La révolte de Lyon contre la Convention au cours de l'année 1793 est assimilée au mouvement fédéraliste bien qu'il faille se méfier de ce terme : il s'agissait en effet moins de faire sécession de la République que de refuser une Convention réduite à la Montagne après les journées des 31 mai et 2 juin 1793 à Paris. Cependant cette révolte contre la politique de la Convention est vite assimilée par cette dernière à la Contre-Révolution. Il s'agit dès lors d'écraser le mouvement le plus rapidement possible, d'autant plus que la République est en péril : depuis le début du mois de février, elle doit faire face à une coalition regroupant toute l'Europe après la mort du roi et qui lui inflige plusieurs défaites, tandis que sur le plan intérieur, l'Ouest se soulève à partir de mars 1793 contre la levée décrétée par la Convention. Celle-ci se sent prise en tenaille et redoute le complot, à savoir une coalition des forces intérieures et extérieures qui lui résistent. De plus, elle doit également faire face à la dégradation de la situation économique et répondre à la pression des sans-culottes qui la soutiennent. Les 4 et 5 septembre sont prises les lois instaurant la Terreur et confiant des pouvoirs extraordinaires au Comité de Salut Public afin de faire face à la situation. Pour reprendre le contrôle des départements, la Convention y envoie des représentants du peuple en mission, qui ont toute latitude pour agir, les arrêtés qu'ils prennent ayant valeur de loi sauf s'ils sont dénoncés par la Convention.
Sur le plan religieux, depuis le début de l'automne 1793, on constate des initiatives locales et populaires contre la religion, particulièrement dans la région parisienne, mais aussi une action volontariste de certains représentants en mission qui dépassent les souhaits de la Convention.
C'est dans ce contexte de radicalisation des conflits et du début de la vague déchristianisatrice qu'est pris l'arrêté du 26 brumaire an II (16 novembre 1793).
En quoi cet arrêté met-il en évidence les spécificités de la déchristianisation à Lyon en octobre 1793 ? Nous allons tout d'abord voir que cet arrêté a été pris dans un contexte particulier qui peut expliquer la violence du ton, avant de montrer qu'il met en lumière les deux aspects de la déchristianisation : la destruction du culte catholique et son remplacement par un culte civique.
[...] Elles proclament la nullité des actes de la Convention depuis l'élimination des Girondins. Les représentants en mission commencent à donner l'image d'une ville dirigée par la Contre-Révolution. Le 12 juillet, la Convention prend des décrets contre Lyon et lève une armée par peur d'une jonction des Lyonnais avec Les Piémontais et Toulon. Avec l'exécution le Chalier le 16 juillet, la ville est définitivement placée dans le camp de la Contre-Révolution, d'autant plus qu'elle forme une armée dont le commandement est confié au général royaliste Précy. [...]
[...] L'accusation de débauche est également un lieu commun qui existe dans la culture populaire dès avant la Révolution, bien qu'elle ait été alors essentiellement appliquée aux réguliers : elle est ici généralisée à l'ensemble du clergé. Mais plus grave est l'accusation de célibat à un moment où les autorités encouragent la natalité du fait de la guerre. Les prêtres sont également désignés comme “traîtres”. Il s'agit d'une accusation qui était à l'origine portée contre les réfractaires, à partir de la fuite du roi à Varennes en 1791, réitérée avec le déclenchement de la guerre et les premières défaites. [...]
[...] Il s'agit peut-être d'une référence à la modification des comportements face à la religion qui a été observée dans la seconde moitié du XVIIIè siècle. Quoiqu'il en soit, il faut donc supprimer les “colifichets sacrés” (l.65) et le faste du culte et [les] monuments apparents de la superstition” (l.81-82) : un vocabulaire extrêmement péjoratif est ici employé à dessein pour montrer que les objets et lieux de culte ne sont pas véritablement sacrés mais ne servent en définitive qu'à flatter l'orgueil dont fait preuve l'Eglise. [...]
[...] Nous venons de voir la spécificité du cadre lyonnais qui a conduit à une application tardive du “programme” montagnard. Il ne s'agit pas seulement d'instaurer le gouvernement révolutionnaire dans la ville mais aussi de la punir pour son soulèvement contre la Convention. C'est dans ce cadre qu'a lieu une attaque frontale contre la religion catholique, dans une ville qui a de surcroît la réputation d'être une ville blanche. Elle comporte deux aspects complémentaires : la lutte contre la religion et la construction simultanée d'un nouveau cadre de référence. [...]
[...] Finalement, la ville tombe le 9 octobre. Vient alors le moment de la répression : le 12 octobre (21 vendémiaire an la Convention prend un décret qui affirme “Lyon n'est plus”. La ville doit être rasée et rebaptisée “Ville Affranchie” (ligne 5 et dernière ligne du texte) Le gouvernement révolutionnaire et la répression La reddition de Lyon permet également la mise en place du gouvernement révolutionnaire et des mesures d'exception qui ont été refusées par la municipalité modérée. Les institutions existantes sont “régénérées” (l.25) c'est-à-dire épurées et dirigées par des “patriotes purs et éprouvés” (l.19- 20) ou autrement dit des sans-culottes et complétées par les institutions de la Terreur. [...]
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