginalisée au profit du masculin, la place prépondérante étant donnée aux épisodes militaires de la résistance et de la France libre. Un même écart entre la réalité et sa reconnaissance institutionnelle peut être observé dans l'attribution des Croix de la Libération. Les femmes ont à ce propos été réduites à la portion congrue, ce qui n'est pas représentatif de la disproportion des engagements, puisqu'elles représentent un demi pour cent des décorés. [...]
[...] Leur engagement manifestait pourtant une égale transgression. Elles remettaient en effet en cause la conception traditionnelle de la guerre et ses valeurs idéologiques qui avaient fait du courage militaire, du port des armes et du combat dont l'issue amenait la mort ou l'accès au statut de héros l'apanage du masculin. Pour pallier à l'absence d'hommes, en effet, des femmes prirent part au combat. Elles durent cependant vaincre beaucoup d'oppositions afin que leurs capacités soient utilisées. Les Forces Françaises Libres commencèrent par admettre une centaine de volontaires dans un corps féminins, puis créèrent en 1941 le Corps des volontaires françaises qui réunissaient 500 femmes assumant les tâches d'auxiliaires, étant généralement secrétaires ou ambulancières. [...]
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