L'évolution de la notion d'Etat à travers l'histoire des idées politiques

Résumé du document

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- Philosophiquement, l'Etat apparaît comme un « réducteur d'incertitudes », destiné à garantir la durée et la sûreté d'une communauté politique.

? L'appropriation de l'imperium (pouvoir de commander) par l'Etat est le sens de la théorie de la souveraineté développée par Bodin dans Les Six livres de la République en 1576
? Hobbes donne à l'Etat absolu du Léviathan (1651) son caractère essentiel de « réducteur d'incertitude », puisqu'il assure la sécurité intérieure et la paix extérieure grâce au pouvoir absolu qu'il reçoit des citoyens. Le droit de sûreté reconnu désormais aux citoyens leur permet d'échapper à « la guerre de tous contre tous »
? Pour Montesquieu, au contraire, cette conception absolutiste de l'Etat est de nature despotique. La souveraineté pour être maintenue doit être mixte, et le pouvoir séparé et équilibré. Il prend pour exemple la Constitution anglaise issue de la Glorieuse Révolution (1688).

- Après la Révolution française, l'Etat revêt une nouvelle dimension philosophique avec le dépassement du débat entre pouvoir absolu qui protège ses sujets, et organisation technique du gouvernement représentatif permettant la reconnaissance de la liberté.

Cette nouvelle dimension fait de lui un « producteur d'universel » au nom de son rôle d'unification de la société - ce que Rousseau avait annoncé à travers les notions de « souveraineté populaire », et « volonté générale » dans le Contrat social (1762).

L'Etat doit désormais non plus seulement garantir l'aspiration à la liberté, mais également réaliser l'égalité. Son rôle est de créer le lien social entre les individus tous à la fois libres, égaux, et différents. Au début du XIXéme siècle, Hegel donne à cette nouvelle dimension de l'Etat, sa forme canonique (...)

Extraits

[...] Ordre bureaucratique et risque totalitaire : Selon Max Weber, pour qui l'Etat détient le monopole de la violence légitime l'Etat moderne met en œuvre les règles universelles du droit à travers l'administration bureaucratique : forme pratique de la domination légale rationnelle. La norme légal rationnelle représente l'ensemble des règles de droit d'une société. On obéit alors à un ordre immanent, impersonnel, et universel. C'est une norme mise en œuvre par toute une administration bureaucratique (ex.hôpital, entreprise . Au XXéme siècle, le phénomène totalitaire tel que le décrit Hannah Arendt confirme la conception légale rationnelle de l'Etat, en développant à l'extrême le contrôle bureaucratique et la mainmise sur les consciences. IV. [...]

[...] Le monopole de la contrainte légitime : Historiquement, le pouvoir de l'Etat s'est constitué contre d'autres pouvoirs : celui de l'Eglise (lien temporel-spirituel) celui des pouvoirs féodaux Le pouvoir a été le même partout en Europe. Il a consisté à : la monopolisation des ressources fiscales (impôt d'Etat) la monopolisation des ressources militaires L'Etat parvient ainsi au monopole de la violence légitime lorsqu'il n'est plus contesté par une autre autorité sur un territoire donné : c'est le cas en France sous le règne de Louis XIV (1661-1715) : La noblesse est peu à peu soumise au Roi qui distribue seul charges et offices Eglise catholique ne conteste plus l'autorité du Roi (elle reconnaît la monarchie de droit divin contre le fait d'être la seule religion reconnue : élimination des contestations internes, à l'instar des Jansénistes dans les années 1660, dragonnades dans les années 1680, révocation de l'édit de Nantes en 1685. [...]

[...] La France a ainsi connu à la fois une Révolution libérale, celle des droits de 1789, mais également démocratique, au sens de l'égalisation des conditions selon Tocqueville. C'est cette particularité qui a déterminé en France l'interventionnisme de l'Etat dans de nombreux domaines de la vie sociale : organisation politique du territoire (ex. création révolutionnaire du département) abolition des privilèges éducation V. L'Etat-providence : -Dans cette perspective d'Etat instituteur du social le phénomène le plus significatif reste l'émergence de l'Etat-providence. L'Etat va intervenir pour limiter les effets sociaux de la Révolution industrielle. [...]

[...] La révolution keynésienne, qui formule l'intervention de l'Etat dans l'économie vient légitimer l'Etat-providence. La légitimité de l'intervention de l'Etat est validée par les Trente Glorieuses qui permettent aux pays occidentaux de connaître une phase de croissance économique et d'amélioration des conditions sociales. -La crise économique des années 1970 entraîne une crise des finances publiques, ainsi qu'un chômage de masse, la précarité, et l'exclusion sociale. A cette crise économique, s'ajoute une crise idéologique de l'Etat- providence rendu responsable de la crise sociale par l'inefficacité de sa politique égalitariste. [...]

[...] Son rôle est de créer le lien social entre les individus tous à la fois libres, égaux, et différents. Au début du XIXéme siècle, Hegel donne à cette nouvelle dimension de l'Etat, sa forme canonique : L'Etat est l'Idée universelle, la vie spirituelle universelle. Du fait qu'il y sont nés, les individus se trouvent envers lui dans un rapport de confiance et d'accoutumance : La Raison dans l'Histoire, (1822-1828). L'intérêt commun (général) transcende les intérêts différenciés (particuliers) qui s'opposent dans la société civile. [...]