Au fil du XXe siècle, au sein du mouvement ouvrier, une mosaïque d'expériences militantes se sont forgées et ont irrigué le mouvement syndical dans sa globalité. En dehors des sphères syndicales, la lutte - à travers la grève, la manifestation et l'occupation d'usine - demeure l'image dominante, alimentée, il est vrai, par des photographies largement diffusées dans la presse ouvrière.
Pourtant, dès la fin du XIXe siècle, les militants ouvriers comprennent l'importance de s'organiser et de s'unir. Dans les moments forts, à la base, ils apprennent à négocier sur les accords Matignon en 1936 ou sur le protocole de Grenelle en 1968. Très tôt, ils contribuent à créer ou investissent des lieux socioculturels de partage tels que les cafés et les maisons du Peuple, et ils organisent des fêtes à la fois syndicales et culturelles. Enfin, comme l'énonce la Charte d'Amiens de 1906, le syndicalisme ne vise pas seulement les conquêtes sociales immédiates, il poursuit un objectif révolutionnaire : l'émancipation du prolétariat et l'expropriation des capitalistes. Or, pour réaliser ce dessein, très tôt, l'éducation ouvrière est inscrite au coeur des projets. Suite à de nombreuses expériences - Bourses du travail conçues et impulsées par Fernand Pelloutier, l'Institut supérieur ouvrier (ISO) élaboré par Georges Lefranc et Ludovic Zoretti et adopté par le congrès de la CGT en 1931 - les confédérations dessinent les grandes lignes d'une formation syndicale que les unions départementales sont chargées de mettre en oeuvre.
I/. S'organiser et s'unir
Sur le terrain, créer un syndicat, c'est avec courage et détermination se regrouper pour faire entendre une voix collective face au patron. C'est donc symboliquement rédiger et éditer un fascicule des statuts précisant les buts et le fonctionnement du syndicat. Une fois l'accomplissement de ce crucial passage à l'acte écrit, la vie syndicale s'organise avec des variantes selon les syndicats et les confédérations. Par exemple, à ST-Eloy les mines, le syndicalisme au quotidien des militants cégétistes a bien été restitué. Les militants prennent part aux réunions mensuelles qui commencent par la lecture du procès verbal de la réunion précédente et se poursuivent par le compte rendu des actions réalisées, la lecture de circulaires de la Fédération ou de l'union départementale, l'examen des problèmes propres au bassin minier et une discussion sur les actions à venir. Par vote à bulletin secret ou à main levée, ils désignent leurs responsables : les membres du bureau du syndicat, les candidats CGT aux élections de délégué mineur et à celles du conseil d'administration de la Caisse de secours (...)
[...] Denoyelle et alii, Le Front populaire des photographes, Éditions Terre bleue Ludovic Zoretti, Professeur à la Faculté des sciences de Caen, secrétaire du syndicat de l'enseignement des deuxième et troisième degrés. Jean-Louis Dumas, Le syndicat des mineurs CGT du bassin de Saint-Éloy- les-Mines (Puy-de-Dôme), maîtrise Histoire, sous la direction de Jean Charles, Université de Besançon Archives des mineurs de Messeix déposées aux Archives départementales du Puy-de-Dôme pour la réalisation de l'exposition sur l'histoire du syndicalisme. Numéro spécial du Congrès de l'UD CGT de novembre 1960 (Archives Doussin). Sur les grèves en France, signalons deux ouvrages : S. [...]
[...] Dans les années 1970, le 1er Mai permet à la CFDT de légitimer son ancrage dans le mouvement ouvrier. Et si l'on s'interroge sur la persistance de cette journée mobilisatrice jusqu'au XXIe siècle, sans doute, faut-il l'associer au désir d'émancipation individuelle et collective qui irrigue la société française ! III/. Négocier Cherchant souvent à encadrer les mouvements contestataires, les syndicalistes leaders au sommet, secrétaires des unions départementales mais aussi des unions locales ou des sections d'entreprises - se retrouvent à la table des négociations. [...]
[...] Les années 1950 sont marquées par un approfondissement de la doctrine sociale chrétienne. L'originalité des prescriptions de lecture est cependant ailleurs. Elle réside dans cette incitation à la connaissance des autres doctrines comme en témoigne dès 1948 la prescription de livres portant sur le socialisme, le marxisme, et l'anarchisme. A partir des années 1960 et 1970, les thèmes de prédilection tournent autour de l'histoire du syndicalisme et de la CFTC/CFDT, de travaux sociologiques sur les transformations de la classe ouvrière et sur les militants, enfin d'ouvrages sur l'autogestion et la question féminine. [...]
[...] Elle participe à l'acquisition de compétences indispensables au militant : se documenter, argumenter, écrire des discours et des tracts. Elle est aussi au centre de la formation syndicale de la CFTC à travers des journées d'études, des cercles d'études, les ENO (écoles normales ouvrières) à l'échelle locale et régionale, et au centre d'éducation ouvrière de Bierville au sommet. IX/. La lecture et la formation doctrinale liée à la stratégie de la confédération Dans le cadre de la formation des deux centrales syndicales, la lecture est conçue comme une arme idéologique dans la mesure où le support écrit est vecteur d'appropriation de la doctrine. [...]
[...] Dans ce cadre, quelques auteurs classiques sont reconnus, soit qu'ils aient œuvré à une prise de conscience, soit qu'ils aient participé au combat du mouvement ouvrier (J. Vallès, V. Hugo, E. Zola .). Dans les années 1960, un autre grand combat s'engage : la CFDT et la CGT revendiquent le droit à la culture pour les travailleurs dans un autre projet de société ! Les syndicats ont donc participé au processus de démocratisation culturelle en favorisant l'accès à la culture pour les ouvriers. Or, des années 1950 aux années 1970, le livre est le principal support de la culture. [...]
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