Les deux conflits mondiaux semblent articuler l'histoire de l'Autriche au XXe siècle, et particulièrement l'histoire de son identité nationale. Il convient de débuter cette étude dès la fin de la Première guerre mondiale dans la mesure où l'Etat autrichien est créé sur le régime de la République. C'est aussi à ce moment que les Autrichiens, ou du moins les habitants de cet Etat, sont confrontés à un enjeu d'identité nationale, alors ténue. Tellement ténue que les Autrichiens s'affrontent à propos d'un éventuel rattachement à l'Allemagne, théorisé sous différentes formes selon les sensibilités politiques, mais qui de toute manière est un sujet de discorde nationale bien après l'Anschluss. Mais c'est aussi le rattachement à l'Allemagne qui, paradoxalement, permettra à l'Autriche de se trouver une identité à travers son passé et ses relations avec l'Europe et le bloc soviétique. Un passé controversé que la IIe République dès la fin de la Seconde guerre mondiale a cherché à occulter pour une meilleure réconciliation, mais qui permit également une revisite de ce passé. Une revisite du passé aux fortes implications politiques, nationales et internationales. Enfin la construction et l'affirmation de l'identité nationale autrichienne est passée pendant la seconde moitié du XXe siècle par une recherche d'indépendance et de neutralité, conciliable avec les volontés de chaque bloc, puis par une adhésion à l'Union européenne qui va dans ce sens malgré les craintes initiales.
[...] Elle amena les Autrichiens à se saisir de leur passé. En avril 1987 le département d'Etat de la justice américaine plaça Waldheim sur sa liste noire, ce qui amena le chancelier Vranitzky à dénoncer des accusations injustes En 1988, le cinquantenaire de l'Anschluss provoqua une prise de conscience chez les Autrichiens. Vranitzky et Waldheim reconnurent la complicité autrichienne dans le génocide envers les juifs. Il s'en suivit des débats publics, des conférences universitaires ainsi que des publications consacrées à la résistance et à la collaboration. [...]
[...] L'Autriche se trouva alors dans les années 1970 le seul Etat successeur à un régime totalitaire intégré à l'Occident. Notons que l'affirmation de l'indépendance autrichienne sur la scène internationale n'a rien de comparable à la position de pays qui s'affirmèrent comme non-alignés. Parallèlement aucune question ne venait plus remettre en cause l'existence de l'Autriche, que ce soit la question du retour de l'archiduc Otto de Habsbourg, la question du Tyrol méridional ou la question de la minorité slovène de Carinthie. [...]
[...] Malgré tout la fondation de la Seconde République fut marquée par une réconciliation entre Autrichiens, soucieux de ne pas sombrer à nouveau dans les tensions à l'origine de l'échec et de la chute de la Ie République. Aucune ligue paramilitaire ne réapparut. Les populistes, héritiers des chrétiens sociaux entreprirent une collaboration avec les socialistes. Les nationaux quant à eux cessèrent de jouer un rôle politique en raison de leur très large compromission avec les nazis. La réconciliation entre les sensibilités politiques s'accompagna ensuite d'une réconciliation, que les autorités voulurent rapide, avec les protagonistes de la collaboration avec les nazis. [...]
[...] Avec victimes dont juifs exterminés, les Autrichiens ont payé un lourd tribut. Comme souvent en Europe, le gouvernement de reconstruction de la Seconde République était mis au défi de faire table rase d'un lourd passé et de libérer le territoire de l'« occupation alliée réalisée grâce au traité d'Etat de 1955. Loin d'être maîtresse de son destin, l'Autriche cherchait néanmoins à être indépendante. Ce souhait pouvait paraître bien illusoire dans un contexte de Guerre Froide, d'autant que l'Autriche avait une position stratégique : la Basse-Autriche facilitant les communications entre la Tchécoslovaquie et la Hongrie, elle devenait un élément du glacis soviétique. [...]
[...] Bibliographie *Evan Bukey, Hitler's Austria : popular sentiment in the Nazi era, The University of North Carolina Press *Felix Kreissler, L'Autriche : brûlure de l'histoire. Brève histoire de l'Autriche, Publications de l'Université de Rouen *Du même auteur, La culture : une résistance subversive. L'exemple autrichien, Publications de l'Université de Rouen *Steven Beller, Vienne et les juifs 1867-1938, Nathan, 1991. [...]
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