Le processus d'industrialisation s'accompagne de la redistribution de la population active : déclin du secteur primaire au profit de l'industrie, du commerce et des services. Par ailleurs, le développement de la concentration de l'activité productive, la crise des industries rurales ont des conséquences importantes sur les conditions de travail et le niveau de vie des ouvriers mais aussi sur les relations sociales qu'ils entretiennent avec les autres groupes sociaux.
Mais d'abord comment définir un ouvrier au XIXe siècle ? Les contemporains parlent de « classes ouvrières » ce qui souligne la diversité de ce groupe social. En théorie, un ouvrier est quelqu'un qui vit de sa force de travail, mais au XIXe siècle nombreux sont ceux qui ont plusieurs activités ou qui changent d'activité. Les ouvrier(ère)s modernes, i.e. travaillant dans une grande usine, sont rares et ils ne le restent généralement pas toute leur vie. Le monde ouvrier ce sont aussi les compagnon(ne)s, les chefs d'atelier et les travailleur(euse)s ruraux ou des services industriels.
Rendre compte de l'expérience ouvrière constitue un problème majeur pour l'historien car les témoignages sur la vie ouvrière sont rédigés par des membres d'autres groupes sociaux qui s'intéressent essentiellement à des thèmes comme la misère, l'alcoolisme ou l'agitation politique. Les rares travailleurs qui ont tenté de rendre compte de leur expérience appartiennent à l'élite ouvrière. Or l'expérience ouvrière est diverse car les ouvriers et les ouvrières travaillent dans des milieux économiques et sociaux très différents. Elle varie en fonction de la taille des établissements, de leur localisation, du type d'activité, de l'âge, du sexe, de la qualification, de la nationalité, de la conjoncture économique.
Cependant, par delà ces différences, une expérience commune de la précarité - du travail et au travail - mais aussi les luttes et les organisations collectives que développent une partie du monde ouvrier contribuent au développement d'un sentiment de classe.
I) La condition ouvrière
A. Les visages multiples du monde ouvrier
1) Un groupe minoritaire
Les statistiques concernant l'emploi ouvrier sont très incertaines et tendent à sous-estimer le poids réel de la population ouvrière (sous-enregistrement des femmes actives, des enfants et des travailleurs occasionnels, pluriactivité). Par ailleurs des travailleurs de secteurs autres que manufacturiers présentent des conditions s'apparentant à celles des ouvriers de l'industrie (les cheminots décomptés dans les transports). Malgré ses imperfections la mesure statistique de la population active offre un moyen de cerner le poids du monde ouvrier (...)
[...] Ainsi la période d'instabilité politique, d'affirmation de nouvelles aspirations et de relâchement de la répression policière après la Révolution de 1830 voit le premier pic de grèves. Un autre survient en 1840 puis en 1848. Inversement la répression du Second Empire rend compte de leur raréfaction entre 1851 et 1861. L'orientation plus libérale du régime et la prospérité expliquent la vague de 1869/70. Celles de 1875/76 et de 1890/93 encadrent la dépression des années 1880. La conjoncture pèse aussi sur les succès et les échecs. Ces derniers sont plus nombreux en période de ralentissement économique. [...]
[...] Mais d'abord comment définir un ouvrier au XIXe siècle ? Les contemporains parlent de classes ouvrières ce qui souligne la diversité de ce groupe social. En théorie, un ouvrier est quelqu'un qui vit de sa force de travail, mais au XIXe siècle nombreux sont ceux qui ont plusieurs activités ou qui changent d'activité. Les ouvrier(ère)s modernes, i.e. travaillant dans une grande usine, sont rares et ils ne le restent généralement pas toute leur vie. Le monde ouvrier ce sont aussi les compagnon(ne)s, les chefs d'atelier et les travailleur(euse)s ruraux ou des services industriels. [...]
[...] Les trois sources du monde ouvrier La diversité du monde ouvrier s'éclaire par la variété de ses origines. L'atelier et la petite industrie Le monde ouvrier se rencontre moins à l'usine que dans le petit atelier ou à domicile et dans les campagnes. Dans les grandes villes la classe ouvrière appartient aux milieux artisanaux et ces grandes villes sont d'importantes concentrations artisanales. L'industrialisation s'y réalise donc par accumulation successive de petits ateliers. Malgré la suppression des corporations durant la Révolution cette importance de la petite production artisanale va de pair avec la survivance de règles, de pratiques sociales et de rites professionnels comme le compagnonnage. [...]
[...] Les premières datent du Premier Empire. Nées de la solidarité ouvrière afin de faire face à la maladie, à la vieillesse ou à la mort (aide aux veuves) et reconnues par la loi, elles se sont parfois transformées en "caisses de résistance" lors de grèves. Des coopératives de production ou de consommation ont pu aussi jouer le même rôle. La révolution de 1830 a accéléré la prise de conscience des intérêts collectifs du monde ouvrier. Les années 1830 enregistrent des révoltes, des insurrections (dont celles de Lyon en 1831 et 1834), un essor des sociétés de secours mutuels et des caisses de résistance, des grèves et de la presse ouvrière (L'Atelier, L'Écho de la Fabrique . [...]
[...] La population rurale privée de ses ressources complémentaires doit choisir de manière irréversible entre l'agriculture ou l'industrie. L'exode rural est un des ces choix qui contribue à la forte progression de la population urbaine et à l'émergence de périphéries industrielles autour des grands centres. De surcroît, les progrès de la mécanisation et de la concentration de la production, même si cette dernière reste minoritaire, s'accompagnent de l'émergence d'une nouvelle forme d'usine, celle de la grande industrie, d'une réorganisation et d'une complexification du processus de production et de l'organisation. [...]
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