La démocratie libérale, à l'aube du XXème siècle, est solidement implantée au Royaume-Uni et en Suisse, et a achevé sa consolidation en France. Fondée sur la liberté idéologique, économique et politique, elle a triomphé de l'aristocratie, du clergé et des pressions exercées par les monarchies européennes. L'Europe, entendue comme l'appendice Ouest de l'Asie, du Royaume-Uni à l'Oural, de la Norvège à Gibraltar, est à l'« ère des Empires » encore majoritairement dominée par des régimes autoritaires.
A la fin du siècle, la démocratie libérale couvre l'Europe entière (exception faite de la Biélorussie, « dernière dictature d'Europe », et de la Russie dans une moindre mesure). « Le continent des ténèbres » (Mark Mazower) est pourtant au XXème siècle le lieu des deux guerres les plus meurtrières de l'Histoire, d'un conflit mettant aux prises les deux plus grandes puissances mondiales, et de combats plus locaux mais néanmoins d'une grande violence.
Comment ce régime réputé des plus lourds sous l'état de guerre, des plus fragiles face aux violences, est-il parvenu à s'imposer par vagues successives aux guerres qui l'ont opposé aux autoritarismes ?
La première guerre mondiale marque la victoire des démocraties sur les empires centraux qu'elles avaient combattus et la réorganisation de l'Europe sous la double férule de la paix et de la démocratie. Elle sème cependant les germes d'autoritarismes sans précédent.
A l'exception de l'Angleterre, les vieilles démocraties d'Europe ne survivent pas aux invasions de l'Axe. Les velléités démocratiques des peuple dominés n'en sont paradoxalement que renforcées. La victoire des Alliés est aussi celle de la démocratie, qui s'impose en Europe occidentale face aux dictatures discréditées.
Les démocraties libérales d'Europe s'inscrivent cependant dans une logique de guerre (froide) contre les autoritarismes masqués des démocraties populaires, et tentent en conséquence à la fois de s'unir et de se consolider.
[...] Les démocraties libérales s'organisent en conséquence, s'allient, se renforce. On peut même se demander si le rôle de l'épouvantail soviétique n'a pas eu un rôle capital dans la construction démocratique européenne : celui d'un ciment européen et transatlantique. A la chute de l'URSS, l'Union européenne a pu remplir le rôle que ses créateurs voulaient lui donner. Elle promeut pacifiquement la paix et le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes, par élargissements successifs dont la seule frontière est celle de la démocratie. [...]
[...] Soucieux d'obtenir la victoire à tout prix il fait arrêter les pacifistes (même parmi les députés), et use souvent d'artifices législatifs pour contourner ou forcer le vote du Conseil. En Angleterre, le War Cabinet de Lloyd Georges utilise les mêmes méthodes. Le souci démocratique est ainsi mis entre parenthèses afin d'obtenir l'unité et la rapidité nécessaires à la victoire. Elle a ainsi pu résister à la guerre en forçant la cohésion nationale à l'aide de méthodes paradoxalement anti-démocratiques. L'Europe du traité de Versailles semble redessinée en faveur de la démocratie libérale. Au sein des pays vainqueurs, la maturité démocratique des populations permet d'éviter une dérive totalitaire. [...]
[...] La guerre froide a ainsi renforcé la cohésion européenne des démocraties libérales, leur atlantisme, parfois même aux prix d'entorses à la démocratie. La situation n'évolue plus guère jusqu'à la chute du mur en novembre 1989. Celle-ci constitue la dernière vague démocratique européenne. Elle s'ouvre sur une première guerre dans les Balkans. La Serbie tente en 1991 de maintenir la Yougoslavie unie sous sa coupe. Les républiques croate (1991), slovène (1991) et bosniaque (1992) proclament leur indépendance mais doivent affronter l'armée serbe, sur fond de conflit religieux. [...]
[...] Les soldats français partent à la guerre, sinon enthousiastes, au moins convaincus qu'ils défendent la République et la démocratie. En Angleterre, l'exaspération anti-allemande touche en particulier la bourgeoisie commerçante et les maisons de négoces, agacées de perdre leurs parts de marché au profit des négociants prussiens. La population et la Chambre des Communes sont plus réticentes à engager une guerre meurtrière sur le continent. Il faut l'invasion de la petite sœur belge début août 1914 pour renverser l'opinion, grouper les partis derrière une Union Nationale et pour qu'enfin l'Angleterre déclare la guerre à l'Allemagne. [...]
[...] La démocratie libérale s'est implantée en un siècle sur le continent qui a été le plus souvent en guerre au cours du XXème. La Première guerre mondiale a installé en Europe des régimes démocratiques mais fragiles économiquement et politiquement. La léthargie des puissances occidentales face à la montée des totalitarismes a fait le reste, et seule le Royaume Uni a survécu à la déferlante nazie. Mais ces régimes violents ne sont parvenus paradoxalement, qu'à promouvoir les libertés démocratiques. La libération en 1945 auréole de gloire les vainqueurs du nazisme : l'Ouest, les américains et la démocratie libérale ; à l'Est, le modèle communiste des démocraties populaires. [...]
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