Afrique subsaharienne, décolonisation, après-guerre, Seconde guerre mondiale, Afrique anglophone, panafricanisme, conférence de Bandung, indépendance du Ghana, puissance britannique, crise de Suez
À la veille de la Seconde Guerre mondiale, l'Afrique subsaharienne sous domination britannique était en pleine transformation. Les changements sociaux alimentaient la montée des contestations anticoloniales, tandis que les officiels britanniques eux-mêmes prônaient l'évolution de l'empire. Ils ne l'envisageaient cependant qu'à long terme pour les colonies africaines, jugées immatures.
Les années d'après-guerre allaient bouleverser leurs prévisions : elles consacrèrent l'accélération rapide du processus d'émancipation au sud du Sahara, et débouchèrent en moins de trente ans sur le désengagement complet des Britanniques de la région. Quels furent les facteurs, les étapes et les modalités de ce désengagement impérial ? Le cours envisagera les dimensions tant africaines qu'européennes et internationales de ce "temps fort" de la décolonisation.
[...] Le politicien conservateur Harold Macmillan (1894-1986), incarna ce revirement : d'abord défenseur de l'empire, puis réformateur prudent, il finit, lorsqu'il fut Premier Ministre (1957-1963) par prendre clairement position en faveur de l'émancipation africaine : son célèbre discours appelant à accepter le "vent du changement" en Afrique (1960) annonçait une vague d'indépendances dans plusieurs ex-territoires britanniques : le Nigeria (1960), la Sierra Leone et la Tanzanie (1961), l'Ouganda (1962) et le Kenya (1963) accédèrent à la souveraineté internationale sous la mandature d'Harold Macmillan. III- Les conditions du désengagement Après les facteurs du renoncement à l'empire, il reste à analyser les modalités et les étapes du désengagement britannique de l'Afrique subsaharienne. Sa spécificité tint à l'élaboration d'un programme-cadre de décolonisation, sans équivalent chez les autres puissances coloniales européennes. [...]
[...] En 1948, le retrait britannique de la Palestine s'était déroulé dans un climat de grande violence entre communautés juive et musulmane. Dans les deux cas, les Britanniques n'avaient pas su gérer une situation explosive. De ces douloureuses expériences de décolonisation2, ils allaient tirer la leçon pour l'Afrique : tout faire pour décoloniser en gardant le contrôle des événements, en évitant les ruptures trop brutales et la perte d'influence totale. Cette position devint impérative après la crise de Suez, qui constitua un grave revers pour la puissance britannique. [...]
[...] Le schéma britannique d'émancipation consista à y faire entrer des Africains en nombre croissant, et à les transformer en organes élus. A l'issue du processus, le Conseil législatif devenait une Assemblée nationale, et le Conseil Exécutif un cabinet ministériel dirigé par un Premier Ministre africain. Le processus était ponctué, à chaque modification institutionnelle d'importance, par l'établissement d'une Constitution, généralement préparée par des Commissions d'enquêtes sur le terrain. L'évolution institutionnelle des colonies britanniques : schéma théorique Ce schéma théorique était censé déboucher sur la mise en place d'organes représentatifs et démocratiques inspirés du modèle britannique. [...]
[...] Le Colonial Office craignit alors que l'exemple sud-africain n'influence les Blancs de l'Afrique orientale et centrale. Il renonça donc à la doctrine de paramountcy, jugée trop provocatrice, pour prôner désormais une politique de partnership (partenariat, coopération) entre les races. L'idée était de favoriser le développement de sociétés multiraciales, pour conjurer le risque de guerre des races tel qu'il s'était développé en Afrique du Sud : pour cela, l'Angleterre se faisait fort d'imposer une répartition équilibrée du pouvoir local entre les communautés raciales. [...]
[...] Ce message fut important pour les militants d'Afrique subsaharienne, qui trouvèrent ainsi chez leurs homologues d'Afrique du Nord et d'Asie un stimulant politique et une légitimité idéologique renforcée. L'autre événement marquant des années Cinquante fut, pour les Africains politisés, l'accès à l'indépendance du Ghana mars 1957). Son avènement, considéré comme une première au sud du Sahara, eut un retentissement considérable et suscita une vague d'enthousiasme dans les territoires sous domination coloniale, notamment anglophones. Du nord au sud de l'Afrique britannique, il alimenta l'espoir d'une abolition possible, à brève échéance, du régime colonial. [...]
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