Les Alliances et systèmes d'alliances en Europe entre 1870 et 1914

Résumé du document

Avec le Congrès de Vienne (9 juin 1815) les puissances européennes prennent conscience de la nécessité d'établir un équilibre entre nations, afin d'assurer une certaine stabilité politique en Europe et de ne pas connaître à nouveau une situation de conflit généralisé, comme cela avait pu être le cas durant les guerres napoléoniennes. Mais cette stabilité, résultat de compromis et de concertations entre les puissances victorieuses s'estimant garantes de l'ordre européen (principe du balance of power), va être mise à mal par l'avènement de l'Allemagne comme État et puissance hégémonique à partir des années 1870.

[...] Le non-renouvellement du traité de Contre-Assurance (juin 1890) pousse la Russie à se rapprocher de la France afin de ne pas se retrouver isolée à son tour. Alexandre III, d'abord réticent à contracter une alliance militaire avec la France, va finalement se laisser convaincre lorsqu'a lieu en mai 1891 le renouvellement anticipé de la Triplice. Le 17 août 1892 est donc signée une convention militaire franco-russe, ratifiée par le tsar le 27 décembre 1893 et par le gouvernement français le 4 janvier 1894. La convention, qui devait rester secrète, prévoyait :
- une alliance militaire défensive en cas d'agression d'un des pays de la Triplice
- la mobilisation générale dans les deux pays en cas de mobilisation, même partielle, d'une des forces de la Triple-Alliance.

À partir de 1896 s'amorce un rapprochement entre l'Italie et la France qui aboutit, en juin 1902, à l'établissement d'un accord secret liant les deux pays qui stipule notamment que l'Italie gardera une stricte neutralité en cas de conflit franco-allemand, et ce quel que soit l'instigateur de ce conflit.
Avec l'accord franco-russe prend donc fin le système mis en place par Bismarck vingt ans auparavant, l'isolement français est enfin rompu et on assiste au rétablissement d'un équilibre européen mettant fin à l'hégémonie allemande (...)

Extraits

[...] De 1871 à 1873 Bismarck négocie avec les puissances continentales (austro- hongroise et russe) une alliance destinée à maintenir le statu quo européen. Ces négociations aboutissent en 1872-1873 à l'Entente des Trois Empereurs entre Guillaume Ier (empereur d'Allemagne), François-Joseph (empereur d'Autriche-Hongrie) et Alexandre II (empereur de Russie). Cet accord prévoit : une alliance défensive germano-russe une concertation entre les souverains russe et austro-hongrois en cas de menaces d'une tierce puissance une déclaration de guerre commune à la Ière Internationale (l'Association Internationale des Travailleurs a été créée en 1864 sous l'impulsion de K. [...]

[...] Ainsi, après l'attentat de Sarajevo le 28 juin 1914, chaque Etat répond aux décisions de ses rivaux,une mobilisation de troupes dans un pays entrainant une réaction analogue chez ses adversaires, une déclaration de guerre en entrainant d'autres en réponse : - 28 juillet : l'Autriche-Hongrie déclare la guerre à la Serbie ( 30 juillet : ordre de mobilisation générale en Russie ( 1er août : l'Allemagne déclare la guerre à la Russie / mobilisation en France ( 3 août : l'Allemagne déclare la guerre à la France ( 4 août : le Royaume-Uni déclare la guerre à l'Allemagne ( 6 août : l'Autriche-Hongrie déclare la guerre aux nations en guerre avec l'Allemagne ( En raison de ces systèmes d'alliances, ce sont finalement tout ces Etats qui se retrouvent entraînés dans une guerre dont l'enjeu premier -la suprématie dans les Balkans- n'aurait dû concerner que les seules Russie et Autriche-Hongrie, ouvrant ainsi la voie au premier conflit d'ampleur mondial de l'Histoire. Carte des alliances en Europe en 1914 Bibliographie Girault, René ; Frank, Robert, Histoire des relations internationales contemporaines. Tome 1 : Diplomatie européenne et impérialismes (1871- 1914), Paris, Masson p. 65-129, p. 151-169, p. [...]

[...] Le 17 août 1892 est donc signée une convention militaire franco-russe, ratifiée par le tsar le 27 décembre 1893 et par le gouvernement français le 4 janvier 1894. La convention, qui devait rester secrète, prévoyait : une alliance militaire défensive en cas d'agression d'un des pays de la Triplice la mobilisation générale dans les deux pays en cas de mobilisation, même partielle, d'une des forces de la Triple-Alliance. À partir de 1896 s'amorce un rapprochement entre l'Italie et la France qui aboutit, en juin 1902, à l'établissement d'un accord secret liant les deux pays qui stipule notamment que l'Italie gardera une stricte neutralité en cas de conflit franco-allemand, et ce quel que soit l'instigateur de ce conflit. [...]

[...] Second et troisième systèmes bismarckiens (1879-1890) La crise dans les Balkans a montré l'impossibilité de faire coexister officiellement dans le même réseau d'alliances l'Empire russe et la monarchie austro-hongroise. Bismarck, contraint de choisir entre les deux puissances, va opter pour l'Autriche-Hongrie comme base de son nouveau système diplomatique. - 7 octobre 1879 : traité signé entre l'Autriche-Hongrie et l'Allemagne (Duplice), qui prévoit : une alliance militaire en cas d'attaque d'une des deux puissances par la Russie la simple neutralité si l'agresseur est une autre puissance. [...]

[...] Plan : I La prépondérance allemande sur la scène européenne : mise en place des systèmes bismarckiens (1870-1890) II L'avènement de Guillaume II : vers un nouvel équilibre entre les puissances (1890-1914) I La prépondérance allemande sur la scène européenne : mise en place des systèmes bismarckiens (1870-1890) La proclamation de l'Empire allemand, le 18 janvier 1871, donne naissance à une nouvelle puissance considérable au cœur de l'Europe puissance démographique (42 millions d'habitants en 1871), économique et militaire qui domine de fait les relations internationales entre 1870 et 1890, et dont le principal acteur est le chancelier Otto von Bismarck (1815-1898). Ce dernier s'efforce, par le biais de systèmes d'alliances que l'on a coutume d'appeler les systèmes bismarckiens de maintenir un statu quo territorial favorable à son pays et d'isoler la France sur la scène internationale. [...]