De 1870 au début des années 1920, la culture ouvrière se constitue, à la fois en crise du fait de la difficile entrée dans le monde industriel, mais cristallisant toujours les effets sociaux d'une condition misérable. Des années 1920 au début des années 1950, la culture ouvrière oscille entre une cohérence accrue autour d'une lutte pour l'amélioration des conditions, et une fragmentation en raison d'un double apport, l'immigration et l'entrée dans la société de consommation.
Ainsi, du milieu des années 1950 à nos jours, il s'agit de parler des cultures ouvrières : la culture ouvrière est face à une impasse, celle d'une identité collective déstructurée par la fragmentation sociologique du monde du travail, et un individualisme croissant, d'une certaine manière purs produits de la crise. En cela la culture ouvrière tend, à la fin de la période, à se dissoudre en désamorçant un séparatisme ouvrier, si prégnant dans la première moitié du siècle.
Étudier "la culture ouvrière en France depuis 1870", c'est voir en quoi la condition ouvrière, en tant qu'elle est plurielle et évolutive, vient chercher son unité, sa difficile cohésion –et par-là une identité collective– dans une culture ouvrière, une culture de classe en quelque sorte, et ce, en évitant de sombrer dans le populisme ou dans le misérabilisme culturel.
[...] Les habitations populaires sont insuffisantes, d'où un renchérissement des loyers. Ainsi, la loi de 1894 crée les Habitations Bon Marché (HBM). -Ce qui domine à cette époque, dans les représentations ouvrières, c'est le sentiment de précarité, les difficultés nombreuses (maladie, accidents du travail). Sortir de la condition ouvrière est complexe : nécessite un investissement lourd ; en résulte une forte endogamie sociale. A noter l'existence de coopératives ouvrières (ex. : la Bellevilloise de Paris membres en 1912), caisses de secours mutuel : la solidarité intraclassiste tente de pallier ce malaise latent des ouvriers. [...]
[...] -Faiblesse des dépenses culturelles : les ouvriers évoluent dans une économie de subsistance. Il s'agit de compenser la dureté de la condition (épicurisme ouvrier). Importance des relations de voisinage ; les lieux de rencontre sont la rue, la boutique, le lavoir pour les femmes, la classe pour les enfants. Ainsi, les principaux loisirs et lieux de sociabilité des ouvriers sont : les cafés-concerts, les fêtes de rue (ex. : les guinguettes des bords de Marne, à Nogent). . mais des inégalités entre les conditions, qui supposent une différence de pratiques culturelles à l'intérieur du monde ouvrier -Les artisans. [...]
[...] Le niveau de vie des ouvriers triple en moyenne, la protection sociale s'étend. Un exemple : des ouvriers ont une automobile en en 1975. De même, les ouvriers regardent la télévision 14,6 heures par semaine, en moyenne. Au total, on peut conclure à un enracinement de la classe ouvrière dans la société française, qui se traduit par une fusion des pratiques culturelles ouvrières et celles des autres groupes sociaux. Une nouvelle culture ouvrière ? La lente désagrégation du groupe partir des années 1960, commence une crise d'identité collective. [...]
[...] Exemple : Saint- Nazaire ouvriers grévistes début 1936. Mythologies du Front populaire et cristallisation, une puissante cohérence de la culture ouvrière : le prolétariat industriel entre dans l'histoire (de France) -Mobilisation massive de juin 1936 grèves de la joie Simone Weil, La Révolution prolétarienne) : 2,4 millions de travailleurs bloquent la production. En résulte un nivellement de la hiérarchie ouvrière (Edouard Dolléans), s'exprimant à travers des aspirations à la qualification, à la sécurité professionnelle (cf les accords de Matignon qui généralisent les conventions collectives, etc.). [...]
[...] Et le problème, en France, c'est que la classe ouvrière ne s'est jamais formée de manière claire et précise. Ainsi, tout au long du XXe siècle, la culture ouvrière oscille entre contre- culture, culture de classe - exhibant alors un séparatisme - et culture dissoute dans la culture dominante. L'enjeu est donc foncièrement identitaire. En effet, la question de fond posée par l'étude de la culture ouvrière en France depuis 1870 est celle des capacités, pour la culture d'une classe sociale dont l'homogénéité ne va pas de soi, de constituer un refuge identitaire ; un ensemble de repères, en somme, permettant à l'ouvrier de prendre conscience du fait qu'il est ouvrier. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture