La guerre civile constitue une période que l'historiographie étudie isolément, même si elle se rattache à l'histoire de la IIe République espagnole proclamée en avril 1931. C'est qu'en fait cet épisode représente une rupture fondamentale dans l'histoire politique de l'Espagne contemporaine, marquant la fin, l'échec de l'expérience démocratique qui a débuté en 1931 et correspondant à l'inverse à l'acte de naissance du futur régime franquiste, qui officiellement débute en 1939 mais dont les fondements ont été posés dès 1936.
La guerre civile ne représente pas pour autant une simple confrontation hispano-espagnole et l'intérêt du cas espagnol est double :
Cet épisode occupe en premier lieu une place centrale dans l'histoire de l'Europe de la fin des années 30 : cette guerre éminemment idéologique a été vécue en effet par les contemporains comme la lutte menée au nom de la liberté contre le fascisme. Elle a revêtu une dimension internationale du fait de l'appui qu'apportent aux deux camps en présence un certain nombre de puissances européennes. Guerre civile pour les Espagnols, ce conflit est d'ailleurs désigné pour le reste de l'Europe et du monde comme guerre d'Espagne et a pu être présentée a posteriori par l'historiographie comme une répétition de la Seconde Guerre mondiale, une sorte de « guerre mondiale en miniature » (Hugh Thomas, La guerre d'Espagne, Robert Laffont, 1985). La guerre d'Espagne n'intéresse donc pas les seuls Espagnols et la défaite des Républicains face aux nationalistes en mars 1939 est le prélude de la défaite des démocraties face aux puissances de l'Axe (...)
[...] Puis l'Espagne républicaine se remet au travail rapidement ; pour remplacer les hommes partis au front, les femmes se mobilisent : dans les campagnes, au travail des champs, mais aussi dans les usines, dans les hôpitaux où elles s'enrôlent comme infirmières ; alors qu'au début de la guerre, elles s'engagent comme miliciennes, rapidement toutefois on les cantonne à l'arrière (octobre 1936); si elles sont épargnées ainsi par les horreurs du front, elles souffrent toutefois comme l'ensemble de la population civile des bombardements ; ce sont elles qui sont confrontées en premier lieu aux problèmes du rationnement alimentaire et qui assument les problèmes matériels du foyer. Certaines d'entre elles militent dans des partis politiques : regroupement des femmes antifascistes créé par le PCE, Mujeres libres de tendance anarchiste. Les femmes jouent également un rôle actif au sein des organismes sociaux mis en place de part et d'autre. Ces organismes dépendent côté nationaliste du Service national de la Bienfaisance et des Oeuvres. [...]
[...] Dans cette guerre avant tout idéologique, chacun des deux camps utilisent des moyens modernes de propagande. La presse, la radio (avec notamment la station Union Radio Madrid), le cinéma sont sollicités. La zone républicaine, qui correspond aux débuts de la guerre à l'Espagne urbanisée et industrialisée, concentre l'essentiel des moyens de communication dont le pays dispose. Les titres de la presse de droite (le quotidien monarchiste ABC par exemple) sont rapidement saisis et contrôlés par les partis du Front populaire. [...]
[...] ; le deuil est par ailleurs interdit aux membres de la famille. Côté nationaliste c'est l'armée elle-même qui s'en charge, les membres de la Garde civile mais aussi les carlistes et les phalangistes. L'Eglise intervient parfois avant les derniers instants pour recueillir les confessions. Côté républicain, ce sont les militants des partis politiques (anarchistes de la CNT-FAI, socialistes, communistes ) qui épurent ainsi la zone qu'ils contrôlent des éléments fascistes. Ces militants proviennent souvent des villages voisins, comptant sur la collaboration de la population locale pour désigner les traîtres. [...]
[...] Le combat héroïque de ces hommes qui préfigure l'action des mouvements de résistance à l'occupation nazie a été largement mythifié à travers les témoignages littéraires auxquels il a donné lieu, depuis l'Hommage à la Catalogne d'Orwell, jusqu'à L'espoir de Malraux en passant par l'œuvre d'Hemingway. Au fur et à mesure que la guerre se poursuit, chacun des deux camps se dote d'institutions nouvelles sur le plan politique. Si la guerre se gagne avant tout sur le terrain, elle passe aussi par l'organisation des pouvoirs, le contrôle de la société et des moyens de propagande. L'organisation des pouvoirs Côté nationaliste, la coalition est progressivement unifiée sous la houlette de Franco. [...]
[...] L'incorporation au sein de cette armée au printemps 38 de la quinta (classe) del biberón (classe du biberon) (soldats nés en 1921, âgés de 17 ans) témoigne du caractère désespéré de la situation, la République étant alors aux abois. On sait que les combats dans lesquels s'est engagée cette armée a donné lieu à quelques unes des plus belles photographies issues du reportage de guerre, scènes qui ont été immortalisées par Capa notamment. Ce peuple de combattants ne lutte toutefois pas uniquement sur le front. À l'arrière aussi, la mobilisation est intense[1]. Elle répond tout d'abord à l'effort de guerre qui implique une mobilisation économique de grande ampleur. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture