Ces dernières années en France, un débat sur la colonisation a opposé historiens et politiciens sur la façon dont il fallait enseigner cet épisode de l'histoire. Cela montre l'importance que revêt la colonisation en France et plus largement en Europe. De même, les récents attentats de l'ETA, par exemple, montrent que le nationalisme est une question éminemment actuelle. Les enjeux de la colonisation et du nationalisme sont donc toujours d'actualité. La colonisation, qui correspond au processus expansionniste d'assujettissement d'un territoire par une nation étrangère, connaît plusieurs stades. Amorcée par l'Europe depuis les grandes découvertes du XVIème siècle, elle s'est progressivement poursuivie durant les deux siècles suivants, sous une forme mercantiliste et esclavagiste. Son ampleur est limitée durant la première moitié du XIXème siècle, deux pays seulement y participant : l'Angleterre et la France. Un bouleversement survient dès 1875 : un mouvement politique d'expansion, l'impérialisme colonial, porte de nombreuses puissances à étendre leurs domaines coloniaux ou à en constituer. Nous étudierons ce stade de la colonisation qui s'étend de 1875 à 1914, veille de la Première guerre mondiale, et qui concerne presque exclusivement les pays européens et leurs colonies. Or, cette période correspond également à la résurgence des nationalismes européens, le nationalisme étant une doctrine fondée sur l'exaltation de l'idée de Nation, communauté dont les membres sont unis par des liens ethniques, sociaux ou culturels. Cette coïncidence de date nous amène à nous interroger sur les liens entre colonisation et nationalisme, à nous demander si la colonisation est le stade suprême du nationalisme.
Doit-on voir dans la colonisation une nouvelle expression des nationalismes européens hors de leur champ clos pour se répandre sur la planète et s'y affronter, ou la colonisation est-elle au contraire indépendante de ce mouvement ? La colonisation porte-elle uniquement les caractères du nationalisme européen ou voit-elle l'émergence de nouveaux nationalismes ?
Nous constaterons tout d'abord que la conquête et l'exploitation des colonies sont l'expression du nationalisme européen, bien que le nationalisme ne soit pas la seule cause de la conquête et qu'il s'exprime autrement que par la colonisation. Puis, nous verrons que la colonisation voit le choc des nationalismes européens avec ceux, naissants, des colonies et qu'elle entraîne le choc des nationalismes européens entre eux, même si elle n'en est pas la seule explication.
[...] La colonisation, stade suprême du nationalisme ? Ces dernières années en France, un débat sur la colonisation a opposé historiens et politiciens sur la façon dont il fallait enseigner cet épisode de l'histoire. Cela montre l'importance que revêt la colonisation en France et plus largement en Europe. De même, les récents attentats de l'ETA, par exemple, montrent que le nationalisme est une question éminemment actuelle. Les enjeux de la colonisation et du nationalisme sont donc toujours d'actualité. La colonisation, qui correspond au processus expansionniste d'assujettissement d'un territoire par une nation étrangère, connaît plusieurs stades. [...]
[...] - 1912 : Association pour la restauration du Viêt-Nam organisée en Chine et attentats à la bombe à Hanoi et à Saigon. - 1913 : Le chef religieux Sayid en Somalie remporte une grande victoire sur les Anglais. Bibliographie ( Jean Claude CARON et Michel VERNUS, L'Europe au XIXe siècle : Des nations aux nationalismes 1815-1914, Armand Colin ( René REMOND, Introduction à l'histoire de notre temps le XIXe siècle 1815-1914, Seuil ( Serge BERSTEIN et Pierre MILZA, Histoire de l'Europe du XIXe au début du XXIe siècle, Hatier ( Serge BERSTEIN et Pierre MILZA, Histoire du XIXe siècle, Hatier ( René Girault, Peuples et nations d'Europe au XIXe siècle, Hachette ( Eric ANCEAU, Introduction au XIXe siècle, Tome 1 : 1815 à 1870, Belin ( David COLON, L'histoire du XIXe siècles en fiches, Ellipses ( MALET et ISAAC, Histoire 4 La naissance du monde moderne 1848-1914, Hachette, 1961. [...]
[...] En Allemagne, à la volonté de Bismarck de figer le statu quo continental pour permettre au Reich de consolider ses acquis, s'oppose un puissant courant expansionniste, le pangermanisme. Dès 1890, l'Empereur Guillaume II substitue à la volonté d'immobilisme du Chancelier de fer une volonté de participer au partage colonial en construisant une puissante flotte de guerre et en se lançant dans une politique mondiale profondément nationaliste, la Weltpolitik. Ainsi, la colonisation apparaît comme une théorie à l'appui des doctrines nationalistes. Cependant, au cours du XIXème siècle, le nationalisme est loin de s'être exprimé uniquement par la colonisation. [...]
[...] La colonisation porte-elle uniquement les caractères du nationalisme européen ou voit-elle l'émergence de nouveaux nationalismes ? Nous constaterons tout d'abord que la conquête et l'exploitation des colonies sont l'expression du nationalisme européen, bien que le nationalisme ne soit pas la seule cause de la conquête et qu'il s'exprime autrement que par la colonisation. Puis, nous verrons que la colonisation voit le choc des nationalismes européens avec ceux, naissants, des colonies et qu'elle entraîne le choc des nationalismes européens entre eux, même si elle n'en est pas la seule explication. [...]
[...] Ainsi, dès 1875, la conquête et l'exploitation des colonies reflètent le nationalisme européen et de la fin du XIXème siècle à 1914, la colonisation produit le choc des nationalismes européens avec ceux qui apparaissent dans les colonies et fait de l'Afrique la source de violents antagonismes entre les nationalismes européens. Dans la mesure où la colonisation n'est pas uniquement l'expression d'un nationalisme et où le nationalisme s'exprime autrement que par la colonisation, celle-ci ne correspond pas au stade suprême du nationalisme pris dans son ensemble. Néanmoins, elle correspond à un stade majeur du nationalisme. [...]
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