L'Australie devient une colonie juste avant que les French Wars ne commencent, mais son vrai départ se produit en fait entre 1793 et 1815. On a pu dire que cet essor a été aussi peu affecté par les guerres que les héroïnes de Jane Austen, ce qui est inexact : elle l'a été encore nettement moins. Un des usages mineurs des treize colonies avant leur indépendance était de servir de terre d'exil aux criminels. A vrai dire, l'opinion américaine l'acceptait de moins en moins avant 1776 et, après la guerre, les forçats ne sont plus envoyés dans les colonies qui subsistent en Amérique du Nord. Le gouvernement britannique ne souhaitait pas par ailleurs investir dans de nouvelles prisons et garder les prisonniers dans des navires déclassés au large de la côte (les coques, les hulks) était considéré comme à la fois très sévère et finalement pas très sûr : ces bateaux étaient des foyers de criminalité et d'insécurité. Le voisinage en réclame la fermeture. Le gouvernement britannique décide donc d'utiliser les résultats des voyages d'exploration accomplis par James Cook dans le Pacifique entre 1768 et 1779. Cook avait compris que l'Australie était une île, dont les côtes étaient à certains endroits relativement fertiles. Elle constituait donc un lieu très adapté à l'envoi des criminels. Le gouvernement britannique est peut-être également intéressé par la possibilité d'obtenir du bois et des grands arbres pour les mâts dans les établissements du Pacifique, mais l'essentiel est bien la déportation des forçats.
La première flotte comporte 11 navires et un millier de forçats. Ce n'est pas le voyage le plus dur (dans des cas ultérieurs, le pourcentage de pertes parmi les forçats atteindra un tiers), mais ce n'est pas précisément une croisière. L'hygiène est naturellement totalement absente et les forçats croupissent au milieu de leur urine, de leurs excréments et de leurs vomissures. Il y a aussi des prisonnières, quelquefois accompagnées d'enfants, dont de fortes femmes, qui se montrent quelquefois belliqueuses, n'hésitant pas à prendre d'assaut les quartiers des marins (...)
[...] Il est considéré comme évident que la reine Victoria doit 8 Une colonie de peuplement : l'Australie, des origines à 1914 être le chef de l'Etat. Personne ne souhaite un président de la République. L'accord est également unanime sur le principe de la responsabilité ministérielle. Sur ces bases, les colonies établissent un système fédéral et démocratique. Au contraire des Canadiens qui n'aiment alors guère les Etats-Unis, les Australiens sont intéressés par le système américain. Ils veulent une chambre basse élue par la population et une chambre haute, dans laquelle tous les Etats australiens sont représentés à égalité (comme au sénat américain, mais avec des sénateurs choisis par les électeurs et non pas par les assemblées étatiques, ce qui était alors le cas aux Etats-Unis). [...]
[...] Au milieu du siècle, l'Australie parvient ainsi à fournir la moitié de l'ensemble des importations de laine du Royaume-Uni. L'expansion vers l'ouest et vers le nord (qui aboutit à la naissance en 1859 du Queensland, véritable frontière animée par des pionniers qui seront bientôt parmi les plus nationalistes des Australiens) se double d'une expansion outre-mer. vers la Nouvelle-Zélande. Vers la terre de Van Diemen où un établissement secondaire a été fondé en 1804. Cet établissement est alors un élément du système administratif des Nouvelles-Galles du Sud, mais une structure distincte est établie en 1825. [...]
[...] Celle-ci a une origine assez étrange. Elle est conçue en prison par un théoricien et pamphlétaire, Edward Wakefield. Selon lui, le système de colonisation consistant à laisser les colons pénétrer dans des territoires inoccupés risquait d'aboutir à une mise en valeur peu efficace. Mais ce risque est difficile à éviter si les propriétaires ne peuvent trouver une main-d'œuvre qu'ils puissent payer à un niveau de salaire susceptible de leur laisser un bénéfice. Wakefield en déduit que le gouvernement doit vendre les terres à un prix relativement élevé, afin d'utiliser le revenu qu'il tirera de cette vente pour faire venir des immigrants qui ne peuvent pas payer leur traversée et qui deviendront des travailleurs salariés à leur arrivée. [...]
[...] La multiplication des colonies. Si la colonie commence donc à se développer, la mise en place des institutions y pose quelques problèmes. Le modèle britannique (assemblée, jury) peut assez difficilement être établi pour une population majoritairement composée d'anciens forçats. L'acquittement prononcé par un jury d'anciens forçats n'aurait sans doute jamais été considéré comme entièrement convaincant et les prisonniers transportés avaient en outre souvent commis des crimes qui les privaient de leurs droits politiques. Dans ces conditions, jusqu'en 1823, le gouverneur des Nouvelles-Galles du Sud jouit de pouvoirs illimités, sauf bien sûr par les 5 Une colonie de peuplement : l'Australie, des origines à 1914 tribunaux qui peuvent l'empêcher de contrevenir à la loi britannique. [...]
[...] Cette méfiance est aggravée par la question douanière. Les Nouvelles-Galles du Sud reste fidèle au libre échange alors que le reste de l'Australie devient de plus en plus favorable au protectionnisme. Les Nouvelles-Galles du Sud exporte en effet des métaux et bénéficie du libre échange qui lui permet de maintenir les coûts de production à un faible niveau et donc de rester compétitive sur les marchés mondiaux. Ceci étant, l'unité australienne procure malgré tout des avantages à tous les Etats : un plus grand marché intérieur, un système de chemins de fer normalisés alors que l'écartement des voies ferrées était auparavant différent. [...]
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