"Changer la vie" - la politique française de 1981 à 1986

Résumé du document

C'est l'entrée dans un terrain plein d'incertitudes, on n'a peut être pas assez travaillé sur cette période, à cause des archives. Le récit de Jean-Jacques Becker : "Crise et Alternance " sur la période est des plus intéressants. Ce n'est pas un travail d'archives mais une chronique, dont certaines des intuitions sont bonnes. Il comprend des choses qu'il ne peut pas encore prouver.

La date de 1981 marque une vraie césure dans l'histoire de la société française, dans la mesure où elle correspond à l'élection de François Mitterrand, candidat socialiste, à la présidence de la république: c'est la première fois que la gauche obtient une victoire électorale depuis 1958 et même au-delà. Jusqu'en 1986, la gauche est totalement maîtresse des pouvoirs. C'est un O.V.N.I. étonnant dans l'histoire de France. C'est la réalité d'une alternance politique, et non du régime, c'est un changement dans la continuité constitutionnelle.

Enfin, la France voit sa majorité sociologique correspondre à sa majorité politique. Est-ce que l'organisation des pouvoirs change ? Dans le paysage politique le jeu des partis change-t-il ? Le métier d'homme politique change-t-il vraiment ? Les programmes évoluent-ils ? Les mémoires de Mitterrand montrent une dent contre les soixante-huitards. Est-ce l'aboutissement politique du mouvement de 68 ?

Extraits

[...] On devient libre de faire ce que l'on veut. L'évolution est-elle au-delà du politique ? Le tournant de la rigueur. (Mars 1983) La rigueur et la disgrâce C'est la montée des mécontentements qui à partir de 1983 semble frapper tout d'un coup ce gouvernement. Il y a une série de revers électoraux qui monte une instabilité, comme aux cantonales. Les municipales de juin 1982 sont aussi une défaite, les villes de 1977 repassent à droite, Chirac prend Paris. Le 25 mars 1983, c'est le tournant à l'austérité de Delors, le mécontentement monte dans le pays jusqu'à parler d'un mai 68 de droite. [...]

[...] La montée du F.N. marque aussi la période, longtemps marginale, dès septembre 1983, il récupère de plus en plus de voix. C'est une forme de raidissement de l'état nation qui vire au nationalisme extrême. C'est un état qui n'a plus la capacité d'entretenir la cohésion dite nationale. La loi de juillet 1983¸on veut limiter les contrôles d'identité, on ne peut demander qu'aux étrangers leurs papiers n'importe quand : déli de faciès, la loi ne s'appliquera pas. [...]

[...] on fait jouer les vieilles cordes anticléricales pour mettre en minorité Rocard. Malgré ça, le 19 octobre 1980 Rocard annonce sa candidature, provoquant un mois après la candidature de Mitterrand. La règle des 500 signatures dans 30 départements différents verrouille l'appareil et empêche Alain Kriving et Le Pen de se présenter. Mais on a encore Laguiller, Georges Marchais, Brice Lalonde (écologiste) et Huguette Bouchardeau (P.S.U.). A droite V.G.E. va être le candidat de l'U.D.F. et va s'annoncer le 2 mars 1981 car il souhaiterait être l'homme providentiel car le conflit entre gaullistes et indépendants (U.D.F.) est à son maximum. [...]

[...] Aidé par Martine Aubry (La fille de Jacques Delors, une Enarque haut-fonctionnaire, engagée au P.S. déjà.) et met en place un arsenal législatif incroyable et toujours dans la foulée de 1936, c'est l'amélioration du droit syndical, on doit organiser des réunions, c'est l'apogée de la convention collective, apogée aussi de la négociation paritaire (ouvriers salariés / patronat sous la direction de l'état.). Moderniser la société On la poursuit autant qu'elle semble s'éloigner. Ces gens-là veulent moderniser, c'est du passé qui engage l'avenir. [...]

[...] Jacques Delors est à l'économie et aux finances et endosse la paternité de la rigueur en 1983. Le ministère a donc les moyens de changer la vie. La préoccupation : Sortir de la crise C'est une préoccupation conjoncturelle, c'est le sens du programme des 110 propositions, la plateforme de François Mitterrand, ce programme s'appelle Changer la vie depuis 1972, il a 10 ans déjà, créé dans le projet de programme commun de la gauche. Il est marqué par des hommes issus des années soixante-dix, la mesure phare est les nationalisations. [...]